Puissance économique et maritime depuis le XIIe siècle, La Rochelle commerce alors avec tous les pays protestants du Nord : Angleterre, Pays-Bas, Allemagne, villes de La Hanse.
En 1628, la prise de La Rochelle par les troupes de Louis XIII met fin à la suprématie protestante de la ville.
À la Révocation (1685) les Rochelais quittent massivement la ville. En 1802, on n’y compte plus qu’un millier de protestants.
La mémoire protestante reste très présente à La Rochelle : au Musée rochelais et dans un itinéraire à travers la ville.
Temple de l'Église réformée (2 rue Brave Rondeau)
Le temple actuel est l’ancienne église des Récollets que Louis XIII avait appelés à La Rochelle après le siège de 1628 et à qui il avait donné l’autorisation de s’installer dans la salle Saint-Michel, premier lieu du culte public des réformés rochelais en 1563.
Construite en 1691, l’église fut confisquée à la Révolution et vendue comme bien national. Achetée en 1793 par le sieur Ranson au nom des chefs de famille protestants de la ville, qui n’avaient plus de temple depuis 1685, elle servit encore de salle de réunion aux Amis de la Constitution avant d’être définitivement consacrée au culte réformé en 1798.
Au cours du XIXe siècle, des aménagements importants ont été apportés à l’intérieur de l’édifice : installation de bancs, changement d’emplacement de la chaire, mise en place de boiseries, achat d’un orgue…
Centre protestant (2 rue Brave Rondeau)
Bâtiments construits par la communauté réformée et la « Société de charité des dames protestantes » pour y établir au XIXe siècle une école et un « asile » (sorte de garderie) pour les jeunes enfants. Aujourd’hui ces locaux complètement rénovés abritent le presbytère et des salles de réunion sous le nom de Centre protestant.
Maison Jean Guiton (3 rue des Merciers)
Cette maison dont la façade a été refaite au XVIIIe siècle est celle de Jean Guiton, maire de La Rochelle pendant le Grand Siège de 1627-1628.
Jean Guiton appartient à une ancienne famille rochelaise dont plusieurs membres ont joué un rôle important comme son grand-père, Jacques, maire en 1575, après s’être distingué pendant le siège de 1573, ou son père, sieur de L’Houmeau, maire en 1587.
Jean Guiton, sieur de Repose-Pucelle (1584-1654), est nommé en 1621 amiral de la flotte rochelaise quand reprennent les troubles politiques et religieux. Après avoir lutté contre le duc de Guise en 1622 avec le plus grand courage, il subit trois ans plus tard une très grave défaite.
Il est néanmoins élu maire le 30 avril 1628, en plein siège, succédant à Jean Godefroy et obtenant 75 voix sur 82 votants. Il met dès lors toute son énergie défendre la ville contre Louis XIII, mais la famine, qui décime les habitants, l’oblige à capituler à la fin d’octobre 1628. Suspendu de ses fonctions et exilé pendant six mois, il accepte en 1636 le commandement d’un navire dans la flotte royale et prend part au siège de Fontarabie en 1638. Une dizaine d’années plus tard, il se retire sur ses terres de Repose-Pucelle, près de La Jarrie. Il y meurt en 1654, fidèle sujet du roi, mais sans avoir rien renié de sa foi.
Écusson au Mouton (26 rue des Merciers)
Écusson sculpté représentant un mouton surmonté de 3 besants avec l’inscription : « Dieu exauce les humbles ».
Ce vestige est d’autant plus intéressant que les inscriptions bibliques, autrefois fréquentes sur les maisons protestantes, ont presque toutes disparu aujourd’hui. On peut en voir encore quelques-unes dans le jardin du Musée des beaux-arts, sur la façade de la maison dite de Nicolas Venette, rue Admyrauld n°22, et sur un pilier des premières maisons à porches du cours des Dames.
