Mission pastorale (juillet 1765-1786)
Rabaut Saint-Étienne, fils du pasteur Paul Rabaut, est né à Nîmes. Il a passé toute son enfance dans l’atmosphère d’insécurité et d’angoisse qui entourait les familles de pasteurs du Désert.
En raison de l’insécurité, le pasteur Rabaut envoie son fils à Lausanne en pension pour y poursuivre son éducation. Il y fait des études de théologie.
Il est consacré pasteur à Lausanne le 11 novembre 1764. Il est aussitôt appelé à Nîmes où il sera en poste, adjoint de son père.
L'émancipation des protestants (1786-1789)
Rabaut Saint-Étienne se consacre à une tâche essentielle : améliorer le sort de ses coreligionnaires. Pour ce faire, il se rend à Paris, entre en contact avec le marquis de La Fayette, désireux de mettre fin à la proscription des protestants français. Par l’intermédiaire de La Fayette, il rencontre le ministre Malesherbes, lui aussi favorable à la cause protestante. Obtenir pour les protestants un statut légal est un projet soutenu par plusieurs personnalités autour du roi Louis XVI, qui rédigent des mémoires à cet effet. À la fin de 1786, Rabaut Saint-Étienne en rédige un lui-même et tente de faire pression pour que le mémoire adopté soit le plus libéral possible.
Finalement, l’Édit des non-catholiques, dit édit de Tolérance, est signé par le Roi Louis XVI le 7 novembre 1787. Il est limité à l’état civil. Tout en regrettant ses limites, Rabaut Saint-Étienne se réjouit de la signature du texte et affirme : « La reconnaissance n’exclut point l’espérance, elle l’autorise ».
Le révolutionnaire
Rabaut Saint-Étienne a été membre de l’Assemblée Nationale et de la Convention.
Le 27 mars 1789, il est élu député du Tiers-État aux États Généraux, pour la sénéchaussée de Beaucaire ; il siège parmi les réformateurs constitutionnels. Pour lui, l’Assemblée Nationale doit rester fidèle à ses principes constitutifs : égalité et liberté, tout en maintenant le principe de royauté.
Il est très actif dans les débats portant sur la Déclaration des droits de l’homme (août 1789). Il rappelle ainsi que « la liberté de la pensée et des opinions » est « un droit inaliénable et imprescriptible », et que « les droits de tous les Français sont les mêmes ».
« Ainsi, Messieurs, les Protestants font tout pour la patrie ; et la Patrie les traite avec ingratitude : ils la servent en citoyens ; ils en sont traités en proscrits : ils la servent en hommes que vous avez rendu libres ; ils en sont traités en esclaves. Mais il existe enfin une Nation Française, et c’est à elle que j’en appelle, en faveur de deux millions de Citoyens utiles, qui réclament aujourd’hui leur droit de Français. Je ne lui fais pas l’injustice de penser qu’elle puisse prononcer le mot d’intolérance ; il est banni de notre langue , où il n’y subsistera que comme un de ces mots barbares et surannés dont on ne se sert plus, parce que l’idée qu’il représente est anéantie. Mais, Messieurs, ce n’est pas même la Tolérance que je réclame ; c’est la liberté ».
(Célèbre discours prononcé par Rabaut Saint-Étienne le 23 août 1789 à la tribune de l’Assemblée Nationale)
Les protestants sont ainsi réintégrés dans la communauté nationale à la faveur de la Révolution française. La liberté de conscience leur est accordée par la Déclaration des droits de l’homme, l’accès à tous les emplois civils et militaires le sera par le texte constitutionnel du 24 décembre 1789 et la liberté du culte, par celui du 3 septembre 1791.
L'exécution de Rabaut Saint-Étienne
En septembre 1792, Rabaut Saint-Étienne est nommé membre de la Convention.
Il siège aux côtés des Girondins qui incarnent alors une conception modérée par rapport aux tendances extrémistes encouragées par Robespierre ou Marat.
Il combat la mise en jugement de Louis XVI et vote pour l’appel au peuple et le sursis.
L’opposition girondins-montagnards s’envenime. Le 2 juin 1793 les girondins sont exclus de l’Assemblée et Rabaut se cache.
Arrêté le 5 décembre 1793, Rabaut Saint-Étienne est traduit devant le tribunal révolutionnaire et exécuté.