Les persécutions contre les protestants
Les persécutions contre les protestants connaissent pendant la seconde moitié du XVIIIème siècle une atténuation progressive, allant dans certaines régions jusqu’à une forme de tolérance, à la condition d’une stricte discrétion de leur part dans l’exercice du culte.
On note cependant en 1761-1762 – pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763) entre, d’un côté la France et l’Autriche, de l’autre l’Angleterre et la Prusse, et de la crise économique qu’elle provoque – un regain de répression dans la région de Toulouse. Ceci pour des raisons inconnues, dans lesquelles interviennent la crise économique, des peurs sociales et confessionnelles, et une série de hasards dont la restauration de la procession annuelle célébrant la victoire des catholiques de Toulouse en 1562.
C’est à cette période que se situent les affaires Calas, Sirven et Rochette.
Jean Calas accusé, jugé, condamné et exécuté
Jean Calas (1698-1762) est un marchand d’étoffes protestant de Toulouse. Sa maison existe toujours au 50 rue des Filatiers. Son fils aîné, Marc-Antoine est retrouvé étranglé dans la maison familiale le 13 octobre 1761 ; la famille devient suspecte, lorsqu’elle reconnaît, au bout de trois jours, avoir détaché le corps qui était pendu (en fait, pour lui éviter le triste sort réservé aux suicidés : être traîné face contre terre à travers la ville, puis jeté aux ordures).
David de Baudrigue, conseiller au tribunal des capitouls de Toulouse, mène une enquête exclusivement à charge sans la moindre preuve, en se fondant sur des ragots de voisinage, selon lesquels Marc-Antoine aurait été assassiné par sa famille car il voulait se convertir au catholicisme.
Jean Calas est soumis à la question, mais n’avoue rien, et le 10 mars 1762 il est roué vif, (c‘est à dire que ses membres sont brisés sur une roue où son corps reste exposé), puis étranglé et brûlé place Saint-Georges. Son second fils est banni, ses filles enfermées dans un couvent et les biens de la famille confisqués.
Interventions de La Beaumelle et de Court de Gébelin
L’auteur et journaliste protestant La Beaumelle, qui joue à l’époque un rôle important dans la bataille pour la tolérance religieuse, est le premier à prendre la défense de Calas en condamnant la légende, sur laquelle se fonde l’accusation, selon laquelle les protestants auraient ordre d’assassiner ceux d’entre eux qui voudraient revenir au catholicisme.
Court de Gébelin intervient ensuite en mémoire de Calas, dans son ouvrage Les Toulousaines, paru en 1763.
Intervention de Voltaire
Dès la fin de mars 1762, Voltaire, mis au courant de l’affaire, enquête.
Tout en publiant son Traité sur la tolérance (1763), Voltaire obtient, à force de démarches, que l’affaire soit portée devant le Conseil du roi, lequel admet la requête de madame Calas en faveur de l’innocence de son mari, puis la cassation de l’arrêt du parlement de Toulouse le 4 juin 1764. La réhabilitation de Calas et de sa famille intervient en 1765.
Une collecte est faite en la faveur de la famille, à laquelle participe le roi Louis XV lui-même, et une pension lui est accordée.
Le parlement de Toulouse ne reconnaît pas son erreur, le conseiller Baudrigue est cependant exclu et finit par se suicider.