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L’Église réformée de France

L’Église réformée de France, fondée en 1938, prend ses racines dans les Églises réformées organisées par Jean Calvin au XVIe siècle qui ont réussi à subsister à travers les aléas de l’histoire. En 2012, elle compte plus de 350.000 fidèles. Le 1er janvier 2013, elle s’unit à l’Église Évangélique luthérienne de France pour former l’Église protestante unie de France.

Les origines

Synode National des Églises Réformées de France-1598
Synode National des Églises Réformées de France-1598 © S.H.P.F.

A partir des années 1520, les idées de Luther et de Zwingli pénètrent en France, favorisées par le climat de liberté intellectuelle de la Renaissance. Elles rencontrent un certain succès dans l’entourage du roi François Ier. Pourtant, dès 1523, la répression commence ; elle s’amplifie en 1535 à la suite de l’affaire des placards.

Cela n’empêche pas des Églises réformées de se constituer, dont la première à Meaux. Depuis Genève, Jean Calvin (1509-1564) contribue à l’organisation des Églises réformées en France. Le premier synode national se réunit à Paris en 1559 : il vote une confession de foi et une discipline ecclésiastique (règlement de l’Église) qui devaient rester la règle commune des protestants réformés en France pendant deux cent cinquante ans. Dans le royaume de France le protestantisme est presque exclusivement réformé, il culmine à 2 millions de personnes.

Les guerres de religion, commencées en 1562, se terminent en 1598 par l’édit de Nantes : c’est une période sombre ponctuée de batailles, de saccages, de massacres. L’édit rétablit la paix religieuse en France mais, s’il est favorable aux protestants qui sont protégés et peuvent accéder à tous les emplois, il limite les lieux où les protestants peuvent exercer leur culte : celui-ci n’est autorisé que dans les villes ou bourgs où il avait été célébré en 1577, dans les lieux où il avait été célébré pendant les deux années avant l’édit, dans deux localités par bailliage et dans les lieux de résidence des grands seigneurs protestants : cette disposition restrictive est surtout défavorable au nord de la France où les lieux de culte étaient moins nombreux qu’au sud.

Après l’assassinat d’Henri IV en 1610, les Églises réformées subsistent sous le règne de Louis XIII malgré de nouvelles guerres de religion. Mais à partir de 1660, les dispositions de l’édit de Nantes, toujours en vigueur, sont appliquées de façon de plus en plus restrictive et même modifiées par ordonnance royale. Des lieux de culte sont supprimés. A partir de 1680, la répression devient plus violente jusqu’à l’édit de Fontainebleau par lequel, en 1685, le roi Louis XIV révoque l’édit de Nantes : il n’y a plus alors d’Églises réformées mais seulement des assemblées clandestines, c’est la période du Désert héroïque qui dure jusqu’en 1760.

Des Églises réformées réapparaissent alors dans une clandestinité tolérée. La liberté de culte n’est rétablie officiellement que dans la constitution de 1791.

Les Églises consistoriales en 1802

La signature du Concordat
La signature du Concordat © Collection privée

En avril 1802, Napoléon Bonaparte, premier consul, promulgue la loi du 18 germinal an X (Articles organiques des cultes protestants) qui reconnaît les Églises réformées. Chaque Église est limitée à 6000 protestants ; elle est dirigée par un conseil, appelé consistoire, comprenant des pasteurs et dix à douze notables. Les pasteurs sont nommés et payés par l’État. Le morcellement des Églises réformées, dites consistoriales, subsiste car les rassemblements en synodes ne sont pas précisés dans les Articles organiques. Devenu empereur, Napoléon accorde aux réformés des églises catholiques et des chapelles de couvent désaffectées.

Ce régime consistorial se prolonge jusqu’à la loi de séparation des Églises et de l’État en 1905, tandis qu’apparaissent au cours du XIXe siècle des Églises libres, indépendantes de l’État.

Ce siècle est marqué par différents mouvements de Réveil apportés en France par des prédicateurs venus de Genève, d’Angleterre et d’Allemagne ; ces mouvements se développent avec la création de nouvelles Églises (Églises méthodistes) mais aussi à l’intérieur même des Églises réformées existantes, en réaction contre le formalisme et la sécheresse de certaines communautés, pour revivifier l’Église en renouant avec la piété. Les Églises réformées sont aussi traversées par des courants doctrinaux : le courant orthodoxe, appelé aussi évangélique, veut revenir à la doctrine de Calvin et s’oppose aux courants libéraux qui défendent une étude scientifique de la Bible ou même penchent vers un certain rationalisme. Aucun accord ne peut être trouvé entre les orthodoxes et les libéraux lors du synode général de 1872. Toutefois l’éclatement des Églises réformées ne se produit qu’en 1906 avec la création de trois unions d’Églises.

