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Les André

Cette grande famille nîmoise, qui bâtira sa fortune dans le commerce de la soie, se fixera à Paris au début du XIXe siècle. Elle y développera une activité bancaire et le dernier de ses descendants laissera ses collections et son nom au Musée Jacquemart-André.

Du négoce à la banque

Jean André
Jean André © Collection privée

Issus du Vivarais, province très tôt touchée par la Réforme, les descendants de Guillaume André, premier du nom, propriétaire à Sanilhac, se convertissent vraisemblablement au protestantisme dans les années 1570.

La majorité de la famille retourne au catholicisme au début du XVIIe siècle, sauf David André, qui s’installe à Nîmes en 1600, comme marchand teinturier. Et c’est pour rester fidèle à la foi réformée, qu’en 1677, 18 ans avant la Révocation de l’Édit de Nantes, il émigre à Gênes où il fonde un établissement de négoce avec les Boissier du village d’Anduze.

Le consul de Gênes, mentionne ces protestants comme animateurs d’une communauté active qui accueille de nombreux réfugiés fuyant les persécutions de la période de la Révocation de l’Édit de Nantes.

La période nîmoise : développement du commerce de la soie

Les générations suivantes développent le commerce de la soie, entre Nîmes, Gênes et Genève où les André ont noué des alliances matrimoniales avec de grandes familles patriciennes. Mais la très catholique république de Gênes ne reconnaissant pas la religion réformée, ce sont les André nîmois qui assureront la marche de la maison jusqu’au milieu du XIXe siècle.

Ainsi Guillaume I (1685-1746) et Jean III (1689-1764) transforment à Gênes la maison de négoce en maison de banque, reconnue comme telle en 1728. À cette époque, la famille André, grâce à des correspondants huguenots à Londres, Francfort et Hambourg, est à l’apogée de sa fortune et de son rayonnement social.

Les André et le Protestantisme

La guerre des Cévennes ou « guerre des camisards » (1702-1704) qui ébranle douloureusement le Languedoc protestant, fut essentiellement un mouvement populaire et toucha peu la bourgeoisie des grandes villes. Ainsi on n’en trouve pas d’écho dans les documents sur les André à cette époque là. On ne signale que rarement leur présence aux Assemblées du Désert (1744 et 1747) et pourtant ils sont fidèles à leur foi réformée. Plusieurs mariages sont bénis par Paul Rabaut (1718-1794), grande figure du protestantisme nîmois. Les enfants sont élevés dans la religion protestante, et des témoignages font foi de « cultes domestiques » organisés par les femmes de la famille et auquels assistent plusieurs dames du voisinage et des « plus considérables de Nîmes ».

Les André se félicitent de l’assouplissement des mesures envers les réformés qui leur permet d’avoir un cours public de catéchisme en 1782, et enfin un lieu de culte à la limite de la ville où Paul Rabaut célébrera le culte de Pentecôte 1783 en présence du Duc de Gloucester frère du roi d’Angleterre Georges III.

De la Révolution à la fin du XIXe siècle

Dominique André
Dominique André

La période révolutionnaire ébranle fortement la ville de Nîmes et particulièrement la famille André très présente par son rayonnement social. Jean André (1734-1794) est élu, comme de nombreux autres grands bourgeois protestants, député du Tiers État. Il est également porté à la présidence du Tribunal de Commerce, réclamé depuis plusieurs décennies par les familles du négoce nîmois, et enfin mis en place en 1791. La défense des intérêts commerciaux de son entreprise et de celles de nombre de ses pairs ainsi que les excès des tribunaux révolutionnaires le poussent à suivre avec une certaine sympathie l’insurrection bourgeoise et contre-révolutionnaire appelée « Fédéralisme », dont les foyers les.plus actifs sont dans le sud de la France, Marseille et Toulouse.

Mais les réactions ne tardent pas ; de nombreuses arrestations ont lieu à Nîmes, où la Terreur s’installe dès les premiers jours de janvier 1794. Jean André est arrêté le 17 janvier 1794 ; son procès brutalement expédié par les sans-culottes, fait plutôt figure de règlement de compte intenté à un « riche négociant », qui doit payer pour les ennemis de la révolution et il est exécuté le 11 juillet 1794.

À la mort de Jean André, c’est Dominique son fils (1766-1844), qui prend la direction de la maison de commerce de Nîmes. Il dirigeait déjà avec succès depuis 1791 la succursale de Gênes. Aidé par son oncle Joseph André (1736-1802), et ses neveux, il est à cheval entre Gênes, Nîmes et Paris où il s’installe définitivement en 1800.

Le dernier André nîmois, Jean-Jacques, s’éteint en 1805.

La maison de négoce de Dominique André devient peu à peu banque d’affaires. L’intense activité économique de la première moitié du XIXe siècle favorise son développement. Marie-Jean le fils de Dominique, puis Ernest son petit-fils la dirigeront jusqu’en 1896.

Édouard (1833-1894), l’autre petit-fils de Dominique, prolonge le nom des André. Il commence par une carrière militaire dont il démissionne en 1863. Il se met alors à acheter des tableaux et commence une carrière politique comme député du Gard.

Après la guerre de 1870, il quitte la vie politique et utilise sa fortune pour faire construire son hôtel particulier boulevard Haussmann et poursuivre son œuvre de collectionneur. Il fait peindre son portrait par une jeune artiste de condition modeste, Nélie Jacquemart (1841-1912). C’est elle qu’il épouse en 1881.

Nélie adhère aux projets de son mari et collabore à l’accroissement et à l’organisation des collections. Elle continue à les enrichir après la mort de celui-ci en 1894. Lorsqu’elle meurt en 1912, sans héritier, elle lègue la totalité de ses biens à l’Institut de France, conformément au vœu qu’avait exprimé son mari : il s’agit de l’hôtel du boulevard Haussmann avec toutes ses collections – devenu le musée Jacquemart-André – ainsi que du domaine de Chaalis, acheté en 1902.

 

Bibliographie

  • Livres
    • LEHIDEUX-VERNIMMER Virginie, Du négoce à la banque, Lacour, Nîmes, 1992

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