Du monde du droit à celui de l'édition
Né à Arras en 1520, Jean Crespin fait des études de droit à Louvain, pour devenir avocat dans sa ville natale (1542-1544). Mais il ne peut rester dans cette ville où il est poursuivi comme hérétique, ainsi que d’autres « hommes de droit », milieu particulièrement touché par les idées de Luther. Un procès lui est intenté qui aboutit à une sentence de bannissement le 28 mars 1545.
Il se dirige d’abord vers Strasbourg, puis vient à Genève où il obtient le droit de cité en 1548.
C’est alors qu’il quitte le domaine du droit pour devenir éditeur. Son activité dans ce secteur est très importante : il publie plus de 250 ouvrages en une vingtaine d’années.
Il meurt de la peste à Genève en 1572.
Crespin cumule toutes les fonctions liées à la production de l'imprimé : il est tout à la fois imprimeur, éditeur et libraire
Le monde de l’édition à Genève est considérable, il fait vivre plus de mille personnes, soit 5% de la population.
La maison d’édition fondée par Jean Crespin est parmi les plus prospères, avec celle des Estienne, venus eux aussi de France.
L’essentiel de sa production est dominé par des préoccupations religieuses :
Il s’agit d’abord d’éditions de la Bible en français, mais aussi dans d’autres langues vivantes (italien, espagnol, anglais), de celle du Nouveau Testament en latin (1552) et en grec (1553).
Crespin publie aussi les premières traductions en vers des psaumes dues à Théodore de Bèze (1551), des manuels liturgiques et catéchétiques, des récits historiques, des pamphlets anti-catholiques.
Si l’essentiel de son catalogue est consacré à la diffusion de la Réforme, il accorde néanmoins une place de choix – et une place croissante après 1564 – aux éditions profanes.
Il publie quelques ouvrages scolaires, des grammaires et des dictionnaires, des manuels de droit civil romain, mais il se consacre surtout à la poésie grecque. Dès 1558, il donne une édition de l’Illiade.
Le Livre des martyrs
Dès 1554, il publie Le livre des martyrs, monument de l’historiographie réformée, qui connut de nombreuses éditions, avec quelques changements d’orientation au fil des éditions.
Son but est de rappeler la mémoire de ceux qui sont morts pour leur foi. Ses récits se basent sur une documentation solide.
L’édition de 1564 s’oriente vers une tradition plus humaniste. Elle insère des gravures et des poèmes dans le texte.
Dans l’édition de 1570, l’accent est mis sur l’histoire de l’Église de France. Il crée un parallèle entre les victimes des persécutions en France et les martyrs de l’Église primitive.