Place de l'Hôtel de ville
Au milieu de la place, se dresse la statue de Jean Guiton, symbole de la résistance rochelaise pendant le Grand siège de 1628. Le souhait des Rochelais d’élever un monument à la mémoire du maire de 1628 a suscité une vive polémique politique et religieuse avant que le gouvernement ne donne son autorisation. La statue, œuvre du sculpteur Dubois, a été érigée en 1911 en partie grâce aux dons des habitants de New Rochelle, fondée en 1687 par des huguenots rochelais, saintongeais et poitevins émigrés en Amérique après la Révocation de l’édit de Nantes.
On remarque le pavage moderne de la place, qui représente une croix huguenote.
Hôtel de la Bourse (14 rue du Palais)
Cet édifice qu’on désigne aussi sous le nom d’hôtel de la Chambre de commerce, construit de 1760 à 1765 sur les plans de l’ingénieur des Ponts et Chaussées Pierre Hue, se compose de deux ailes, délimitant une cour intérieure, réunies en 1785 par une élégante galerie à colonnes. Il reste un signe concret de la prospérité de la ville et de la vitalité du commerce maritime dont les négociants et armateurs protestants furent les principaux artisans au XVIIIe siècle.
Créée en 1719, la Chambre de commerce a été de tout temps présidée à tour de rôle par des catholiques et des protestants, malgré la Révocation de l’édit de Nantes, l’activité et la richesse des « religionnaires » leur permettant de bénéficier d’une assez large tolérance de la part des autorités.
Parmi les présidents protestants, on peut citer Jacques Rasteau, le premier à armer pour la Louisiane en 1731, Jehan Seignette, qui appartenait à une ancienne famille de médecins et d’apothicaires célèbres, Pierre Gabriel Admyrauld, un des plus grands négociants rochelais du XVIIIe siècle, qui envoyait ses bateaux aussi bien vers le Canada et Saint-Domingue que vers les îles de France et de Bourbon et même les Indes orientales. Au XIXe et au XXe siècles Théophile Bahut, Pierre-Wladimir Môrch et son fils Christian ont joué un rôle décisif dans la création et le développement du port de La Pallice.
Maison dite de Nicolas Venette (1 rue Nicolas Venette)
Cette maison a été, en fait, construite au début du XVIIe siècle par l’Espagnol Martin Bartox de Solchaga. On connaît assez bien la vie de ce curieux personnage. Il naît à Saragosse en 1567, puis, après un court séjour chez les Cordeliers, entre dans l’ordre de la Sainte Trinité pour le rachat des captifs à Valence (Espagne) et il ne tarde pas à avoir les plus hautes responsabilités religieuses, mais, à la suite d’une crise de conscience qui dure deux ou trois ans, il décide d’abandonner le catholicisme et la papauté. En mars 1603, il choisit La Rochelle pour y faire une abjuration solennelle et s’y installe comme médecin ordinaire de la ville. Il y meurt à une date inconnue, sans doute pendant le siège.
Église Saint-Barthélemy (rue Pernelle)
Jusqu’en 1568, c’est dans cette église, construite à la fin du XIIe siècle, qu’avait lieu chaque dimanche de Quasimodo (premier dimanche après Pâques), l’élection du maire, choisi par le représentant du roi sur une liste de trois candidats désignés par les cent membres du Corps de ville.
C’est là, que pour la première fois publiquement à La Rochelle, les principes de la Réforme ont été prêchés en 1558 par Pierre David, aumônier du roi et de la reine de Navarre alors en séjour dans la ville.
Quand les protestants rochelais sont devenus trop nombreux pour se réunir dans des maisons particulières, l’église Saint-Barthélemy, comme l’église Saint-Sauveur, leur a servi de lieu de culte en alternance avec les catholiques. Le « simultaneum » a duré quelques mois, en 1561 puis en 1562, avant d’être interdit par ordre du roi. Après le ralliement de La Rochelle au parti de Condé (1568), toutes les églises de la ville ont été détruites par les réformés et leurs pierres utilisées à renforcer les fortifications. Seuls furent conservés les clochers qui pouvaient servir de tours de guet et de défense.
