Un organisme œcuménique multiconfessionel pour l’évangélisation
Le Conseil International des Missions est l’un des organismes qui a contribué à façonner l’exigence œcuménique dont la Conférence d’Édimbourg, dite Conférence mondiale des missions, était porteuse. Celle-ci avait l’ambition de développer une coopération missionnaire des Églises anglicanes et protestantes. Elle avait à cet effet mis en place un Comité de continuation placé sous la responsabilité de John Mott et de J.H. Oldham.
Après la Première guerre mondiale et alors que les traités de paix redessinent bien des frontières, y compris celles de pays colonisés, le Comité de continuation donne naissance en 1921 au Conseil international des Missions (CIM). Outre des actions éducatives et sociales engagées sur le terrain, diverses conférences internationales sont organisées : Jérusalem (1928) ; Tambaran (Papouasie-Nouvelle Guinée) (1938).
Le CIM reste d’abord relativement indépendant des préoccupations des groupes Christianisme social et Foi et constitution, issus eux aussi de la Conférence d’Édimbourg. Il ne fait pas partie du Conseil œcuménique des Églises, lorsque celui-ci est se crée en 1948. Toutefois de nombreux échanges ont lieu et en 1961, après la conférence d’Achimota (Ghana) en 1958, le CIM s’intègre au COE, comme Commission permanente de Mission et d’évangélisation (CME).
Au sein de la CME, des points de vue qui deviennent différents
Le COE dans les années 1960-1970 lutte contre le racisme, s’ouvre au dialogue interreligieux, défend les droits de l’homme au temps des dictatures d’Amérique latine. La CME privilégie des interventions « en situation », en fonction de contextes politiques assez différents (Conférence de Bangkok, 1973). Mais cette position est fortement contestée par certains des protestants d’obédience évangélique qui participent à la Commission. Ceux-ci se sentent beaucoup plus proches des initiatives que prend Billy Graham (1918-2018), lesquelles sont liées aux positions des États-Unis pendant la Guerre froide. Lors du congrès que l’évangéliste charismatique organise à Lausanne (1974), ils exposent un point de vue critique des thèses défendues au sein du COE. Ce point de vue trouve immédiatement des développements puisque le congrès donne naissance à un mouvement, dit « Mouvement de Lausanne ».
En 1989, le COE organise une conférence à San Antonio. Billy Graham et le mouvement de Lausanne en organise une autre à Manille, celle-ci s’ouvrant très visiblement aux charismatiques et aux pentecôtistes. Devant des risques de scission, le COE, dans son Assemblée de Canberra (1991), accueille des pentecôtistes et organise des sessions de travail qui s’ouvrent à leurs préoccupations « pneumatologiques », c’est-à-dire à la place particulière qu’ils accordent à la puissance de « l’Esprit saint ». Le théologien allemand, Jürgen Moltmann, propose des lignes de réflexion fédératrices.
En 1992, la CME accueille des représentants catholiques, évangéliques et pentecôtistes comme membres de droit. En 1997, le COE adopte une déclaration d’orientation générale favorisant le dialogue avec des Églises non membres. Ces rapprochements trouvent leur point culminant au Forum chrétien mondial tenu à Nairobi en 2007 en présence d’instances œcuméniques autres que celles du COE.
Une opposition plus affirmée entre le COE et le mouvement de Lausanne, 2010.
En fait, les divergences entre le COE, sa commission Mission et Évangélisation (CME) et le Mouvement de Lausanne, loin de s’atténuer, se renforcent au moment de la commémoration du centenaire la Conférence d’Édimbourg, en 2010. Certains des membres de la CME la quittent pour rejoindre le Mouvement.
A la conférence d’Édimbourg organisée (à Édimbourg) par le COE, les participants ont manifestement des approches très différentes de l’action missionnaire. Le thème du témoignage et celui de la conversion prennent une place importante dans les débats.
Peu après cette conférence, le Mouvement de Lausanne en organise une autre avec l’Alliance évangélique mondiale (AEM). La Conférence du Cap (Afrique du Sud) cherche à renouveler les partenariats missionnaires entre le Nord et l’Ouest, le Sud et l’Est.
Prenant une position pragmatique, le secrétaire général du COE, Olav Fykse Tveit , espère le rapprochement entre Genève et Lausanne que la géographie suggère.
S’il n’est pas vraiment entendu par le Mouvement de Lausanne, le COE maintient dans son organigramme le département Mission et Évangélisation. Il poursuit une réflexion sur le contenu d’un témoignage missionnaire dans un monde fragile, traversé de violence et souvent bien obscur.