La création de l'Église réformée de France en 1938

Le pasteur Marc Boegner
Le pasteur Marc Boegner © Réforme

L’ERF est créée en 1938, sous l’impulsion du pasteur Marc Boegner, lors d’une assemblée réunie à Lyon, après cinq ans de contacts intenses entre réformés orthodoxes et libéraux. Elle se constitue à partir du regroupement :

  • de la majorité des Églises membres de l’Union des Églises évangéliques (orthodoxes),
  • de la totalité de celles de l’Union des Églises réformées (libérales),
  • d’une grande partie des Églises libres (indépendantes de l’État avant 1905),
  • de la majorité des Églises méthodistes.

Ce regroupement de courants quelque peu différents est rendu possible par la rédaction du préambule de la Déclaration de foi qui stipule qu’« il n’est pas question de donner une autorité excessive à la Déclaration de foi… en sachant que le message évangélique déborde et dépasse toutes les formules, que dans des situations différentes la foi devra se dire autrement… »

La théologie

La théologie de l’ERF se résume dans la Déclaration de foi de l938, lue à l’ ouverture de chaque synode et lors de chaque reconnaissance de ministère.

L’ERF adhère aux six grands principes de la Réforme communs aux protestants :

  • à Dieu seul la gloire : rien n’est sacré ou absolu en dehors de Dieu ;
  • la grâce seule : la grâce est l’amour gratuit et originel de Dieu pour l’humanité. Indépendamment de ses mérites, l’être humain est déjà sauvé. Cette confiance de Dieu le rend responsable ;
  • la foi seule : la foi naît de la rencontre de l’être humain avec Dieu ;
  • la Bible seule : la Bible est la seule autorité reconnue. L’intelligence de son message aujourd’hui provient des efforts de toutes les Églises dans le respect de leur diversité ;
  • des Églises toujours à réformer : les Églises rassemblent tous ceux qui se reconnaissent dans le Dieu de Jésus-Christ, notamment par le baptême et la cène. En tant qu’institutions elles n’exercent pas de médiation entre les fidèles et Dieu. Communautés humaines, elles évoluent sans cesse au rythme de l’humanité ;
  • le sacerdoce universel : chaque baptisé a une place identique dans l’Église, qu’il soit laïc ou pasteur ; ce dernier n’est pas un personnage à part mais celui à qui sa formation théologique permet d’animer la communauté. Le témoignage de la foi et l’engagement dans le monde sont le devoir de tous les membres des Églises.

L'Église réformée de France en 2012

L’ERF est l’Église ayant le plus grand nombre de fidèles parmi les autres Églises de confession protestante en France : elle compte environ 110 000 foyers connus, soit plus de 350 000 personnes. Près de 500 associations cultuelles desservent plus de 850 lieux où le culte est célébré plus ou moins régulièrement. 300 pasteurs sont en paroisse tandis que 60 exercent un autre ministère : enseignement théologique, aumôneries, gouvernement de l’Église, communication, entraide. Environ 70 pasteurs sont détachés dans des œuvres et mouvements protestants. Le corps pastoral comprend une proportion de femmes en augmentation, actuellement environ 30%. La plupart des pasteurs sont mariés (85%).

L’ERF forme avec l’Église évangélique luthérienne de France (EELF) et l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine un Conseil permanent luthéro-réformé dans lequel se vivent, à l’échelle française, des accords européens concernant principalement la reconnaissance des ministères et la formation des pasteurs.

L’ERF est membre de la Fédération protestante de France et fait partie de l’Alliance réformée mondiale et du Conseil Œcuménique des Églises.

L’Église protestante unie de France (2013)

Logo de l'Église protestante unie de France
Logo de l'Église protestante unie de France
Emmanuelle Seyboldt - 1ère femme élue présidente du Conseil national de l’Église protestante unie de France
Emmanuelle Seyboldt - 1ère femme élue présidente du Conseil national de l’Église protestante unie de France © Réforme

Au terme d’un processus de rapprochement avec l’Église Évangélique luthérienne de France (EELF), commencé au synode national de Sochaux en 1997, l’ERF s’est unie avec l’EELF pour former une seule Église : « L’Église protestante unie de France, communion luthérienne et réformée ». Cette union est officielle depuis le 1er janvier 2013. Le premier synode national de l’Église unie s’est tenu du 8 au 12 mai 2013 à Lyon. Les instances nationales sont uniques et les pasteurs forment un seul corps mais les paroisses (Églises locales) restent soit réformées, soit luthériennes..

Site de l’Église protestante unie de France

Bibliographie

  • Documents
    • Déclaration de Foi ERF 1938 | Fichier
    • Déclaration de foi EPUdF – Mai 2017 | Fichier
  • Livres
    • DOLFUS Anne et KIRSCHLEGER Pierre-Yves, L’Église réformée de France (1938‑2013), une présence au monde, Classiques Garnier, Paris, 2021

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