Un long dépérissement
On assiste à un long dépérissement de la population protestante au cours du XVIIe siècle.
Une première cause n’est pas religieuse, il s’agit des pestes qui ont provoqué une mortalité considérable dans les villes protestantes :
- à Montpellier en 1629-1630,
- à Anduze en 1650,
- à Montauban en 1653-1654,
- à Saumur en 1624 et 1631.
L’autre cause est politique et militaire. Des villes comme La Rochelle et Privas ont été lourdement sanctionnées lors des sièges. D’autres villes ont subi la perte de leur garnison après la paix d’Alès (1629). Des conversions au catholicisme ont aussi réduit la population protestante.
Vers 1660-1670, le protestantisme français est presque uniquement réformé. Il est globalement très minoritaire dans le royaume : environ 800 000 habitants, soit 4,5 % de la population française. Sa répartition n’est pas du tout homogène : la densité est beaucoup plus faible dans le Nord du royaume que dans le Midi et dans les régions atlantiques.
Le Nord de la France
C’est là que le protestantisme est le plus minoritaire, avec seulement 135 000 fidèles dans 171 églises. Il est le reliquat d’un protestantisme urbain et seigneurial qui a été particulièrement affecté par l’abandon du protestantisme par les nobles : ils ont cédé aux pressions de Richelieu, surtout après la paix d’Alès. Quelques noyaux de forte densité permettent cependant la survie du protestantisme.
Les régions atlantiques
La population protestante est de 293 000 fidèles dans 227 Églises. Elle est essentiellement rurale et peu implantée dans les grandes villes comme Poitiers et Bordeaux. L’exode rural des protestants vers les villes ne vient pas renforcer le protestantisme, car les protestants devenus citadins sont pour beaucoup récupérés par la reconquête catholique.
Le Midi de la France
La population protestante est de 369 000 fidèles dans 298 Églises. Son enracinement rural est très marqué. Il bénéficie du soutien des élites protestantes d’un réseau de villes plus ou moins importantes. Ces élites sont très présentes dans les institutions municipales et royales assurant la protection de l’Église dans leur circonscription administrative. Cet ensemble méridional comporte des îlots protestants fortement majoritaires, vestiges d’un ordre protestant.
Les campagnes protestantes résistent à la pression démographique catholique.
Il existe des isolats catholiques dans les zones à forte majorité protestante par exemple la vallée de Sumène dans les Cévennes. La situation des minorités catholiques est difficile pendant les périodes de trouble.
L'Alsace et le pays de Montbéliard
En Alsace, rattachée à la France en 1648 (Strasbourg en 1681), le protestantisme, surtout luthérien, est très implanté : à la fin du XVIIe siècle l’Alsace, qui était hors du champ d’application de l’édit de Fontainebleau, comptait environ 90 000 luthériens et 15 000 à 20 000 réformés.
Le pays de Montbéliard, qui ne sera rattaché qu’en 1793 à la France, est majoritairement luthérien.