L'institution de la religion chrétienne
Né une génération après Luther et Zwingli, la tâche de Calvin n’est pas d’offrir des idées originales, mais d’agencer la vision nouvelle de ses prédécesseurs en un ensemble cohérent. La clarté de l’exposition doctrinale de Calvin aide au rayonnement de sa pensée.
Il reprend le message essentiel de Luther sur le salut gratuit en Jésus-Christ pour celui qui croit. Comme lui, il proclame donc la justification par la foi seule, sola fide, et non par les œuvres. Mais tandis que Luther centre son message sur Jésus-Christ, Calvin, dans la mouvance de Zwingli, le centre davantage sur Dieu, à qui revient toute gloire (Soli Deo gloria, à Dieu seul la gloire).
La doctrine de la gratuité du salut va peu à peu se préciser sous la forme de la double prédestination : Dieu élit les uns pour être sauvés, les autres pour être damnés. Dans cette doctrine les Réformés ont puisé une grande force. Elle est pour eux source de joie dans la mesure où le fidèle reconnaît le fait qu’il a été élu par Dieu à travers la foi qui l’anime. Calvin insiste sur la déchéance de l’homme depuis le péché originel, afin d’exalter la grandeur de Dieu et la grâce du salut.
Comme Luther, Calvin affirme que l’Écriture est le seul fondement de la vérité, sola scriptura. Mais il l’étudie avec les méthodes des humanistes.
Il rejette, comme Luther et Zwingli, le purgatoire, les prières pour les morts et le culte des saints qui, pour lui, n’ont aucun pouvoir d’intercession.
Les ordonnances ecclésiastiques
Calvin garde deux sacrements : le baptême et la Cène. Il se sépare de Luther sur la doctrine de la Cène. Tous deux refusent la doctrine catholique de la transsubstantiation. Mais pour Luther, le Christ est présent dans le pain et le vin de la communion. Pour Calvin, le Christ est présent spirituellement pendant la célébration de la Cène. Comme le corps du croyant est nourri par le pain et le vin, son âme est nourrie spirituellement par le Corps du Christ. Ces deux événements ont lieu conjointement.
Calvin précise son ecclésiologie dans les Ordonnances ecclésiastiques promulguées à Genève en 1541.
Il règle l’organisation de l’Église et son rapport avec les autorités civiles. Ce sont les bases de l’Église réformée qui subsistent encore aujourd’hui avec ses quatre ministères : les pasteurs, les docteurs, les anciens, les diacres.
Calvin distingue le pouvoir de l’Église et celui du gouvernement civil. L’Église obtient une certaine autonomie par rapport à l’État