Oratoire (ue Albert 1er)
La salle que les Rochelais appellent aujourd’hui l’Oratoire a subi beaucoup de modifications au cours des temps. D’abord, chapelle du Couvent des Sœurs blanches de Sainte-Marguerite (porte du XVe siècle sur la rue du Collège), elle fut abandonnée par les moniales au moment des troubles religieux. Le bâtiment fut dès lors utilisé comme hôpital pour les blessés pendant le siège de 1573, puis comme magasin d’artillerie. Les catholiques en occupaient cependant une partie pendant les périodes où ils avaient l’autorisation de célébrer la messe dans la ville.
En 1567, le Synode provincial de Saintonge, Aunis et Angoumois, se tient dans l’église qui est restituée aux catholiques après l’édit de Nantes. La congrégation de l’Oratoire s’y installe et construit de nouveaux bâtiments.
Lorsque les troubles politico-religieux reprennent après la mort d’Henri IV, les oratoriens sont expulsés de la ville et les prêches protestants reprennent en 1621 à Sainte-Marguerite. C’est dans cette église que Richelieu célébra solennellement la messe après la reddition de La Rochelle en 1628.
Ancienne maison Gargoulleau (22 rue Gargoulleau)
Cette porte était autrefois vraisemblablement celle de la salle Gargoulleau, un des premiers lieux de culte des protestants, appartenant à une famille gagnée de bonne heure à la réforme qui a joué un rôle important dans l’histoire de la ville.
Devenus rapidement trop nombreux pour « s’enserrer en maisons privées », les réformés rochelais ont eu d’abord beaucoup de peine à trouver des locaux assez vastes pour leurs réunions. En 1561-1562, ils occupent provisoirement les salles Saint-Michel et Gargoulleau, puis, en alternance avec les catholiques, les églises Saint-Sauveur et Saint-Barthelémy. Par la suite, ils se rassemblent dans la Pré Maubec, conformément à l’édit de janvier 1563 qui n’accorde l’exercice public du culte que dans les faubourgs.
En juillet 1563, ils obtiennent du roi l’autorisation officielle d’occuper les salles Saint-Michel et Gargoulleau qui sont aménagées avec des bancs. C’est l’époque des conversions massives au protestantisme : dans la seule salle Gargoulleau, 1659 baptêmes sont célébrés de 1563 à 1566.
Musée des Beaux Arts (28 rue Gargoulleau)
- Façade
Cet ancien palais épiscopal a été construit au XVIIIe siècle sur l’emplacement du « grand logis » de Paul Legoux, grand argentier de la maison de Navarre. Dans son état primitif, ce bâtiment a eu l’honneur de recevoir des hôtes illustres : Henri IV y logea en 1586 et 1588, Sully en 1604, Henri 1er de Condé en 1615, Louis XIII en novembre 1628. La reine Anne d’Autriche qui s’y installa en 1632 lors d’un séjour à La Rochelle déclarait que cette habitation était « la plus belle, la plus convenable et la mieux aérée des maisons qui sont en ville ». Il n’en reste malheureusement rien, Monseigneur de Crussol d’Uzès l’ayant entièrement fait reconstruire de 1773 à 1777 selon la mode de son temps. On sait que cet évêque est le seul en France qui ait refusé d’appliquer dans son diocèse l’édit royal de Tolérance de 1787 qui donnait aux non-catholiques la possibilité de régulariser leur situation par une déclaration devant un juge royal ou devant le curé de la paroisse agissant en qualité d’officier de l’état civil.
