Le Moyen Poitou : sud des Deux-Sèvres (principalement les cantons de Niort, Saint-Maixent, La Mothe-Saint-Héray, Lezay, Melle, Celles-sur-Belle) et plus au nord-ouest, jouxtant la Vendée, le canton de Moncoutant. Et une partie de la Vienne : principalement le canton de Lusignan.
La Vendée : plus disséminées que dans le département voisin, les communautés se retrouvent dans les villes, telle La Roche-sur-Yon, et, dans les cantons de Pouzauges, Chantonnay, La Châtaigneraie et Sainte-Hermine.
La Charente-Maritime : principalement les cantons de Royan, La Tremblade, Cozes et Saujon.
Face aux persécutions, c’est principalement dans les campagnes que le protestantisme s’est maintenu.
S’il existe dans des bourgs d’une certaine importance comme Melle, La Mothe-Saint-Héray, Lezay, des cimetières protestants ou des carrés indépendants, ouverts à la communauté protestante et utilisés par celle-ci, les cimetières les plus nombreux se trouvent en campagne et ce sont des cimetières familiaux.
En effet, malgré la loi de 1804, la tradition d’enterrer les morts dans les cimetières familiaux s’est maintenue, chez les protestants mais pas seulement chez eux, la mixité des mariages faisant que des catholiques, voire aussi des laïques ont souvent été inhumés dans des cimetières privés.
Pourquoi les cimetières familiaux se sont-ils multipliés au cours du XIXème siècle, alors que la sépulture dans le cimetière communal était ouverte à chacun ? On peut avancer plusieurs raisons :
- la tradition protestante d’enterrer ses morts chez soi,
- le fait que la campagne comporte de nombreux hameaux et propriétés isolées et que, compte-tenu des moyens de déplacements de l’époque (à pied ou à charrette à cheval), les gens préféraient avoir leurs morts près de chez eux plutôt que dans le cimetière communal à plusieurs kilomètres. D’où les cimetières privés catholiques.
- mais on observe aussi que, jusqu’à une période récente (vers 1950), certaines communes n’avaient pas de cimetière, la loi de 1804 n’y ayant pas été appliquée.
Situés dans un milieu en grande partie rural (villages, hameaux, propriétés isolées), les cimetières familiaux se trouvent souvent au fond du jardin, mais parfois au milieu d’un champ.
La plupart du temps, ils se présentent sous forme d’enclos, ceints de murs de pierres, marqués par des cyprès ou des ifs, plus rarement des pins parasols. Ils sont plus ou moins grands selon la taille des familles, certains pouvant comporter une vingtaine de tombes.
On rencontre parfois plusieurs enclos accolés, ce « voisinage » signifiant soit la présence de familles alliées ou de familles ne possédant pas de terrain, autorisées par le propriétaire à édifier leur cimetière à côté du sien.
De la fin du règne de Louis XVI jusqu’à la moitié du XIXème siècle, les sépultures protestantes sont marquées par une pierre à la tête du défunt et une autre à ses pieds. Les monuments funéraires n’apparaissent vraiment qu’au milieu du XIXème siècle.
S’il a existé plusieurs dizaines de milliers de cimetières privés dans tout le Poitou, ceux qui subsistent et dont certains sont encore en usage, sont concentrés sur les cantons de Lezay, La Mothe-Saint-Héray, Celles-sur-Belle, La Crèche, Melle, Saint-Maixent, Niort pour les Deux-Sèvres et de Lusignan pour la Vienne. Bien que plus dispersés, ils sont aussi nombreux en Vendée, en Charente et en Charente-Maritime.
Certains figurent sur les documents cadastraux mais cette situation est plutôt rare, la déclaration auprès de l’administration ne devant être faite, semble-t-il, que lorsqu’un cimetière était édifié sur un terrain appartenant à un autre propriétaire. En revanche, si l’on consulte une carte d’état-major, les endroits marqués d’une ou plusieurs croix, avec souvent la mention « tomb », signifient l’identification d’un cimetière.
Aujourd’hui, du fait de la disparition d’une civilisation liée à l’agriculture, de la vente des propriétés, de la dispersion des familles, ces cimetières sont en grand danger de disparition. Si certains sont toujours entretenus par les familles, beaucoup sont abandonnés et disparaissent sous les broussailles. Afin de leur éviter un tel sort, certaines familles opèrent leur transfert dans les cimetières communaux.
Face à de telles évolutions, en 1997, une association a été créée. Son activité principale consiste à entretenir et à restaurer les cimetières de ses adhérents. Mais elle peut aussi assurer une assistance juridique en cas de conflits. Elle a d’autre part entrepris une opération d’inventaire et s’efforce de sensibiliser les élus locaux, en particulier les maires, afin que soit sauvegardé ce patrimoine.
Elle est ouverte à toute personne intéressée à sa cause.
Association pour la Sauvegarde des Cimetières Familiaux Protestants
Rue des Gasses, 79120 Sainte-Soline
Visiter le site de l’association et consulter l’exposé téléchargeable