Une guérilla religieuse
À la révocation de l’édit de Nantes en 1685, les temples protestants ont été détruits, les pasteurs exilés. Des laïcs prennent la relève, prédicants qui assurent la prédication dans des assemblées clandestines puis prophètes qui parlent sous l’inspiration de l’Esprit. Dans le Languedoc, face à une répression impitoyable, ces prophètes appellent à la révolte.
L’événement déclencheur de la guerre est l’assassinat de l’abbé du Chayla au Pont-de-Montvert le 24 juillet 1702. L’abbé du Chayla est inspecteur des missions dans les Hautes Cévennes. Ces missions tentent de convertir les protestants cévenols. Son zèle anti-protestant lui attire une grande animosité. La guerre proprement dite, ne dure que deux ans mais elle mobilise deux maréchaux de France et 25 000 soldats. Les Camisards font subir quelques défaites aux troupes royales. Leurs chefs les plus prestigieux sont Rolland et Jean Cavalier.
En mai 1704, après une défaite, Jean Cavalier accepte de négocier avec le maréchal de Villars. Il se rend et peut quitter la France. Parmi les autres chefs camisards certains sont tués, d’autres se rendent. Ils négocient avec le maréchal de Villars en ordre dispersé. Des tentatives pour relancer l’insurrection ont lieu jusqu’en 1710. Elles échouent toutes.
Qui sont ces camisards qui mettent en échec pendant près de deux ans les troupes de Louis XIV, une des meilleures armées d’Europe ? Des paysans ou artisans cévenols répartis en petites troupes par région avec des cadres permanents et des soldats occasionnels. Leurs chefs sont pour la plupart très jeunes et n’ont aucune formation militaire. Leur parfaite connaissance du terrain et le soutien de la population rendent cette guérilla efficace. La violence est extrême tant du côté camisard que de celui des troupes royales qui vont jusqu’à brûler des villages entiers. Le pays est mis à feu et à sang. Cette guérilla a une visée essentiellement religieuse : rétablir la liberté de culte. Au sein des troupes camisardes, une intense activité religieuse se développe : cultes clandestins, chant des psaumes, prières animées par des prédicateurs improvisés ou des prophètes. Les prophètes cévenols ont un rôle important dans cette guerre puisque c’est sous leur inspiration que sont déclenchées attaques ou opérations militaires. C’est pourquoi certains ont pu parler de « guerre sainte ».