Un contestataire de l'Église établie
Né dans une famille de petite noblesse du Yorkshire, John Wyclif fait de brillantes études à Oxford, scientifiques d’abord puis théologiques et il devient docteur en 1372. Il est professeur à Oxford puis entre au service du roi d’Angleterre.
À partir de 1374, il publie par fascicules une véritable somme théologique dans laquelle il expose sa doctrine :
- la hiérarchie ecclésiastique : la véritable Église est l’Église invisible des chrétiens en état de grâce. S’ils sont en état de péché mortel, les membres de la hiérarchie, et le pape lui-même, en sont exclus. Wyclif préconise même le tirage au sort de la dignité pontificale. Dieu exerce directement, sans l’intermédiaire du pape, son droit sur les biens terrestres ; les rois n’ont de comptes à rendre qu’à Dieu seul ;
- la Bible est l’autorité suprême ;
- les indulgences : un péché ne peut être pardonné sans qu’il y ait expiation et c’est Dieu seul qui pardonne ;
- en revanche, Wyclif maintient le dogme de la présence réelle du Christ dans la communion.
On reproche à Wyclif de semer le désordre social. Sa doctrine est condamnée en 1382 par trois synodes tenus à Londres par les dominicains, mais lui-même n’est pas excommunié.
Ses idées se répandent partout grâce aux lollards
Wyclif envoie de sa propre autorité ses disciples prêcher dans le royaume d’Angleterre ; ils sont appelés «lollards». Ceux-ci sont largement écoutés.
Leurs prédications contribuent, dans le Sussex et le Kent, à une révolte des paysans qui, massacrant nobles et clercs, envahissent Londres en 1381. Cette révolte est durement réprimée.
Leurs « Douze Conclusions » (1395) condamnent l’Église établie, les sacrements, les prières pour les morts, la confession. Les lollards veulent la pratique d’une foi simple et « évangélique » : tout homme doit avoir le libre accès aux Écritures dans sa propre langue. On doit aux lollards deux traductions de la Bible en anglais.
En 1401 un décret anglais condamne les hérétiques lollards au bûcher.
Une influence posthume
Les idées de Wyclif ont un rayonnement considérable en Angleterre et hors d’Angleterre, particulièrement à Prague et dans toute l’Europe centrale, où elles inspirent Jan Hus.
Longtemps après sa mort, le concile de Constance en 1415 le condamne comme hérétique. En 1428, ses ossements sont déterrés, brûlés et jetés dans la rivière Swift.
Le mouvement lollard annonce certaines idées de la Réforme et dispose favorablement l’opinion à accueillir la séparation de l’Église d’Angleterre d’avec Rome, décidée par Henri VIII en 1534.