Une suite de désastres
L’Occident est particulièrement éprouvé par une suite de désastres :
- la guerre de Cent Ans qui s’achève en 1453,
- la peste noire qui ravage l’Europe de 1346 à 1353 (25 millions de morts) pour reprendre sporadiquement, notamment vers 1478 à Venise,
- la prise de Constantinople par les Turcs ottomans en 1453 qui marque la chute de l’Empire romain d’Orient (Empire byzantin), sans que l’Occident soit venu à son secours.
Les esprits sont troublés par la crainte de la mort et le souci du salut. Ces thèmes sont illustrés dans les églises par des danses macabres et des représentations du jugement dernier. Les fidèles se tournent vers la Vierge et les saints, chacun d’eux étant censé apporter une protection particulière, par exemple saint Roch, saint Gilles et saint Adrien contre la peste.
La croyance au purgatoire, lieu intermédiaire entre paradis et enfer, conduit l’Église à accorder des indulgences pour en abréger le séjour.
Des idées nouvelles et l’imprimerie pour les diffuser
Christophe Colomb découvre l’Amérique en 1492, ce qui ouvre de nouveaux horizons sur la représentation du monde et stimule le commerce maritime.
La Renaissance, apparue en Italie à partir de 1493, révolutionne le monde des arts.
Elle est accompagnée par le mouvement humaniste qui réveille l’intérêt pour l’antiquité et ses textes anciens en grec et en hébreu, en particulier ceux de la Bible.
La mise au point de l’imprimerie par Gutenberg en 1450 permet une diffusion de masse des idées nouvelles en langues vernaculaires et à des prix beaucoup plus abordables que par les manuscrits.
Un clergé déconsidéré
Les prêtres sont pauvres et peu instruits, tandis que le haut clergé vit généralement dans l’opulence grâce aux revenus des charges ecclésiastiques. Beaucoup d’évêques ne résident pas dans leur diocèse et se reposent sur leurs vicaires généraux. Certains sont attirés par la politique et entrent au service des rois.
Les monastères sont nombreux mais le relâchement de la discipline et des mœurs entament leur prestige.
L’image de la papauté sort éprouvée par le Grand schisme d’Occident, au cours duquel s’affrontent plusieurs papes entre 1378 et 1417, et par la suprématie des conciles sur la papauté proclamée au concile de Constance. Elle est également ébranlée par les conflits périodiques entre les papes et les souverains en Occident.
La Renaissance s’accompagne de mécénat au profit des arts. Les papes y participent : Jules II fait travailler Michel-Ange. Mais cela coûte cher. L’Église a besoin d’argent, notamment pour la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome, d’où la vente des indulgences, ce qui scandalise Luther.
Au cours de cette période longue de deux siècles, beaucoup de voix se font entendre pour réclamer une réforme de l’Église, y compris dans le clergé mais la réponse ne vient pas.
Pour préserver son autorité, l’Église préfère condamner. C’est le cas pour les plus véhéments des critiques : les Vaudois, Wyclif, Jan Hus. Les quelques tentatives de réforme échouent en raison principalement de la rivalité d’autorité entre le pape et les conciles. Le concile de Latran (1512-1517) se heurte à l’indifférence du pape Léon X.
Il faut finalement attendre la propagation de la Réforme, à partir de 1517, pour que l’Église en vienne à se réformer de l’intérieur : c’est l’œuvre du concile de Trente (1545-1563).