Soutenez Le Musée ! Faire un don

L’éducation protestante
au XVIe siècle

L’éducation profane et religieuse est une priorité pour les réformateurs. Partout en Europe, de nouvelles écoles paraissent dans le sillage de la Réforme ainsi que des catéchismes.

Le projet éducatif de la Réforme

Philip Melanchthon
Philip Melanchthon © S.H.P.F.

La Réforme affirme le sacerdoce universel des fidèles : la formation religieuse des individus est donc indispensable. Elle a pour base la lecture de la Bible pour éclairer la foi des fidèles, connaître et vérifier personnellement les enseignements fondamentaux de la foi chrétienne.

Luther élève la vocation du maître d’école à la hauteur d’un sacerdoce. Il écrit : «pour moi si Dieu m’éloignait des fonctions pastorales, il n’est pas de charge sur terre que je ne remplirais plus volontiers que celle de maître d’école, car après l’œuvre du pasteur, il n’est pas d’œuvre plus belle ni plus importante que la sienne». Mais outre la formation des élites «citoyens érudits, intelligents, honorables, et bien éduqués» Luther demande la création d’écoles populaires dans lesquelles les jeunes trouveront, en plus d’une instruction de base, l’apprentissage d’un métier et une orientation adaptée.

Le système scolaire

L'école au Moyen âge
L'école au Moyen âge © Collection privée

Philippe Melenchthon, ami et collaborateur de Luther, va jeter les bases d’un nouveau système scolaire. Celui hérité du Moyen Age, où les écoles dépendaient le plus souvent des paroisses et des couvents, est abandonné. Dans les États passé à la Réforme, la responsabilité scolaire est confiée aux autorités politiques, Princes et magistrats.

La Réforme pose les bases du droit au savoir pour tout homme. Cela s’applique aussi aux filles. Dès 1530, une école de filles est créée à Wittenberg.

À Genève également, une grande importance est donnée à l’éducation. Les enfants, garçons et filles, bénéficient d’un enseignement élémentaire public et surtout gratuit.

L'œuvre de Melanchthon

Melanchthon s’attache tout particulièrement à rénover le système scolaire en Allemagne. C’est pourquoi on lui a donné de son vivant le titre de « professeur de l’Allemagne ». Son désir découle à la fois de l’humanisme et de la Réforme. Pour lui, l’éducation de tout homme est nécessaire pour lui permettre de vivre en société et de comprendre l’Évangile. Son but c’est la scolarité obligatoire pour tous.

Il réforme les écoles des villes appelées aussi écoles latines (car on y enseigne le latin) et sépare les élèves en trois classes. Melanchthon fonde la Haute École (sorte de lycée). C’est l’étape intermédiaire entre l’école latine et l’université. On y enseigne la rhétorique et la dialectique, la littérature latine, les mathématiques et le grec.

Melanchthon rédige également de nombreux manuels scolaires dont beaucoup furent utilisés jusqu’au XVIIIe siècle, même dans les écoles catholiques. C’est le cas en particulier de ses grammaires grecques et latines.

Ses programmes scolaires comme ses manuels furent utilisés dans la plupart des écoles protestantes en Allemagne et aussi à l’étranger.

Le premier « gymnase » à Strasbourg

Martin Bucer (1491-1551)
Martin Bucer (1491-1551) © S.H.P.F.

À Strasbourg, le réformateur Martin Bucer se soucie également de l’enseignement. En 1538, il contribue à la création du premier « gymnase » (sorte de lycée) à Strasbourg. Son premier recteur, l’humaniste Jean Sturm, en fait un centre renommé.

Pour la fonction religieuse, Bucer écrit deux catéchismes.

L'académie de Genève

Théodore de Bèze (1519-1605)
Théodore de Bèze (1519-1605) © S.H.P.F.

Dès son passage à la Réforme, la ville de Genève rend l’instruction publique obligatoire. Les enfants, garçons et filles, bénéficient d’un enseignement élémentaire public et gratuit.

Jean Calvin a aussi le souci de l’éducation religieuse. Il écrit un catéchisme qui sera en usage à Genève et en France pendant plus d’un siècle.

En 1559, Calvin fonde l’Académie de Genève qui formera bien des pasteurs français aux XVIe et XVIIe siècles. Son premier recteur est l’humaniste français Théodore de Bèze qui contribue à la réputation internationale de l’Académie.

L'obligation éducative

Pour les réformateurs, l’obligation éducative repose d’abord sur la famille. Luther, Melanchthon, Zwingli, Calvin et Farel insistent sur l’importance capitale que revêt l’éducation de la famille pour l’avenir de l’Église et pour la société toute entière.

C’est de la responsabilité des parents de faire de leurs enfants des chrétiens instruits.

L’éducation domestique est complétée par celle de l’école. Dans ses sermons, Luther rappelle aux parents le devoir d’envoyer les enfants à l’école.

L'enseignement protestant en France

L’enseignement de la lecture et de l’écriture est concomitant à la diffusion de la doctrine des réformateurs. Il va s’organiser rapidement en descendant des couches instruites (clercs, magistrats, étudiants, imprimeurs) vers des groupes sociaux variés : artisans et marchands, souvent alphabétisés par nécessité, en allant jusqu’à la paysannerie. Les consistoires prennent sous contrat des maîtres d’école ou régents qui enseignent les filles aussi bien que les garçons. Dans les petites communautés, le pasteur se charge de l’enseignement.

La pratique de la lecture et de l’écriture va donner aux réformés une avance culturelle qui perdurera dans les siècles suivants, d’autant que cet enseignement se fait en français en toutes régions.

Bibliographie

  • Livres
    • CARBONNIER-BURKARD Marianne et CABANEL Patrick, Une histoire des protestants en France, Desclée de Brouwer, Paris, 1998
    • CHAUNU Pierre, Le temps des Réformes II, Edition complex, 1984
    • PERONNET Michel, Le XVIe siècle, Hachette Col. U, 1981

Parcours associés

L’éducation dans le monde protestant de la Réforme à la Révolution

Dès le début de la Réforme, une place importante a été réservée aux apprentissages de la lecture et de l’écriture, outils nécessaires à une instruction religieuse fondée sur la lecture...

Notices associées

Philippe Melanchthon (1497-1560)

Philippe Melanchthon est un théologien humaniste qui adopte les idées de Luther et collabore à la traduction de la Bible. Il rédige la confession d’Augsbourg pour défendre le point de...

Jean Calvin (1509-1564)

Une génération après Luther, le Français Jean Calvin est l’organisateur de la Réforme : organisateur de l’Église, de la doctrine et du rôle de l’Église dans l’État.

Ulrich Zwingli (1484-1531)

Pasteur et théologien, il fonde la Réforme sur l’étude de la Bible. Pour lui, la Réforme s’étend jusqu’à la lutte contre les injustices sociales.

Guillaume Farel (1489-1565)

Farel est le réformateur du pays romand (Suisse de langue française) et en particulier de Neuchâtel. Il est à la fois un prédicateur, un organisateur et l’auteur d’une liturgie en...

Martin Bucer (1491-1551)

Né en Alsace, cet humaniste a toute sa vie tenté de sauvegarder l’unité de l’Église.

Théodore de Bèze (1519-1605)

Théodore de Bèze est un des personnages les plus importants du courant réformé.  Il soutient Calvin et succède à celui-ci comme modérateur (président) de la Compagnie des pasteurs de Genève....

Gaspard de Coligny (1519-1572)

Gaspard de Coligny, de la puissante famille des Châtillon, se trouve très naturellement au service des rois de France. Pourtant, après avoir été capturé au siège de Saint-Quentin, il se...