Un soldat
Né en 1552 en Charente-Maritime dans une famille calviniste, Agrippa d’Aubigné reçoit une formation humaniste à Paris, à Orléans, à Genève et à Lyon. À seize ans, il s’engage dans l’armée du prince de Condé puis devient le compagnon d’Henri de Navarre. Il participe aux guerres de religion par les armes et par la plume en se distinguant par la véhémence de ses écrits en faveur des protestants. Il échappe au massacre de la Saint-Barthélemy.
Il ne pardonne pas à Henri IV sa conversion au catholicisme, et reste hostile aux tentatives de rapprochement entre protestantisme et catholicisme.
Son Histoire universelle publiée en 1616 traite de l’époque des guerres de religions. En dépit des efforts d’impartialité de l’auteur, l’ouvrage est condamné (arrêt du Châtelet 1620) et le livre est brûlé.
Le poète des Tragiques
Mais Agrippa d’Aubigné est surtout connu pour les Tragiques, poème héroïque de plus de 9 000 vers, inspiré par les persécutions subies par ses coreligionnaires. Il le remanie plusieurs fois de 1577 à 1623, date de l’édition augmentée publiée à Genève.
Les Tragiques sont l’œuvre d’une vie, l’épopée de la guerre, des persécutions et de la foi. Dans une langue d’une rare violence, d’Aubigné peint les misères endurées en ces temps de guerres de religion dont il se sent moralement contraint de témoigner. En fait, le poème est une vision prophétique nourrie de la Bible, un parcours initiatique qui, de la fresque des souffrances présentes aboutit au ravissement des derniers vers, au triomphe et à la gloire de Dieu.
Les Tragiques ne sont vraiment connus qu’au XIXe siècle.
Agrippa d’Aubigné est le grand-père de Madame de Maintenon, née Françoise d’Aubigné, que Louis XIV épouse en 1683. Elle passe pour avoir influencé Louis XIV contre le protestantisme et suscité la Révocation de l’Édit de Nantes.