- Ancienne porte du Collège
Actuellement située dans le jardin des Beaux-Arts, cette porte monumentale est celle de l’ancien collège de la ville installé en 1565 dans les bâtiments du couvent des Cordeliers abandonné par les moines. Quand s’achèvent les travaux, au début de l’année 1566, sur le frontispice de la principale porte d’entrée, sont apposées, outre les armes du roi et de la ville, celles de la reine Jeanne d’Albret et de Louis de Bourbon, prince de Condé, de Gaspard de Coligny et d’autres grands seigneurs protestants qui témoignent de leur volonté de faire de ce collège « un séminaire de piété et une pépinière pour l’entretien du saint ministère de ladite religion réformée ». Parmi les inscriptions qui figurent sur cette porte, deux versets bibliques en hébreu rappellent des idées essentielles aux yeux des protestants : « Le juste vivra par sa foi » (Habakuk 2-4) et « Je vous enseignerai la crainte du Seigneur » (Psaume 34-12).
- Jardin
Dans le jardin du Musée des Beaux-Arts où ont été transportés divers vestiges archéologiques de la ville, on verra avec intérêt ce qui reste du plafond à caissons d’une maison Renaissance de la rue du Minage. Un certain nombre d’inscriptions de caractère biblique ou moralisateur, sont encore visibles.
Impasse Tout-y-Faut
Dans une maison de cette rue, habitait Henri Lancelot Voisin de La Popelinière quand il venait à La Rochelle. Né en 1541 à Saint-Gemme la Plaine en Vendée, mort à Paris dans la misère en 1608, il a combattu avec courage dans les rangs de l’armée protestante pendant « les troubles », notamment dans l’île de Ré en 1575.
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, entre autres une « Histoire de France depuis 1550 jusqu’en 1577 » publiée à La Rochelle par A. Haultin en 1581. Cet ouvrage fut censuré à la demande d’Henri de Navarre qui y voyait des attaques contre la religion réformée « et aussi contre ceux de sa maison ».
Musée du Nouveau Monde - Ancien Hôtel Fleuriau (10 rue Fleuriau)
Cet hôtel du XVIIIe siècle qui abrite aujourd’hui les collections du Musée du Nouveau Monde est composé de deux maisons achetées à quelques années d’intervalle par Aimé-Benjamin Fleuriau qui les réunit en 1780 en faisant des travaux considérables.
Aimé-Benjamin, et sa femme Marie-Anne-Suzanne Liège, appartiennent à la grande bourgeoisie des armateurs et négociants enrichis par le commerce maritime et le produit de leurs plantations de Saint-Dominique. Ils ont joué un rôle actif et généreux au sein de la communauté protestante quand elle s’est reconstituée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Mais La Rochelle a gardé surtout le souvenir de leur fils Louis-Benjamin, savant et homme de bien, à qui l’on doit la fondation du Muséum d’histoire naturelle et qui se faisait remarquer par son inépuisable générosité. Il disait volontiers : « la fortune doit se faire pardonner par une charité ardente et éclairée » .
Hôtel de Marsan (14 rue Bazoges)
Ancien hôtel de Marsan entièrement reconstruit après 1770 par Carré de Condé, trésorier de France, cette maison évoque pour nous la présence à La Rochelle de Catherine de Parthenay, duchesse de Rohan, mère d’Henri II de Rohan et de Benjamin de Soubise. C’est là qu’elle a habité avec sa fille Anne, de 1626 à 1628, pendant toute la durée du Grand siège où son courage et sa foi ont fait d’elle « l’âme de la résistance rochelaise ».
Avant même la fin du siège, Louis XIII fit don de cette maison aux Capucins pour y construire un monastère. Dès le lendemain de la reddition de La Rochelle, le père Joseph y célébrait la messe en présence du roi, tandis que Madame de Rohan et sa fille Anne étaient conduites sous escorte à Niort, où elles devaient rester prisonnières jusqu’en juin 1629, après la signature de la paix de grâce d’Alès.
Maison Henri II (11 rue des Augustins)
Cette maison a été construite pour Hugues Pontard, seigneur de Champdeniers, procureur du roi en Saintonge, ville et gouvernement de La Rochelle, mort en 1564. Elle a été habitée par son fils François, maire en 1567-1568, qui prit autoritairement la décision de faire appel à Condé et de rattacher au parti protestant la ville jusque-là restée dans la neutralité.
