Peintre et verrier, le plus grand potier du XVIe siècle et le maître de la faïence émaillée
Né à Saint-Avit de Lacapelle-Biron dans le diocèse d’Agen vers 1510, Bernard Palissy est peintre et verrier. Après avoir effectué son tour de France, il se fixe à Saintes en 1538. Il se lance dans une recherche passionnée de la maîtrise des émaux et réussit la mise au point de l’émail blanc en 1545.
Puis, grâce à la rencontre du connétable Anne de Montmorency en Saintonge qui lui commande la décoration de la grotte du château d’Ecouen, il inaugure une période où il sera décorateur ambulant, au hasard des commandes reçues. En 1556, il crée ses premiers « bassins rustiques » décorés de serpents, reptiles ou coquillages.
En 1555, il est responsable d’une petite communauté réformée à Saintes, ce qui lui vaut d’être arrêté et emprisonné à Bordeaux pour crime d’hérésie. Il doit alors son salut à l’intervention du connétable de Montmorency. De retour à Saintes, il rencontre la reine mère Catherine de Médicis, qui, en 1565, effectue le tour de son royaume afin de présenter son fils Charles IX. Au cours des années 1571-1572, la reine, dans le cadre d’un projet d’embellissement du jardin des Tuileries, le charge d’y construire une grotte rustique, dont les thèmes décoratifs seront essentiellement inspirés de la nature.
Des fragments de poterie ainsi que les traces de l’atelier de fabrication ont été retrouvés fortuitement au XIXe siècle et lors des fouilles exécutées dans le cadre de l’établissement du grand Louvre dans les années 1980.
Après un exil à Sedan (1572-1574) jugé nécessaire à cause de l’ampleur de la répression anti-réformée qui a suivi la Saint-Barthélemy, il rentre à Paris et y travaille dans son atelier des Tuileries produisant soit de la vaisselle, soit des médaillons de terre cuite émaillée, reproductions minutieuses des animaux et des plantes.
En 1587, après l’Edit de Nemours qui a déclenché la 8° guerre de religion, il tente sans succès de se cacher et tombe aux mains de la Ligue. Il est emprisonné à la Bastille pour refus d’abjurer. C’est là qu’il meurt en 1590. Son cadavre est jeté aux chiens.
Homme de la Renaissance
Non seulement il fut le plus grand potier du XVIe siècle, mais il fut aussi savant, philosophe et homme de science.
Sa Recepte véritable pour laquelle tous les hommes de France pourront apprendre à multiplier leur trésor est le premier ouvrage de vulgarisation scientifique en langue française. Il s’agit d’une recherche savante en agronomie, éditée en 1563 ou 1564 à La Rochelle.
Ses conférences sur l’histoire naturelle sont éditées en 1580 : Discours admirables de la Nature, des eaux tant naturelles qu’artificielles, des métaux, des sels, des salines, des pierres du feu et des émaux.
Dans ses Discours, il entreprend de faire connaître ses thèses scientifiques « selon la mesure qu’il a plu à Dieu de me faire entendre, afin de profiter à la postérité ».
Prenant ses distances par rapport aux alchimistes, il affirme la force de l’observation de préférence à la théorisation : « Je n’ai point eu d’autre livre que le ciel et la terre, lequel est connu de tous et est donné à tous de connaître et lire ce beau livre ».
La science telle qu’il la conçoit est fondamentalement basée sur la religion chrétienne : « Dieu est le Souverain Géométrien ».