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La vie sous l’occupation allemande pendant
la Grande Guerre

Au cours de la Première Guerre Mondiale, les protestants français du Nord et de l’Est du pays connaissent une situation particulière : ils font face à l’envahisseur allemand, familier par la religion et souvent par des liens familiaux. La vie sous l’occupation allemande est extrêmement difficile.

Les protestants dans les zones occupées

Carte en faveur des Églises envahies (1916)
Carte en faveur des Églises envahies (1916) © Collection privée
Carte en faveur des Églises envahies (1916)
Carte en faveur des Églises envahies (1916) © Collection privée

Dès septembre-octobre 1914, les troupes allemandes envahissent le Nord-Est de la France : elles occupent dix départements en partie ou en totalité, du Nord et du Pas-de-Calais jusqu’aux Vosges.

La vie sous l’administration militaire allemande est rude : les ordonnances allemandes sont strictes, interdisant notamment de communiquer avec les zones libres comme avec les villes occupées sous peine de mort. Les habitants sont soumis à une surveillance étroite des autorités : pour chaque déplacement, les habitants doivent obtenir une autorisation.

La vie religieuse en est bouleversée : les paroissiens disséminés ne peuvent que très rarement participer aux cultes ; les inhumations ne peuvent être faites qu’en présence de soldats allemands ; les réunions au temple sont interdites en dehors des cultes.

Les laïcs prennent une part plus active dans la vie religieuse : en 1915, à Lille, des « cultes laïques » sont mis en place en l’absence de pasteur. Un regain patriotique gagne les protestants français, malgré les liens familiaux ou religieux qui peuvent les unir aux Allemands. La guerre favorise également, en certains lieux, des rapprochements entre catholiques et protestants.

A plusieurs reprises au cours du conflit, les autorités allemandes ordonnent le déplacement des habitants de certains secteurs de la zone occupée, détruisant le plus souvent les édifices protestants comme les habitations.

Les pasteurs dans les zones occupées

La plupart des pasteurs sont appelés au front, mais une minorité d’entre eux, souvent réformée ou trop âgée pour être mobilisable, demeure à leur poste. Grâce à l’intervention des aumôniers allemands, les pasteurs français obtiennent les autorisations de se déplacer sur leurs lieux de culte, mais rarement vers d’autres Églises que la leur.

Un partage des lieux de culte s’opère avec l’occupant allemand. Aumôniers militaires et officiers allemands assistent le plus souvent aux cultes français. En plusieurs villes, les aumôniers allemands font installer des sapins dans le temple pour les fêtes de Noël, mais célèbrent le culte de leur côté. Parfois le temple est privatisé sans prévenir par l’occupant, pour des fêtes qui lui sont propres, comme l’anniversaire du Kaiser.

En juin 1917, alors que le repli allemand en 1917 donne lieu à une destruction totale de la partie délaissée, certains pasteurs obtiennent l’autorisation d’un rapatriement vers la France de quelques centaines d’hommes non mobilisables, de malades, de femmes et d’enfants. Le comité protestant d’entraide pour les régions envahies, fondé en 1915, prend alors en charge les rapatriés.

Reconstruire l’Église

Les protestants en zone occupée ont eu un destin semblable au reste de la population française. Les conséquences sont terribles pour les Églises réformées. Conséquences humaines tout d’abord : aux soldats tombés aux combats s’ajoutent les civils disparus et les très nombreuses familles déracinées par les évacuations. Conséquences matérielles ensuite : les populations vivent dans le dénuement, comme les paroisses. Les temples détruits sont reconstruits ou réparés entre 1920 et 1925, souvent grâce à la générosité des Églises protestantes étrangères. La reconstruction spirituelle commence sous l’impulsion d’une nouvelle génération de pasteurs soucieux d’évangéliser le monde ouvrier.

 

 

Auteur : Rachid Oumansour

Avancement dans le parcours

Bibliographie

  • Livres
    • BONIFACE Xavier, Histoire religieuse de la Grande Guerre, Fayard, Paris, 2014
    • DUMAS-TROCME Louise , Saint-Quentin sous le joug allemand, Ampelos, 2016
  • Articles
    • WISCART Jean-Marie, « Les protestants en France septentrionale occupée pendant la Grande Guerre », Bulletin, Société de l’Histoire du Protestantisme Français, paris, 2014, Tome 160, p. 245-277

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