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Les controverses

Le XVIIe siècle est le grand siècle de controverse entre protestants et catholiques. Les controverses sont soit orales, soit écrites. Elles sont évidemment l’affaire des théologiens.

La controverse dans la prédication

La controverse entre protestants et catholiques est d’abord présente dans la prédication. Lors de missions de reconquête catholique dans les territoires protestants, des religieux (par exemple, des capucins) mènent l’attaque en critiquant ou ridiculisant la « religion prétendue réformée » (R.P.R.) . Par ces moyens, ils tentent de fidéliser les catholiques et de convertir les protestants.

Les pasteurs, bien sûr, répondent à ces attaques dans leurs prédications en défendant les positions réformées et en dénonçant les erreurs de la religion catholique romaine.

Le pasteur de Charenton, Charles Drelincourt, écrit ainsi un Avertissement sur les disputes, il s’agit bien sûr de disputes avec les catholiques.

La littérature de controverse

Exemple de controverse
Exemple de controverse

Une partie de ces prédications sont imprimées et diffusées. À cela s’ajoute la controverse écrite par laquelle les théologiens catholiques et protestants se réfutent mutuellement. Cette abondante littérature de controverse connaît un grand succès : au cours du XVIIe siècle jusqu’à la révocation de l’édit de Nantes sont éditées plus de 7 000 ouvrages de controverse. Les ouvrages catholiques sont édités dans les grandes villes : Paris, Lyon, Rouen, Bordeaux, Toulon.

L’édition réformée n’est autorisée que dans les localités d’exercice du culte et par là même absente des villes importantes à commencer par Paris. Les presses huguenotes sont principalement établies à Sedan, Charenton, Saumur et La Rochelle, mais également Genève ou à Rotterdam et Amsterdam. De plus des poursuites en justice sont toujours possibles contre les ouvrages protestants, ce qui handicape encore la littérature protestante.

Les champions de la controverse

Daniel Chamier
Daniel Chamier

Le plus souvent les catholiques mènent l’attaque. Des religieux s’engagent dans la controverse, essentiellement les jésuites, mais aussi les capucins et les franciscains. Le plus prolixe est le jésuite François Véron autorisé par son ordre à se consacrer entièrement à la controverse. Bossuet s’illustre aussi dans la controverse.

À partir de 1669, après leur retour en grâce, les jansénistes de Port-Royal entrent dans l’arène. La lutte contre ceux de la religion prétendue réformée (RPR) leur permet de témoigner de leur orthodoxie catholique. Arnauld et Nicole sont les principaux protagonistes.

Du côté protestant, répondent pasteurs et professeurs de théologie. Au premier rang, plusieurs pasteurs de Charenton : Pierre du Moulin qui unit l’érudition, l’habileté et l’humour, Jean Daillé, Jean Claude qui s’illustre, lui, dans la controverse avec Port-Royal. Mais on peut également citer Jean Gigord à l’académie de Montpellier et Daniel Chamier à l’académie de Montauban. C’est d’ailleurs toute l’académie de Montauban qui s’occupe de controverse. Dans le règlement de l’académie, il est stipulé que l’enseignement théologique doit « former doctrinalement et armer les futurs ministres pour la controverse ».

Les thèmes de la controverse

Le thème de la grâce et de la justification par la foi est singulièrement absent de la controverse du XVIIe siècle, alors qu’elle avait été le centre du débat au XVIe siècle. Au XVIIe siècle, c’est l’Église et l’eucharistie qui occupent le devant de la scène, mais on retrouve aussi des thèmes traditionnels comme la messe, les images, le purgatoire, le culte de la Vierge, les reliques, etc.

En 1631, la décision du synode national réformé d’accueillir à la cène des luthériens qui en feraient la demande fait rebondir la polémique au sujet de l’eucharistie. Les catholiques tirent argument de cet acte d’union avec les luthériens, pour minimiser l’écart avec la doctrine catholique. D’où la réponse du pasteur Jean Daillé : l’acte d’union est un acte de charité vis-à-vis des luthériens n’entraînant aucune modification de doctrine.

Les jansénistes, et Bossuet ensuite, opposent la « perpétuité » de l’Église catholique aux « variations » des Églises nées de la Réforme. Le pasteur Jean Claude va s’attacher à montrer que la doctrine catholique a varié au cours des siècles, que les Pères de l’Église par exemple ne croyaient pas à la transsubstantiation, que c’est une doctrine nouvelle « inventée » au Xe siècle. Il défend ensuite la nécessité de la Réforme contre l’état déplorable de l’Église au XVIe siècle.

La polémique sur l’eucharistie et l’Église occultait la proximité de doctrine entre Charenton et Port-Royal sur la grâce et la prédestination.

Les résultats de la controverse

Si la controverse avait pour but de convertir, elle a échoué.

Mais elle a surtout œuvré à usage interne. En approfondissant les positions de chaque Église et en les légitimant, elle a aidé à l’affirmation identitaire de chacune d’elles.

La controverse a eu également des effets imprévus : un grand développement de la critique biblique et de la critique historique, car les débats s’articulent principalement autour de la Bible et de la Tradition, donc de l’histoire. En adoptant les mêmes règles méthodologiques, les controversistes ont finalement construit une même communauté intellectuelle qui a contribué à la mutation des idées à la fin du XVIIe siècle.

Après la Révocation de l’édit de Nantes, la controverse entre dans une ère nouvelle avec les protestants du Refuge : du côté réformé,le pasteur Pierre Jurieu et le philosophe Pierre Bayle en sont les figures de proue.

Bibliographie

  • Articles
    • DOMPNIER Bernard, « L’histoire des controverses à l’époque moderne, une histoire des passions chrétiennes », Bulletin de la SHPF, SHPF, Paris, 2002

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C’est l’acte majeur du roi Henri IV car il institue la coexistence religieuse entre catholiques et protestants et impose la paix en France après 36 ans de guerre civile.

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