Un éminent professeur de théologie à Strasbourg
Après des études de théologie et de philosophie à l’université de Strasbourg, Isaac Haffner les poursuit en Allemagne – Gottingen, Leipzig – et pendant deux années à Paris où il retrouve son ami Blessig. De retour à Strasbourg, il est pasteur à l’Église Saint-Nicolas et professeur à la faculté de théologie.
Considéré comme suspect du fait de son opposition à la déposition de Louis XVI, il est emprisonné dix mois sous la Terreur. Il reprend ses activités pastorales en 1795 et participe à la réorganisation de l’Église d’Alsace, mais son plan jugé trop hiérarchique n’est pas adopté.
En 1803, l’académie protestante ayant pris la place de l’ancienne université, Haffner y est nommé professeur, et en 1818, au moment de la fondation de la faculté de théologie, il en est nommé doyen. Les 30 000 livres de sa bibliothèque, la plupart annotés ou résumés de sa main, témoignent de sa grande culture.
Un homme d’action
Considéré, ainsi que son ami Blessig, comme « libéral », il récuse pourtant le rationalisme de cette génération adepte de la philosophie des Lumières. Mais alors que les tenants du mouvement du Réveil militent pour une rupture totale avec le rationalisme ambiant, Haffner, par ses prédications et écrits, est partisan d’un retour progressif à un christianisme plus exigeant. Pour modifier les convictions religieuses vagues et incertaines de ses paroissiens, il concentre son action sur la diffusion de la Bible : à son instigation, la Société biblique, créée en 1817, fit imprimer plus de 10 000 Nouveaux Testaments à distribuer dans les paroisses, action renouvelée à plusieurs reprises ultérieurement. Pour Haffner, le danger existe « de ne plus rien faire pour cultiver la vie religieuse et négliger l’éducation religieuse de la jeunesse ». En 1830, lors du cinquantenaire de son ministère, son rôle fut largement reconnu.