Calvin apporte des paroles de réconfort et son soutien aux Eglises dressées
Il s’adresse notamment à l’Église de Paris, le 15 mars 1557 pour l’encourager à persévérer malgré les difficultés rencontrées journellement. Calvin se dit très conscient de l’incapacité dans laquelle il se trouve de pouvoir les aider efficacement et alléger leur peine.
« Vrai est qu’en vous exhortant j’ai honte que nous ne pouvons vous mieux secourir de notre côté, comme la chose le requiert et que nous y serions tenus. » (vol. II, p. 123)
A l’Église de Paris, en juin 1559, il écrit : « nous sommes destitués de tous moyens de vous pouvoir alléger, et ne nous reste autre chose sinon de gémir par compassion. » (vol. II, p. 282)
Calvin préconise une audace mais tempérée de prudence. Il exhorte ses interlocuteurs à avoir du courage, mais sans être téméraire. Il les incite surtout à rester solidaires les uns des autres et à se fortifier spirituellement.
A l’Église de Paris, le 28 janvier 1555, il écrit : « de votre côté, sans attendre qu’on vous incite d’ailleurs, il vous fault estre diligens à prendre des armes, et vous tenir prests de longue main, affin que toutesfois et quantes qu’il plaira à Dieu d’esprouver votre foy, vous ayez de quoi répondre, et ne soyez surpris… Ainsi fortifiez-vous, mes frères, en celuy qui est notre retraite… Gardez-vous de la dispersion qui ne vous sçauroit apporter que ruine. » (II, p. 2,)
Ou aux Fidèles du Poitou : « Car entre témérité et timidité il y a une crainte moienne laquelle n’amortit point la vertu du Sainct-Esprit, et ne vous destourne point des aydes que Dieu nous donne. » (Vol. I, p. 434)
Calvin ne méconnaît pas les risques qu’encourt l’Église réformée, la violence exercée contre elle. Il sait qu’il s’agit d’un combat.
Il écrit : « vos ennemis machinent de vous ruiner, ou : « la rage des ennemis est telle qu’elle ferait trembler les plus vaillants… » (II,p. 2) Ailleurs, il parle « des pollutions et ordures de l’idolâtrie papale. » (II, p. 280)
Mais Calvin réfute tout acte de violence, désavoue la conjuration d’Amboise et les saccages d’églises (qu’il appelle temples), qui suscitent des actes de répression douloureux et inutiles. Le 26 février 1561, il écrit à l’Église de Paris : « De s’esgaïer beaucoup et occuper les temples, vous savez que ce n’a jamais esté notre advis ; » et le 16 sept. 1557 : « Dieu fera toujours fructifier les cendres de ses serviteurs ; mais les excèz et violences n’apporteront que stérilité. »
Lutter contre l'esprit de compromis
Calvin recommande la prudence, mais il met en garde contre la tentation de nicodémisme qui est une forme d’infidélité. Le terme de nicodémite est utilisé par Calvin pour désigner ceux qui, ayant adhéré à la Réforme, n’osent se déclarer publiquement et restent catholiques de façade par crainte des persécutions.
Il faut lutter contre l’esprit de compromis qui pourrait étouffer l’espoir de la réforme. Il faut choisir, ne pas se compromettre avec les rites catholiques :
Il écrit à l’Église d’Angers, le 19 avril 1556 : « Je ne dis pas que vous ne deviez estre esmeus, oians ce qu’on machine contre vous, moyennant que cela ne vous face pas perdre courage pour quitter la confession de vostre foy en déclinant, mais plustôt vous sollicite à prier Dieu, et aussi esveille vostre zèle pour maintenir sa vérité, comme nous y sommes tenus, quant il nous appelle. » (II, p. 92)
Aux fidèles de France, Juin 1559, : « Nous n’entendons pas de vous faire exposer à vostre escient ou sans discrétion à la gueule des loups ; seulement gardez de vous soustraire du troupeau de notre Seigneur Jésus pour fuir la croix, et craignez la dissipation de l’Église plus que toutes les morts du monde. Autrement quelle excuse y aura-t-il quand il vous sera reproché par notre Seigneur Jésus, son Père et tous les anges de paradis, qu’après avoir fait profession de le confesser en la vie et en la mort, vous luy aurez faussé la foy promise ? Quelle honte sera-ce qu’après vous estre séparéz des pollutions et ordures de l’idolâtrie papale, retourniez encore vous y vautrer, pour estre abominables au double devant Dieu ? » (II, p. 279)
Calvin est conscient de la fragilité de la situation de chacun en France, il rappelle néanmoins les motifs d'espérer
Il encourage ceux qui souffrent pour leur foi à persévérer dans la confiance et à rester unis.
Il écrit à l’Église de Paris, le 16 sept. 1557 : « Et n’estimez point que ce soit une garde trop maigre que de souffrir, et vous monstrer benins et paisibles comme agneaux contre la rage des loups puisque vous avez la promesse que ce bon pasteur et fidèle qui nous a pris à sa charge, ne nous défaudra point, quelque furie et énormité qu’il y ait en la cruauté des ennemys. Dieu est assez puissant pour la réprimer par tels moyens qu’il voudra ou sans nul moyen. » (II, p. 139-144)
Il insiste sur la nécessité de rester solidaires. Il faut travailler à l’« union ». S’adressant à l’Église de Paris, le 28 janvier 1555, il écrit : « N’y a-t-il remède plus convenable pour subvenir à votre fragilité que de vous exhorter ensemble, et vous renforcer mutuellement. » (II, p. 2)
Dans sa lettre de juin 1559, aux fidèles de France : Calvin incite à la patience et à maintenir sa confiance en Dieu. Il compare la situation présente à un orage : « l’orage est tellement des bordé qu’il n’y a lieu qui n’en soit troublé, » mais il faut garder l’espoir : « laissons passer ceste obscurité de ténèbres, attendans que Dieu produise sa clarté pour nous esjouir, combien que nous n’en soyons jamais destituéz au milieu de nos afflictions, si nous la cherchons en sa parolle où elle nous est offerte et ne cesse jamais de luire. » (II, p. 274-281)
À l’Église de Corbigny, il écrit : « Escoutons donc ces belles admonitions qui nous sont faictes par l’apostre, que nous estions ténèbres, mais maintenant estant illuminéz de Dieu qu’il nous faict cheminer comme enfans de lumière ; que nous estions charnels, mais que nous sommes lavez du sang de Jésus-Christ pour persévérer en pureté, que nous estions serfs aux liens de péché, mais que Jésus-Christ nous en a rachetez afin que nous vivions dorénavant à luy et à sa gloire. » (II,p. 326)