L'origine du CASP
D’après les Articles Organiques (1802), les Églises protestantes réformées, groupées en consistoires, peuvent organiser des actions de bienfaisance. C’est ce que font les paroisses du Consistoire de Paris, chacune s’occupant de « ses pauvres » grâce à son service d’entraide ou diaconat. En 1816, sous la Restauration, elles fondent une Délégation générale des diaconats qui a pour objet de subvenir aux insuffisances des diaconats pauvres et d’aider au placement des vieillards et des infirmes dans des asiles.
La loi de séparation des Églises et de l’État (1905) oblige les Églises à se consacrer uniquement au culte. Les paroisses réformées se constituent en associations cultuelles et la plupart d’entre elles suscitent la création d’associations distinctes, dites alors de bienfaisance, aujourd’hui appelées diaconales ou d’entraide. En août 1905, quelques mois avant le vote de la loi et pour s’y préparer, le Consistoire de Paris crée l’Association de bienfaisance parmi les protestants réformés de Paris dont le siège est à la maison presbytérale de l’Oratoire du Louvre. Cette association est reconnue d’utilité publique dès avril 1906, conformément aux engagements pris par les pouvoirs publics pour faciliter la dissociation des activités cultuelles et des activités diaconales. Elle a pour objet de venir en aide aux protestants réformés domiciliés à Paris ou en région parisienne et de contribuer à toutes les formes de service social auprès des familles protestantes. Elle admet les subventions de l’État et peut avoir des agents rétribués.
La Délégation générale des diaconats ne disparaît pas pour autant. En 1907, elle prend le nom de Délégation générale des diaconats réformés de la Seine : c’est une union de diaconats sans existence juridique. Ses ressources proviennent de l’Association de bienfaisance, de deux collectes par an et de dons après cérémonies dans les Églises locales du Consistoire de Paris.
En 1956, le Consistoire de Paris, l’Association de bienfaisance et la Délégation générale créent le Centre d’Action Sociale (CAS) , une sorte de diaconat régional fondé pour pouvoir mettre une assistante sociale à disposition des Églises locales.
En 1968, l’Association de bienfaisance modifie ses statuts et devient l’Association d’entraide.
En 1979, le synode régional de l’Église Réformée de France souhaite que le CAS soit un organisme de formation et d’information : il a vocation à être une cellule de travail et non un organisme d’action sociale sur le terrain.
Depuis la création du CAS, il existait donc trois institutions différentes, mais intimement liées. Des simplifications apparaissent nécessaires. En 1981, l’Association d’entraide succède au CAS et devient le Centre d’Action Sociale Protestant en région parisienne (CASP-RP), tout en conservant sa reconnaissance d’utilité publique.
L’évolution des activités du CASP
Initialement consacrée au soutien des seuls membres en difficulté des paroisses protestantes parisiennes, l’activité du CASP s’est ouverte à compter de la fin des années 1960 aux non-protestants et à l’aide à toute personne en situation de rupture, sans aucune distinction. L’objet du CASP est ainsi statutairement « d’accueillir, aider, conseiller, accompagner, soutenir, sans distinction de religion, de race, d’idéologie ou de nationalité ceux qui le consultent en raison de difficultés d’ordre moral, psychologique, juridique, matériel, économique ou spirituel ».
La croissance et la professionnalisation de ses activités se sont fortement accélérées depuis les années 1980 dans le contexte de la montée de la nouvelle pauvreté, puis dans celui de la crise économique de 2008. À l’origine essentiellement axé sur les questions d’hébergement et de logement (accompagnement des SDF, de la mise à l’abri en urgence au logement définitif, selon un parcours adapté à chacun), le CASP a été conduit à développer progressivement des services spécialisés sur d’autres dimensions de l’insertion, notamment dans le domaine de la formation et de l’emploi, et de s’ouvrir à de nouveaux publics, notamment les familles monoparentales avec jeunes enfants. C’est ainsi aussi qu’il crée, à Paris au début des années 2000, la Coordination des familles demandeuses d’asile (CAFDA), la plus importante plate-forme en France d’accueil de demandeurs d’asile.
