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Claude Brousson (1647-1698)

Avocat, défenseur de la cause protestante, Claude Brousson, qui s’est réfugié à Genève en 1683, revient en France en tant que « prédicant » dans les Cévennes. Il contribue à la création de l’Église du Désert qui, dans la clandestinité, a maintenu pendant un siècle le protestantisme en France.

Un juriste devenu « prédicant »

Claude Brousson (1647-1698)
Claude Brousson (1647-1698) © S.H.P.F.

Né à Nîmes, Claude Brousson est docteur en droit, avocat chargé principalement de défendre les Églises réformées. En 1683, il tente – mais en vain – de s’opposer à la réglementation restrictive du culte réformé et à la destruction des temples. Aussi décide-t-il de se réfugier à Genève, puis à Lausanne. De là, il exhorte les pasteurs à retourner en France malgré l’interdiction qui leur est faite d’exercer leur ministère.

En 1689, il choisit de retourner lui-même en France et – en bravant l’interdit – il se fait « prédicant » dans les Cévennes et le Bas-Languedoc.

Là, il développe une activité incessante : il prêche, il diffuse ses écrits, principalement des sermons, il organise les assemblées nocturnes, il soutient et structure la vie de « l’Église sous la Croix ».

Une vie mouvementée, faite de contestation, de non-violence et de loyalisme

Recueil de sermons de Claude Brousson
Recueil de sermons de Claude Brousson © S.H.P.F.

En 1689, le fait que la coalition contre la France issue de la Ligue d’Augsbourg soit majoritairement composée d’États protestants, et renforcée du fait de l’accession au trône d’Angleterre de Guillaume d’Orange, fait peser sur la France le risque d’un soulèvement des protestants tant en Languedoc que dans les Cévennes.

Si Brousson a pu envisager brièvement l’idée d’une intervention extérieure dans l’espoir que cette menace puisse inciter le Roi à composer, il n’en reste pas moins fidèle au choix qu’il a fait de la non-violence.

Lorsque le comte Frédéric-Armand de Schomberg au service de Guillaume d’Orange, entre en France à la tête des armées de la coalition, les huguenots refusent de prendre les armes contre leur roi.

Le 31 décembre 1692, Brousson s’adresse encore au Roi Louis XIV : « Dieu nous ordonné de nous rassembler au nom de son fils, et cependant Votre majesté nous le défend. Dieu le veut et Votre Majesté ne le veut point. À qui devons-nous obéir ? Que Votre Majesté, s’il lui plaît, le juge elle-même ».

L'Église clandestine, née grâce à Brousson, a pu se maintenir pendant un siècle en France

Menacée d’être capturé, (sa tête est mise au prix de cinq cents louis d’or par l’intendant Basville) il se rend à nouveau à Lausanne (1693) puis en Hollande. Mais, faisant fi des terribles risques encourus, il repart pour le Nord de la France, à Sedan, puis pour la Normandie où il anime de nombreuses assemblées clandestines. Après avoir été reconnu et poursuivi en Bourgogne, il s’échappe à nouveau en Suisse.

En 1667, il passe un an en Hollande et de là, au lendemain de la Paix de Ryswick (1667), il se remet en route pour la France.

Il traverse le Dauphiné, le Vivarais, puis se rend en Béarn. C’est là qu’il est arrêté. Il sera transféré à Montpellier, ou l’intendant Basville a réclamé qu’il soit jugé.

Le 4 novembre 1698, il subit le supplice de la roue.

Ses œuvres

Signature de Claude Brousson
Signature de Claude Brousson © S.H.P.F.
  • L’état des réformés de France, La Haye, 1685
  • Lettres des protestants de France à tous les autres protestants de l’Europe, Berlin, 1686
  • La Manne mystique du Désert, ou Sermons prononcés en France dans les déserts et dans les cavernes durant les ténèbres de la nuit et de l’affliction pendant les années 1689-1693, Amsterdam, 1695.
  • Lettres et opuscules, Utrecht, 1701.
  • Confession raisonnée de ceux qui prêchent dans le désert, 1695. Ce texte avait été envoyé au Roi en 1689 pour réfuter l’imputation qu’il prêchait la révolte.

Claude Brousson (1647-1698)

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