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Gabriel Monod (1844-1912)

Un universitaire brillant

Gabriel Monod (1844-1912)
Gabriel Monod (1844-1912) © S.H.P.F.

Né à Ingouville (Seine-Inférieure, aujourd’hui Seine-Maritime), il reçoit au sein de sa célèbre famille une éducation protestante libérale. Il entre à l’École Normale Supérieure dont il sort agrégé d’histoire, premier devant son ami Lavisse. Il poursuit ses études supérieures dans les universités allemandes de Berlin et Göttingen. Michelet, dont il est un grand lecteur, l’oriente vers les études historiques.

Sa carrière d’enseignant commence au lycée de Laval, puis rapidement il entre dans la toute nouvelle École Pratique des Hautes Études, dont il devient directeur adjoint (1877-1892), puis directeur d’études et enfin Président de la IV° section , celle des « Sciences historiques et philologiques ». En 1896 il devient Président de l’École. Maître de Conférence à l’École Normale Supérieure, dans la chaire d’histoire médiévale et moderne, il sera Professeur au Collège de France, membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques.

Un défenseur de Dreyfus

Un des premiers à prendre la défense du capitaine Dreyfus, il dira « que l’immense majorité, je dirais presque la totalité des protestants, qu’ils soient libéraux ou orthodoxes, sont dreyfusards ». La déclaration de Maurras illustre l’antiprotestantisme de l’époque : « il est de notre devoir de nous défendre contre les empiètements de cette influence métèque ».

Gabriel Monod a épousé en 1873 Olga Herzen, fille d’Alexandre Herzen, intellectuel, journaliste, écrivain et révolutionnaire russe. Olga avait été élevée et éduquée par Malwida von Meysenbug, descendante d’une famille de huguenots, grande figure du féminisme du XIX° siècle. L’une des filles de Gabriel et Olga, Germaine, épousa l’économiste Charles Rist. Peu de temps avant sa mort, Gabriel Monod disait du protestantisme : « je n’en ai pas gardé la croyance, mais au fond je suis un vieux huguenot ».

Une nouvelle conception de l'histoire

En 1876 il fonde la Revue Historique. Bon connaisseur de l’école historique allemande, il importe en France sa méthode de travail : séminaires, érudition, publications des sources. Il propose de fonder la recherche en histoire sur une méthode analytique et critique, Il s’oppose ainsi à Fustel de Coulanges dont il conteste les ardeurs nationalistes et s’ attire les foudres de Charles Maurras qui le considérait comme vendu à l’Allemagne .

Gabriel Monod illustre le rôle des intellectuels protestants dans la création de l’école républicaine. A la suite de Renan qui en 1871 publie « La défaite intellectuelle et morale », Monod dans « Allemands et Français » considère que c’est le maître d’école protestant allemand qui a gagné la guerre, maître d’école qui a œuvré dans une culture imprégnée des idées de la Réforme. Monod qui a traversé la guerre comme infirmier oppose le blessé allemand qui lit la Bible au blessé français qui ne lit pas (mais sait-il lire ?) et joue aux cartes.

Auteur : Françoise Nicolas

Bibliographie

  • Livres
    • CABANEL Patrick, Les Protestants et la République, Éditions Complexes, Bruxelles, 2000, p. 270

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