Soutenez Le Musée ! Faire un don

Les Églises baptistes

Elles se sont formées en France au début du XIXe siècle dans certaines régions (Nord) à partir desquelles elles ont essaimé grâce à l’aide des communautés anglaises et américaines. Les baptistes, (qui font partie des évangéliques), sont estimés à environ 40 000 en France, inégalement répartis sur le territoire.

Historique

Pasteur William Carey
Pasteur William Carey © Wholesome words

Le baptisme puise sa source dans deux courants de la Réforme du XVIe siècle : d’une part l’anabaptisme, qui pratique le baptême des adultes et prône l’indépendance de l’Église par rapport à l’État et d’autre part le puritanisme anglais qui voulait abolir certains rites issus du catholicisme et que l’anglicanisme avait conservés.

Le baptisme est né autour du pasteur anglais John Smyth (vers 1570-1612), alors en exil à Amsterdam, qui y rencontre l’anabaptisme ; il arrive à la conviction que seul le baptême des croyants est conforme à l’enseignement de la Bible. Un de ses amis, Thomas Helwys, retourne en Angleterre et y fonde la première Église baptiste en 1612.

Après un tournant missionnaire décisif au XVIIIe siècle, sous l’influence d’hommes tels que d’Andrew Fuller (1754-1815) et de William Carey (1761-1834) en Inde, le baptisme a connu une expansion mondiale remarquable.

Le développement en France

Temple baptiste de la rue de Lille à Paris en 1873, peu après son inauguration
Temple baptiste de la rue de Lille à Paris en 1873, peu après son inauguration © Collection privée
William, dit Billy Graham
William, dit Billy Graham © La Voix Protestante

Le mouvement baptiste s’implante difficilement. Il naît dans le Nord au début du XIXe siècle (vers 1810) ; des petits groupes de discussion autour de la Bible y sont autorisés et c’est à Nomain qu’est créée la première Église baptiste française. A partir de ce premier noyau baptiste, une évangélisation systématique se développe avec une équipe de colporteurs-évangélistes.

D’autres groupes, sans liens entre eux, voient le jour en Bretagne, puis en Alsace et ensuite à Paris. Sous le Second Empire, leur développement sera freiné par les autorités politiques car celles-ci ne reconnaissent que les églises concordataires.

Mais le mouvement connaît une croissance soutenue à partir de la IIIe République, se structure en associations régionales regroupées au sein de l’Union Baptiste.

En 1910 se constitue la Fédération des Églises Évangéliques Baptistes du Nord de la France, qui rejoint en 1916 la Fédération Protestante de France. En 1922, à la disparition de l’Union Baptiste, elle devient la Fédération des Églises Évangéliques Baptistes (FEEBF).

La première guerre mondiale entraîne beaucoup de destructions dans le Nord, où sont plus particulièrement implantées les Églises baptistes ; leurs effectifs diminuent.

Après la Seconde guerre, le nombre des Églises s’accroît avec la création de nouvelles Églises et le rattachement de nombreuses assemblées jusque-là indépendantes. En 1949 la Fédération Baptiste Européenne est créée en liaison avec l’Alliance Baptiste Mondiale.

Une nouvelle vague d’évangélisation par des missionnaires baptistes américains se produit alors (campagne de Billy Graham à Paris en 1955 au Vel d’Hiv).

La doctrine

Baptême par immersion à l'église baptiste de la rue de Lille à Paris (1876)
Baptême par immersion à l'église baptiste de la rue de Lille à Paris (1876)

Depuis ses origines, le baptisme combine deux caractéristiques majeures :

  • Une théologie de type plutôt réformé : la Bible comme fondement de la foi.
  • Une conception spécifique du baptême, qui se pratique par immersion du croyant à l’âge adulte à la suite de son témoignage public ; cette immersion est considérée comme une nouvelle naissance, condition nécessaire pour devenir membre de l’Église ; celle-ci est une Église de « professants ». On ne naît pas chrétien, on le devient.

Les baptistes insistent sur la vocation missionnaire : chaque croyant, chaque communauté est appelée à faire connaître l’évangile.

