Une retombée du concile Vatican II
C’est au moment du concile Vatican II que le projet d’une traduction œcuménique de la Bible se fait jour en France. Les progrès de l’exégèse, le fait que la lecture de la Bible devienne une pratique encouragée pour les fidèles de l’Église catholique, le fait aussi que les dominicains souhaitent réviser la traduction qu’ils avaient proposée en 1957, dite Bible de Jérusalem, sont autant d’éléments favorables qui convergent pour lui donner rapidement forme.
En 1961, une quarantaine de biblistes et de théologiens se mettent au travail, parmi lesquels, du côté catholique, le père Refoulé, le père Dubarle, le père Geoltrain, Annie Jaubert, du côté protestant, Pierre Bonnard, Pierre Prigent, Marc-Alain Chevallier. Le pasteur Jacques Maury préside le comité d’organisation dont le père François Refoulé (1922-1998) et le pasteur Georges Casalis (1917-1987) sont les Secrétaires généraux. Les traductions sont relues et retravaillées avec des théologiens. Toutes sont pourvues de notes. Certaines donnent les raisons du choix d’un mot plutôt que d’un autre. D’autres enrichissent les références historiques et rappellent des controverses désormais surmontées.
Pour commencer, la traduction de l’Épître de Paul aux Romains
C’est d’abord la traduction du Nouveau Testament qui est entreprise. Le premier texte en chantier est celui de l’Épître de Paul aux Romains. C’est là une sorte de test. L’Épître aux Romains a été en effet, depuis saint Augustin, l’objet d’interprétations très diverses. Au moment de la Réforme, elle a opposé fortement protestants et catholiques.
La traduction paraît en 1967 conjointement aux éditions du Cerf et aux éditions les Bergers et les Mages.
Le succès de cette première collaboration a permis de valider l’ensemble du projet. La traduction de l’ensemble du Nouveau Testament est achevée en 1972. Les éditions du Cerf (du côté catholique) la publient avec les notes intégrales des traducteurs et des théologiens, tandis que les Bergers et les Mages (du côté protestant) préfèrent ne retenir que certaines d’entre elles, dites notes essentielles. L’usage de cette traduction se répand assez vite dans la vie des paroisses. Mais il n’est pas exclusif : la version synodale, dite Ostervald, et celle de Louis Segond (1880) en milieu protestant, celle de la Bible de Jérusalem ou du chanoine Crampon en milieu catholique restent des références. Et bien sûr d’autres traductions ont été engagées depuis.
Puis la traduction œcuménique de l’Ancien Testament
La traduction de l’Ancien Testament est achevée et publiée en 1975. Le texte de travail retenu est la version massorétique du canon de la Bible hébraïque, établie et vocalisée au 7ème siècle (après J.C.). Elle est acceptée par les catholiques et les protestants.
Les orthodoxes, eux, sont réservés vis-à-vis de ce choix. En effet, ils ont toujours privilégié l’édition de la Septante, établie et traduite en grec par l’École d’Alexandrie. Et ils ont de ce fait utilisé dans leur liturgie des textes dits deutérocanoniques, car ils n’appartiennent pas au canon de la Bible hébraïque, n’étant pas écrits en hébreu. Une réédition en 2004 contient une révision des notes. Celle de 2010 ajoute les livres deutérocanoniques en usage dans l’orthodoxie.
Parce qu’aucune traduction ne peut être considérée comme définitive, d’autres révisions sont probables.
Jusqu’à présent, il n’existe pas d’autre traduction œcuménique de la Bible que la française.