Les études, la guerre et les premiers postes pastoraux
Né à Montpellier en 1896, Charles Westphal, après des études classiques à Paris s’engage comme volontaire, dès les premiers mois de 1914. Grièvement blessé deux fois, il est décoré de la croix de guerre.
Après la fin des hostilités, il commence des études de théologie d’abord à la faculté de théologie protestante de Paris, puis à l’Union theological seminary de New York, puis à Édimbourg.
Après un premier poste pastoral à Châtillon-en-Diois dans la Drôme, il devient en 1929 Secrétaire Général de la Fédération Française des étudiants Chrétiens, la Fédé, succédant au pasteur Pierre Maury, qu’il marque de son ouverture vers l’œcuménisme et de sa grande culture littéraire. Il était un lecteur assidu de Kierkegaard et un grand admirateur de Claudel.
Après un intérim à l’Église réformée de Pentemont (Paris) il est nommé à Grenoble où il a la charge d’un ministère d’enseignement et de formation théologique des laïcs de 1939 à 1945.
C’est là , alors qu’il aide des étudiants choisissant le maquis et la résistance et de nombreux juifs désirant passer en Suisse, qu’il crée les Cahiers d’Études Juives.
Il revient à Paris en 1945 comme pasteur de la paroisse réformée du Saint-Esprit et assume en outre de nombreuses autres charges.
Il est, après Pierre Maury en 1945, le Directeur de la Revue de Théologie protestante Foi et Vie, est nommé vice-président de la Fédération Protestante en 1947 et en devient président en 1961 à la suite du pasteur Marc Boegner, poste qu’il conserve jusqu’en 1970.
Le Théologien et l'Artisan de l'œcuménisme
Charles Westphal, comme de nombreux pasteurs de sa génération, est très marqué par la pensée du théologien suisse Karl Barth, qu’il contribue avec Pierre Maury à faire connaître en France. Il fait publier en 1932 dans le Semeur, l’organe de presse de la Fédération des Étudiants Chrétiens, le premier texte de Karl Barth traduit en français, et inspire en 1939 la lettre de Barth Aux protestants de France, qui soutiendra puissamment leur résistance au nazisme.
La prédication de Charles Westphal est une belle illustration de théologie de Karl Barth, centrée sur le Christ « sachant faire pressentir la réalité de la grâce » et soutenue par l’adoration et l’espérance.
Mais il est également soucieux de ne pas laisser de côté les minorités du protestantisme, en particulier les baptistes dont il admirait la piété.
Il apporte par ailleurs une ardente contribution à l’œcuménisme naissant.
Il est à l’origine de la création du Laboratoire de Recherches Théologiques,qu’il anime avec les Pères Villain et Congar, et participe avec eux à de nombreux débats.
Il assiste aux assemblées œcuméniques d’Amsterdam (1948) – Assemblée fondatrice du Comité Œcuménique des Églises –, d’Evanston (1954) et de New Delhi (1961). Il est nommé membre du Comité Central du Conseil Œcuménique des Églises en 1956.