Organisation de l'Église

L’organisation est de type congrégationaliste : chaque Église est autonome ; aucune instance n’est autorisée à dicter sa loi à l’assemblée.

Le pasteur est élu par les fidèles de son église locale.

Dès le début apparaît le souci de la séparation de l’Église et de l’État et l’attachement à la liberté de conscience.

Le baptisme compte plusieurs courants qui vont du libéralisme à un évangélisme très attaché à la lettre du texte de la Bible.

Situation actuelle dans le monde

Baptême par immersion dans une église baptiste.
Baptême par immersion dans une église baptiste. © FEEBF

Les statistiques baptistes ne prennent en compte que les fidèles baptisés par immersion, ne comptabilisant pas les adolescents et les enfants socialisés dans les Églises ; il faut donc multiplier le nombre de membres par deux ou trois pour évaluer la population baptiste.

Dans ces conditions, en 2005, la population mondiale serait comprise entre 125 et 150 millions, avec une répartition très inégale : surtout implanté dans le nord des États-Unis, le baptisme est aussi fortement présent en Russie, où il constitue le second groupe confessionnel après les orthodoxes, et connaît un essor spectaculaire en Ukraine.

En Europe occidentale, c’est en Angleterre que l’on dénombre le plus de baptistes (200 000).

Situation en France

Evolution du nombre d'églises baptistes en France
Evolution du nombre d'églises baptistes en France

En France, on évalue aujourd’hui les baptistes à 40 000 fidèles (dont un peu plus de 13 000 baptisés par immersion).

Les baptistes français sont structurés en trois branches :

  • la Fédération des Églises Évangéliques Baptistes de France (FEEBF), la plus nombreuse (20 000 fidèles), elle-même membre de la Fédération Protestante de France ;
  • les Églises baptistes indépendantes, principalement rassemblées au sein de la Communion Évangélique des Baptistes Indépendants (CEBI, 10 000 fidèles) ;
  • l’Association Évangélique d’Églises Baptistes de Langue Française (environ 4 500 fidèles).

La Fédération pour sa part regroupe en France plus de cent églises, de nombreuses œuvres ; elle travaille à évangéliser la France en collaboration avec plusieurs unions baptistes (États-Unis, Royaume-Uni, Suède)

Les baptistes se sont rapprochés des autres évangéliques, particulièrement les Églises Évangéliques libres (libristes) ; ils ont aidé les pentecôtistes à s’implanter.

Bibliographie

  • Sites
    • Site de la Fédération des Églises Évangéliques Baptistes de France | Lien
  • Livres
    • FATH Sébastien, Les baptistes en France, Excelsis, 2002

Parcours associés

Le protestantisme au XXe siècle

La loi du 9 décembre 1905 de séparation des Églises et de l’État garantit la liberté des cultes et lui donne un cadre juridique. La loi est acceptée assez facilement...

Notices associées

La Réforme radicale au XVIe siècle

Le terme de Réforme radicale désigne un courant complexe et multiforme qui estime que les luthériens et les réformés ne vont pas assez loin, que la Réforme s’arrête à mi-chemin.

Les Églises évangéliques

La plupart des Églises évangéliques ont commencé à se constituer dès le début du XIXe siècle. On dénombre aujourd’hui en France 1850 Églises regroupant 350 000 membres, et dans le...

Les Églises mennonites

Issus de la Réforme radicale au XVIe siècle, les mennonites, persécutés en Suisse, s’installent le long de la vallée du Rhin. Au XVIIe siècle un schisme les divise entre mennonites...

Les Églises pentecôtistes

Le mouvement pentecôtiste représente aujourd’hui la confession à laquelle se rattache le plus grand nombre de protestants dans le monde. On l’évalue à 150 millions de fidèles environ. En France...

Les Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL, EPCAAL et EPRAL)

La création en 2006 de l’Union des Églises Protestantes d’Alsace et de Lorraine marque l’aboutissement d’un processus de rapprochement des Églises luthérienne et réformée d’Alsace et de Moselle. Celles-ci subsistent...

Union des Églises évangéliques libres

L’union des Églises évangéliques libres (UEEL) est créée en 1849, dans l’affirmation de l’attachement à la Réforme et dans le refus de toute emprise de l’État sur son organisation et...