Dans le bas de la rue se trouvait autrefois le couvent des Augustins, abandonné par les religieux en 1562 et utilisé par les protestants comme lieu de culte. C’est dans le réfectoire des moines que s’est tenu le synode de 1571, présidé par Théodore de Bèze, qui a ratifié le texte de la Confession de foi élaborée en 1559 par le synode de Paris. C’est également là qu’ont été célébrés les mariages de Coligny avec Jacqueline d’Entremont, princesse de Savoie, et de la fille de l’amiral avec Téligny, en cette même année 1571, et en 1584, le baptême de Jean Guiton, le célèbre maire du Grand siège.
14 rue Saint Yon
À l’angle de la rue des Manettes, dont le nom rappelle les statuettes de la Vierge placées autrefois aux angles des maisons, ce vieux logis à pans de bois (ou un logis voisin) a servi de lieu de culte clandestin aux premiers adeptes des « nouvelles opinions ». Sans qu’on puisse dater exactement l’introduction de la réforme à La Rochelle, on sait qu’elle y apparaît un peu avant 1540 et que la répression de « l’hérésie » a obligé les protestants à beaucoup de prudence.
Hôtel Bernon (27 rue Amelot)
Ancienne et riche famille rochelaise dont l’un des membres a été maire de la ville en 1398, les Bernon se sont convertis de bonne heure à la Réforme et ont apporté leur soutien financier à Henri IV pendant les dernières guerres qu’il a menées pour se faire connaître comme roi après la mort d’Henri III.
Plusieurs Bernon s’exilèrent après la révocation de l’édit de Nantes (1685) notamment Gabriel qui était considéré en 1683 comme le plus important des marchands avec le Canada et qui a joué un rôle important en Amérique, à Boston, à Rhode Island et à Providence où il est mort en 1736.
Une partie de la famille étant restée à La Rochelle, leur demeure a servi de lieu de culte quand le protestantisme, à partir de 1755, s’est reconstitué de façon semi-clandestine : le pasteur circulait entre les petits groupes de fidèles tolérés par les autorités qui se réunissaient dans des maisons amies.
Fort riche, les Bernon du XVIIIe siècle ont fait construire en 1757 cet hôtel où se reconnaît l’influence du plan classique des demeures parisiennes avec un haut mur reliant sur la rue les deux ailes latérales, ouvert en son milieu par un portail monumental.
C’est grâce à la générosité de cette famille qu’a pu être publié en secret à La Rochelle en 1768 un Psautier, revu et préfacé par Pierre Dangirard, dont l’autorité était si grande dans la communauté que ses adversaires l’appelaient volontiers « le pape des protestants ».
Chapelle de l'hôpital Saint Louis (rue Saint Louis, au bout de la rue Amelot)
Sur cet emplacement se trouvait « le prêche de la Ville Neuve », construit en 1630 pour remplacer le Grand temple de la place du Château, confisqué aux protestants par le roi après le siège et devenu église catholique, puis cathédrale à partir de 1648.
Le temple de la Ville Neuve (dont l’actuelle rue du Prêche conserve seule le souvenir) fut démoli en mars 1685, six mois avant la révocation de l’édit de Nantes sur « ordre du lieutenant criminel de La Rochelle et du Parlement de Paris » sous prétexte que les pasteurs y avaient laissé entrer une relapse (personne qui, ayant abjuré, revient à sa religion première).
On s’interroge sur la provenance de la pierre ornée d’un écusson aux armes de France et de Navarre qui se trouve au-dessus de la porte d’entrée de la chapelle. Selon la tradition, cette pierre décorait auparavant la façade du temple de la Ville neuve.