Des rapprochements avec d’autres associations – membres comme lui de la Fédération de l’entraide protestante et partageant les mêmes valeurs – ont élargi les compétences de l’association :
– le CASP a fusionné en 2016 avec l’association La Clairière, créée en 1911 par le pasteur Wilfred Monod, pour exercer une action sociale auprès des habitants du quartier des Halles : gestion d’un centre social, prévention de rue auprès des jeunes, entreprise d’insertion par l’activité économique.
– il a ensuite fusionné en 2017 avec l’association ARAPEJ (Action Réflexion Prison Justice), créée en 1976 par le pasteur Alain Hoibian, aumônier de prison, qui gérait notamment des centres d’hébergement pour sortants de prison et personnes sous-main de justice en région parisienne, des activités de réinsertion à leur intention et un Numéro vert national de conseils juridiques pour les détenus et leurs familles.
À l’origine essentiellement parisien, le CASP a ainsi accru et diversifié ses activités et il est devenu présent dans toute l’Ile-de-France, à l’exception des Yvelines et du Val d’Oise.
Avec ses 517 salariés et ses 235 bénévoles au sein de 65 services structurés en trois branches – accès aux droits, accès au logement, accès à la vie sociale – le CASP a effectué en 2017 l’accompagnement de plus de 71 000 personnes, dont 11 000 demandeurs d’asile en famille et 1 600 réfugiés. Il a aussi assuré l’hébergement ou le logement de 4 288 personnes, soit 788 000 nuitées.
L’ancrage dans le protestantisme
Lors de sa création, l’Association de Bienfaisance avait pour objet statutaire l’aide aux protestants réformés. Après la Seconde guerre mondiale, les aides sociales de l’État se sont mises en place, tandis que les protestants réformés jouissaient d’une relative prospérité économique et que peu d’entre eux avaient besoin d’aide.
Fallait-il garder l’objet de l’Association ou répondre à la demande pressante de personnes non protestantes vivant dans la rue ? La question s’est posée après les chocs pétroliers survenus à partir de 1973, lorsque l’Association a commencé à recevoir des personnes sans travail, immigrées ou victimes de licenciements économiques. Devant l’urgence sociale, le CASP a opté pour la seconde option, dès sa création en 1981.
Il en est résulté un malentendu avec les diaconats, lorsque ceux-ci se sont eux-mêmes trouvés confrontés à des situations de détresse, sans que le CASP puisse les aider.
Le CASP, soucieux de son ancrage dans le protestantisme, s’est alors efforcé de renforcer ses liens avec les diaconats des Églises protestantes – surtout luthériennes et réformées – de la région parisienne, conjointement avec le service diaconie de l’Église protestante de France en région parisienne et la Fédération de l’entraide protestante.
De leur côté, plusieurs diaconats d’Églises locales luthériennes et réformées sont membres du CASP, lui font des dons ou encore accueillent le dimanche à déjeuner des personnes envoyées par le CASP : ce sont les Tables du CASP.
Le CASP est également soutenu par les dons individuels et le bénévolat de nombreux membres des Églises protestantes d’Ile-de-France.
Conformément à sa Charte et à son projet associatif « Ensemble, un nouvel élan pour combattre l’inacceptable », le CASP enracine ses actions d’abord dans l’Évangile et dans la conviction de son message libérateur qui a été au fondement de sa création.
Bien que le CASP soit à vocation laïque, son Conseil d’administration est statutairement composé de 24 membres qui doivent obligatoirement appartenir à une Église, œuvre ou mouvement membre de la Fédération protestante de France. Longtemps dirigé par un pasteur, il est composé en 2018 de 4 pasteurs et de 20 autres personnes qualifiées de la région parisienne et de province.
Le CASP a été admis en 2019 comme membre de la Fédération protestante de France.