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Le méthodisme

Les latitude men

John Wesley (1703-1791) par Nathanaël Hone (vers 1766)
John Wesley (1703-1791) par Nathanaël Hone (vers 1766) © Société Évangélique de Genève

Au XVIIIe siècle, les convictions religieuses s’étaient affaiblies en Grande-Bretagne, marquées par le « latitudinisme », attitude caractérisée par une hostilité à tout dogmatisme. Refusant l’intolérance du puritanisme, les « latitude men » considèrent que le christianisme est facteur de bonne moralité plutôt que source de convictions ferventes, et leurs mots d’ordre sont Raison et Bienveillance. C’est à cette époque que commence l’industrialisation du pays, et l’Église est le plus souvent absente des nouvelles cités ouvrières, avec leurs taudis et leur misère.

Les hommes du « Réveil »

Le mouvement de Réveil fut une réaction contre l’apathie régnante. Il commence avec Georges Whitefield (1714-1770), qui va prêcher en plein air, du haut des terrils aux mineurs du pays de Galles, puis à Londres, réunissant des auditoires considérables grâce à son éloquence passionnée. Le mouvement va être structuré par John Wesley (1703-1791), qui appartenait avec son frère Charles à un cercle d’étudiants pieux à Oxford, où ils pratiquaient la lecture régulière de la Bible et suivaient une règle monastique. Marqué par son expérience de conversion qu’il datait du 24 mai 1738, Wesley donnait une grande importance à la sanctification par les œuvres, témoin concret de l’état de grâce du croyant, ce dernier ayant le devoir, après son « revival of religion », d’avoir une conduite pieuse et bien réglée.

Prêchant en dehors des paroisses, là où les gens se trouvaient, sur les lieux de travail, les marchés, en plein air, et acceptant des prédicateurs laïcs, Wesley et Whitefield ont créé l’évangélisation moderne. Ils suscitèrent l’opposition de l’Église anglicane, et les moqueries du public, d’autant que beaucoup d’assemblées devenaient marquées par des phénomènes collectifs de larmes, cris de douleur ou de joie, allant jusqu’à l’hystérie : Wesley possédait, outre un grand talent oratoire, des dons hypnotiques dont il savait se servir.

La fondation du méthodisme

Alors que Whitefield reste fidèle à l’Église anglicane, Wesley, s’opposant à la prédestination de Calvin, s’en sépare progressivement. La rupture se produit en 1784 : Wesley fait reconnaître son Église, en lui donnant ses écrits comme guide théologique et en léguant son pouvoir à une oligarchie de cent prédicateurs. Le méthodisme ainsi créé reste presbytérien par l’importance accordée au groupe chrétien de base, mais très épiscopalien en ce qui concerne son fonctionnement, Wesley étant lui même « high church » et tory, très attaché au décorum, à l’ordre et passablement autoritaire.

Objectifs et essor

Au début du XIXe siècle, le Réveil britannique, avec William Wilberforce (1759-1833), a deux objectifs : abolir la traite des Noirs et réformer les mœurs. Son influence est évidente dans toute la période victorienne, et il a souvent été accusé de soutenir la hiérarchie sociale. Différentes tendances en seront issues, comme les « darbystes » et l’Armée du Salut.

Le méthodisme trouva un terrain de choix en Amérique, grâce à ses grands rassemblements populaires, ses magazines religieux, ses cantiques qui sont l’expression vivante du mouvement et d’où naîtront les negro-spirituals. Le Réveil méthodiste favorisera la promotion féminine, relativisera les distinctions sociales et poussera les mélanges ethniques.

Bibliographie

  • Livres
    • LOVSKY Fadiey, Wesley, apôtre des foules, pasteur des pauvres, Foi et Victoire, 1977

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