Un théologien de langue allemande de portée internationale
Né à Bâle, Karl Barth a fait l’essentiel de ses études de théologie en Allemagne, se formant ainsi à toutes les avancées de l’exégèse biblique. A l’époque en effet, l’École historico-biblique avait largement contribué à remettre les écrits bibliques dans leur contexte historique, procédant aussi à une démythologisation.
Mais au moment de la guerre de 1914, alors qu’il est pasteur en Suisse alémanique, Barth ressent toutes les limites éthiques d’une prédication qui se concentre surtout sur « l’opinion que l’homme se fait de Dieu ». Si l’exégèse a toute son importance, elle s’intéresse peu aux situations exposées dans les textes bibliques, à la dynamique qui leur est propre. Ne faudrait-il pas aussi porter une attention particulière à un contenu qui est lui-même une forme de prédication ? Autrement dit ne faut-il pas se rendre attentif aux témoignages dont ces textes sont dépositaires, c’est-à-dire à « l’opinion que Dieu porte sur les hommes » ? Ce retournement dialectique est au fondement du ministère de Barth, de son œuvre, de ses engagements.
Avec son premier grand livre, un commentaire de l’Épître aux Romains (1ère édition allemande 1919), Barth s’engage dans une théologie dialectique, c’est-à-dire une théologie qui s’intéresse simultanément à Dieu, « parce qu’il est le Dieu de l’homme » et à l’homme « parce qu’il est l’homme de Dieu ». Au début des années Trente, il s’engage dans la rédaction de la monumentale Dogmatique ecclésiastique, laquelle l’a occupé jusqu’en 1967. Il a aussi rédigé de nombreux articles. Et bien qu’universitaire, il a toujours eu une intense activité de prédicateur.
Karl Barth fut dès 1933 un actif résistant au nazisme. Il a notamment été l’un des rédacteurs du manifeste de l’Église confessante, voté lors du synode libre de Barmen en 1934.
Après 1945, et lors de la guerre froide, Barth s’engage sur de multiples fronts. Il est aussi très admiratif des travaux menés par l’Église catholique au moment du Concile Vatican II.
Mais au moment de sa mort, en 1968, dans un monde qui paraît mieux assuré de son devenir, les exigences éthiques de Barth, semblent à beaucoup devoir être reformulées. Le débat qu’il a ouvert est pourtant bien loin de s’éteindre.
C’est le pasteur Pierre Maury qui a le plus activement introduit la pensée de Barth en France.