Soutenez Le Musée ! Faire un don

La séparation
des Églises et de l’État

La séparation des Églises et de l’État (9 décembre 1905) est acceptée assez facilement par les protestants. La loi autorise enfin les unions cultuelles.

L'affirmation de la laïcité ne pose pas vraiment de problèmes
aux protestants

Eugène Réveillaud (1851-1935)
Eugène Réveillaud (1851-1935)

La séparation des Églises et de l’État (9 décembre 1905) est acceptée assez facilement par les protestants. Minorité habituée à se méfier de l’État, ayant souffert du triomphalisme catholique, encore très actif pendant la période de l’Ordre moral (1873-1876), certains de ses membres sont probablement satisfaits de voir l’Église catholique réduite au droit commun d’une association comme les autres. Par ailleurs, il existe depuis longtemps une petite minorité déjà indépendante de l’État : les Églises évangéliques non concordataires.

Certes, l’unanimité ne règne pas : les luthériens sont plutôt hostiles, les réformés libéraux également, alors que les réformés orthodoxes, plus proches du « bloc des gauches », sont plutôt favorables, en tout cas résignés. Du reste, les corps ecclésiastiques ne prennent pas position de manière officielle, la situation étant difficile face à la « vague d’incrédulité agressive qui roulait sur la France » (W. Monod). L’affaire Dreyfus, la campagne antisémite qui l’accompagnait, les mesures contre les congrégations, les Congrès nationaux de la Libre Pensée, les campagnes anticléricales faisaient apparaître la séparation comme une victoire de l’antichristianisme.

Mais dans l’ensemble, les protestants se sentent plus proches des républicains, d’autant qu’une campagne anti-protestante se développe autour des années 1890 dans la presse cléricale et nationaliste anti-dreyfusarde.

Au printemps 1895, pour faire front, et se préparer à la séparation, une assemblée de protestants réformés orthodoxes propose la réunion d’une assemblée protestante, qui aboutira à la réunion en novembre 1896 à Lyon d’une assemblée générale des réformés, renouvelée en 1899.

Bien renseignés par le protestant Eugène Réveillaud (1851-1935) député radical et son fils Jean, membre du cabinet d’Émile Combes, et par Louis Méjean (1874-1955), collaborateur d’Aristide Briand, les dirigeants réformés orthodoxes parviennent à influencer la rédaction de la loi de façon à ce qu’elle autorise les unions d’associations cultuelles non seulement locales mais également nationales. Le maintien d’une structure nationale, le synode, destinée à éviter les « désordres », est en effet un souci majeur des évangéliques.

L’Alsace, allemande à cette époque, n’est pas concernée par cette loi, et gardera son statut spécial lors de la réunification.

La laïcité, un fondement du pacte républicain protecteur pour les minorités.

Avancement dans le parcours

Bibliographie

  • Livres
    • MAYEUR Jean-Marie, Séparation des Églises et de l’État, L'Atelier, 2005
    • MONOD Wilfred, Pour l’Unité protestante, Paris, 1932

Parcours associés

Le protestantisme au XXe siècle

La loi du 9 décembre 1905 de séparation des Églises et de l’État garantit la liberté des cultes et lui donne un cadre juridique. La loi est acceptée assez facilement...

Notices associées

La marche vers l’union

Au début du XXe siècle, la nécessité d’être unis va s’imposer à différentes Églises protestantes, aboutissant à la création en 1905 de la Fédération protestante de France.

Le Concordat

Le Concordat, complété par les articles organiques, réglemente la vie des Églises aussi bien protestantes que catholiques. Il ne contient aucune mesure restrictive, et pour la première fois les pasteurs...

Le protestantisme en Alsace au XIXe siècle

En Alsace, l’importante communauté luthérienne, de même que la communauté réformée prédominante à Mulhouse, vont être soumises aux mêmes contraintes que celles de l’Église réformée de « l’intérieur ». Cependant,...

Organisation de la communauté protestante

La communauté protestante, sortie de la clandestinité, doit se réorganiser. Le Concordat lui impose un nouveau cadre institutionnel, qui, tout en apportant la protection de l’État, sera à l’origine de...

La Loi de 1905

La loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État établit et définit la laïcité en France. Elle garantit la liberté des cultes dans l’esprit de...