L'Alsace entre 1871 et 1914
L’annexion au IIe Reich de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine – la Moselle – a été pour la population un choc considérable. Ce 26e Land est gouverné directement par la Prusse, qui impose ses lois à toutes les structures et institutions.
Les Alsaciens sont partagés : rester, c’est prendre la nationalité allemande, partir, c’est rompre avec tout leur passé. Plus de 50 000 Alsaciens (essentiellement cadres, professions libérales, intellectuels) partent pour la France ou la Suisse.
L’aphorisme « catholiques français, protestants allemands » n’est pas entièrement faux, beaucoup de protestants se ralliant au régime, à l’exception des élites économiques et des « libéraux » qui continuent à parler français.
L’activité religieuse, dans le cadre de l’Église luthérienne évangélique allemande, est marquée par l’essor des réalisations sociales. La Faculté de théologie protestante de Strasbourg a une grande renommée, accrue par la forte personnalité d’Albert Schweitzer.
L'Alsace pendant la guerre 1914-1918
Cette période est particulièrement difficile. 250 000 Alsaciens sont enrôlés dans l’armée allemande, puis envoyés sur le front russe. Véritable dictature, toutes les libertés publiques sont supprimées. Cependant, près de 18 000 Alsaciens combattirent du côté français.
La réintégration de l'Alsace - Lorraine après 1918
L’entrée des troupes françaises est accueillie avec enthousiasme. Mais les malentendus apparaissent rapidement : les Français de « l’intérieur » ne connaissent pas les profondes transformations introduites par le régime allemand, en particulier la nouveauté que représentent les premières mesures de décentralisation. Le jacobinisme parisien met en place une succession d’administrateurs peu au fait des spécificités alsaciennes. L’idée d’introduire en Alsace, restée liée au concordat napoléonien, la législation française qui, depuis 1905, règle la séparation des Églises et de l’État suscite une opposition considérable, favorisant l’autonomisme.
L'Alsace pendant la guerre de 1939-1945
La déclaration de guerre entraîne l’évacuation du tiers de la population alsacienne dans le Sud de la France. L’Alsace est annexée de fait au IIIe Reich, et l’administration civile, dépendant directement de Hitler, se révèle particulièrement violente. Le parti nazi , officialisé en 1941, étend sa politique anti-chrétienne, supprime le régime du concordat de 1801, et les Églises deviennent des sociétés religieuses de droit privé. A partir de 1942, c’est l’incorporation forcée d’Alsaciens dans la Wehrmacht (« les Malgré Nous »), avec leur envoi sur le front russe. La terreur s’abat sur l’Alsace. Le sinistre camp de Schirmeck est synonyme de torture, et le camp de concentration de Struthof s’aligne sur les autres camps de la mort.
Nouvelle réintégration : l'Alsace -Lorraine à partir de 1945
La Libération (novembre 1944 – mars 1945) rétablit la légalité républicaine, tout en maintenant les spécificités alsaciennes d’entre les deux guerres : régime concordataire des cultes, statuts scolaires, droits d’associations.
L’épuration va poser de difficiles problèmes, et tourne souvent à des règlements de compte, parfois entre catholiques et protestants, les premiers accusant les seconds d’avoir été collaborateurs. Les Alsaciens qui ont été incorporés de force, ces « Malgré Nous » qui reviennent du front russe, sont humiliés. Heureusement, l’action de préfets efficaces connaissant l’Alsace évite les erreurs d’après 1918. Ils stimulent la reconstruction et la reprise économique.
Jusqu’à la fin de ce XXe siècle si tragique, on peut noter un lent déclin de l’influence religieuse. Mais si le nombre de protestants pratiquants diminue, la communauté reste très active dans les domaines économiques et universitaires. Par ailleurs, après 1968, de jeunes pasteurs donnent une vitalité certaine à la Faculté de théologie de Strasbourg.
Les orientations essentielles de cette époque sont l’œcuménisme pour lequel les Églises d’Alsace s’engagent activement , et la construction européenne vers laquelle l’Alsace se tourne résolument.