Porte Maubec (rue du Docteur Schweitzer)
Cette porte faisait partie des fortifications élevées à l’époque protestante par les Rochelais quand ils ont voulu agrandir le périmètre de leur ville en y incluant « la Prée Maubec » et elle est la seule à avoir échappé aux destructions ordonnées par Richelieu après le siège de 1628, sans qu’on sache exactement pourquoi elle a été épargnée : peut-être parce qu’elle donnait sur le marais et, comme le front de mer, ne pouvait avoir qu’un rôle défensif en cas d’une invasion maritime ennemie.
Portail de l'hôpital protestant
Le portail est le seul vestige de l’hôpital protestant fondé en 1765 par Barthélemy Ranson et Elisabeth Judith Seignette sa femme, pour soustraire leurs coreligionnaires âgés ou malades aux pressions dont ils étaient l’objet à l’hôpital général. Cet établissement situé dans la ville neuve se composait de deux maisons et d’un grand jardin qui servit de cimetière. Il fonctionnait grâce aux dons des fidèles de la communauté réformée.
Annexé à l’hôpital général par décision municipale du 24 mars 1794, reconnu le 16 fructidor an XIII comme ayant une existence distincte, l’hôpital protestant n’a disparu qu’au milieu du XXe siècle.
11 rue Saint-Nicolas
Au fond du magasin, beau motif en pierre, de date incertaine, sculpté au-dessus de la cheminée et représentant le sacrifice d’Abraham dans un médaillon formé d’une couronne tressée entre les guirlandes de fleurs.
Tour de la Chaîne et Tour Saint-Nicolas
Ouvrages de prestige autant que de défense, les tours gardent l’entrée du port depuis la fin du XIVe siècle, si essentielles à la protection de la ville en cas de débarquement ennemi que Louis XIII lui-même les a conservées, lorsque après le siège de la Rochelle en 1628 il a ordonné la destruction de ses fortifications.
Au cours des âges, ces tours ont eu des destinations variées. Elles ont d’abord servi de logement aux « capitaines » chargés de surveiller le mouvement des bateaux dans le port et de percevoir les droits et taxes qu’ils devaient acquitter. Pendant la période protestante, c’est sur la tour de la Chaîne que flotte le drapeau bleu et blanc aux couleurs de la ville. C’est là que sont déposés, de 1569 à 1579, le cercueil de François d’Andelot, mort à Saintes et, de 1586 à 1599, celui de René II de Rohan, époux de Catherine de Parthenay, mort à La Rochelle.
Après la Révocation de l’édit de Nantes (1685), la tour Saint-Nicolas est utilisée comme prison pour les protestants « opiniâtres ». Y seront ainsi détenus plus ou moins longuement, Jean Migault, pour tentative d’évasion hors de France, Nicolas, sieur de Voutron et de Coureilles, que la présence des dragons dans sa maison n’a pu contraindre à l’abjuration, les propriétaires des logis de Vaugouin et de Pampin, accusés d’avoir caché des religionnaires qui voulaient s’expatrier.
Église Saint-Sauveur (rue Saint-Sauveur)
Devenus trop nombreux pour se réunir dans des maisons particulières, les protestants rochelais obtiennent en 1561 l’autorisation d’utiliser les églises Saint-Sauveur et Saint-Barthélemy comme lieux de culte. Par un accord avec les catholiques, « lorsque les uns sortaient, les autres y entraient » et les choses se passaient « en grande paix ».
Cette situation a duré peu de temps : quelques semaines seulement en 1561 et en 1562. Il faut attendre l’édit d’Amboise (19 mai 1563) pour qu’un édit du roi autorise les protestants à s’assembler ouvertement dans les salles Saint-Michel et Gargoulleau.
En 1568, le maire François Pontard oblige les Rochelais à rallier le parti de Condé, la ville est mise en état de défense, les églises sont démolies et leurs pierres employées à renforcer les remparts. Seuls sont conservés les clochers qui présentent un intérêt stratégique et peuvent servir de tours de guet. Ces destructions expliquent l’aspect actuel de l’église Saint-Sauveur dont le clocher est le seul témoin du XVe siècle, le reste de l’édifice ayant été reconstruit au XVIIIe siècle, après un terrible incendie.