Devenir pasteur, une vocation
Ce qui définit d’abord le pasteur est sa vocation intérieure, il ou elle se sent appelé par Dieu à annoncer l’Évangile. A cette vocation personnelle doit correspondre un appel de l’Église, c’est-à-dire de la communauté des croyants, qui est représentée par la Commission des Ministères, ou conseil d’Église. Cette Commission constituée de pasteurs et de laïcs a pour objectif de juger de la capacité du candidat pasteur à exercer un ministère pastoral. Il existe plusieurs types de ministères pastoraux dans les Églises protestantes : les postes en paroisse, les aumôneries (d’hôpital, de prison, de l’armée, des universités), les missions, les services d’Églises. C’est la Commission des Ministères qui oriente le futur pasteur vers son premier ministère et interviendra de nouveau, si le pasteur souhaite ultérieurement changer de ministère.
Devenir pasteur suppose une solide formation biblique et théologique
Il convient de suivre des études de théologie dans l’une des facultés de théologie protestante française ou étrangère. Le diplôme actuellement exigé est le plus souvent un Master professionnel, qui comprend 4 années d’études théoriques, une année de stage pratique, généralement en paroisse et la rédaction d’un mémoire.
Le choix de la Faculté de théologie se fait en fonction du choix de l’Église à laquelle le futur pasteur veut être attaché. Certaines conventions existent entre les Églises pour permettre aux pasteurs qui le souhaitent de passer d’une Église à une autre, sans avoir à reprendre la totalité de leurs études. Mais ces cas restent finalement peu nombreux.
Après ses études, son stage et plusieurs discussions avec le conseil d’ Église, le futur pasteur est nommé dans une paroisse, où il exerce d’abord en qualité de proposant. Cette période de proposant (ou stage) dure généralement 2 ans et peut être assimilée à une période d’essai. A son terme, le pasteur est reconnu, lors d’une cérémonie de reconnaissance de ministère ou d’ordination, organisée par son Église. Régulièrement le ministère du pasteur est évalué et la paroisse décide ou non de le reconduire dans son poste ou lui-même peut faire le choix de changer de paroisse.
Quelles sont les fonctions d'un pasteur ?
Martin Luther, dès 1520, les définit de la façon suivante dans son adresse A la noblesse chrétienne de la nation allemande : « Administrer la parole et les sacrements de Dieu, c’est une tâche et une fonction, un métier, comme celui de forgeron, paysan ou prince, tous au service les uns des autres et concourant au bien commun. »
Dans son ouvrage Ré-enchanter le ministère pastoral, Raphaël Picon distingue cinq fonctions principales :
- Une fonction théologique. Le pasteur est celui qui prêche et enseigne la présence du Christ. Il n’impose pas ce qu’il convient de croire ou de penser ; il est libre dans sa prédication. Il administre les sacrements (Baptême et Cène).
- Une fonction d’écoute. Le pasteur apporte une parole lors des grands événements de la vie. Il aide la personne à confier ses soucis à Dieu, à restructurer ses pensées par des récits bibliques. En aucun cas, le pasteur ne peut absoudre les péchés, mais il annonce le pardon.
- Une fonction sociale. Le pasteur est sollicité pour animer la paroisse et certaines de ses activités : les cultes, les baptêmes, mariage, enterrements, le catéchisme, l’animation biblique, l’entraide, etc. Son objectif est de motiver les gens à témoigner de leur foi et à la vivre pleinement.
- Une fonction symbolique. En tant que ministre de l’Église, il représente « la possibilité d’une transcendance, de l’action et de la présence créative de Dieu », autant pour ceux qui sont dans l’Église, que pour ceux qui n’y sont pas.
- Une fonction identitaire. Le pasteur est un repère dans la foi et peut aider chacun à enrichir sa vie spirituelle.
Selon les goûts et talents de chaque pasteur, les demandes de sa paroisse, sa pratique sera plus ou moins diversifiée. Il est aidé dans sa tâche par les laïcs.
« Il est coutume de dire, dans le protestantisme, que le pasteur est nécessaire au bien-être de l’Église et à son bon fonctionnement, mais non à son être même, à son fondement, ce qui est la thèse catholique. »(Raphaël Picon, op. cit.)
C’est pourquoi une paroisse peut vivre sans pasteur pendant un an ou deux.
Qui sont les pasteurs et comment vivent-ils ?
Selon les statistiques de la Fédération Protestante (novembre 2005), les Églises membres de la FPF comptent 1 942 pasteurs dont 201 femmes, pour 1 118 paroisses. Certaines paroisses importantes comptent plusieurs pasteurs et certains pasteurs n’ont pas de ministère en paroisse : les aumôniers, ceux qui travaillent à l’échelon national ou central de leur Église et ceux qui sont envoyés dans les œuvres et mouvements.
Les pasteurs français (hors Alsace, Moselle) sont rémunérés par leur Église et logés le plus souvent par leur paroisse. Leur salaire est inférieur au SMIC.
En Alsace et en Moselle, où les Églises sont sous le régime concordataire, les pasteurs sont payés par l’État et logés par l’Église. Leur salaire est un peu supérieur au SMIC.
Une étude du sociologue Jean-Paul Willaime, Profession pasteur (1986), recueille notamment les avis des pasteurs sur leur emploi du temps : Ils déclarent en moyenne un temps de travail de 60 heures par semaine, avec une très forte imbrication entre vie personnelle et vie professionnelle.
Leur temps d’activité se décompose, en moyenne :
- 26% en culte et actes pastoraux
- 18% en entretiens et visites
- 13% en enseignement
- 9% en administration de la paroisse
- 8% en travail de groupes
- 8% en temps de recueillement et de méditation
- 8% en travail théologique personnel et en formation continue
- 6% en engagements extra-paroissiaux
- 4% divers
Ces pourcentages sont théoriques et doivent être nuancés en fonction de chaque situation.
Les pasteurs peuvent avoir une vie de famille, se marier, avoir des enfants.