Comment définir le protestantisme évangélique ?
Rappelons que dès son origine, le protestantisme s’est construit par référence à l’Évangile. Toutes les Églises protestantes sont par vocation évangéliques.
Dès le XVIe siècle, on voit apparaître certains mouvements qui valorisent l’engagement personnel, notamment le mouvement anabaptiste. (Anabaptiste signifie « rebaptiseur »). Il s’agit d’une ecclésiologie de professants caractérisée par le baptême des adultes. Le mouvement anabaptiste se répandit rapidement. Son théologien et organisateur fut Menno Simonz (1496-1561) né aux Pays-Bas. L’anabaptisme s’est progressivement fondu dans le mennonisme.
C’est surtout dès le début du XIXe siècle, à la faveur du Réveil (1820-1870) que le terme « évangélique » prend une connotation particulière. Rappelons que le mouvement du Réveil a constitué un élément fondamental de la reconstruction du protestantisme français. Il s’agit d’une phase de re-mobilisation militante qui place au premier plan l’autorité de la Bible et la conversion.
Actuellement, les Églises évangéliques qui s’organisent reconnaissent comme fondamentaux les quatre principes suivants :
- Le biblicisme : la Bible est infaillible et source unique d’autorité. Dans leur approche de l’Écriture, les protestants évangéliques font preuve d’une certaine orthodoxie, c’est-à-dire qu’ils sont attachés à une lecture de la Bible confiante dans l’historicité fondamentale de la révélation.
- La centralité du thème de la Croix : grâce au sacrifice du Christ sur la croix, les péchés de l’homme sont expiés une fois pour toutes.
- La conversion ou « nouvelle naissance » : On devient chrétien à la suite d’une rencontre personnelle avec Jésus-Christ. Les évangéliques s’efforcent de limiter les intermédiaires entre le texte et le lecteur. On adhère à une église, non par la naissance, mais par une profession de foi. Les évangéliques insistent donc sur la liberté de conscience et l’aspect personnel de la conversion.
- L’engagement militant dans le monde : les protestants évangéliques ont pour mission de témoigner, de propager le message de l’Évangile. Leur identité est fondée sur leur foi commune, ils entendent constituer une Église de « professants ». Les mouvements et associations évangéliques sont très actifs dans le domaine social.
Historique
En 1846, l’Alliance évangélique est constituée à Londres. Son but consiste à rassembler des évangéliques de toute dénomination, des individus et non des églises. Elle a des ramifications en France où se crée l’Alliance évangélique française.
Dès le début du XIXe siècle, les baptistes et les méthodistes sont installés en France.
En 1849, a eu lieu ce que l’on a appelé le schisme libriste , avec la création de l’Union des Églises évangéliques de France, dites communément Églises Libres, c’est-à-dire « libres vis-à-vis de l’État » et non concordataires.
Au début du XXe siècle, les réseaux évangéliques tentent de se fédérer et de créer des structures de formation :
- En 1921 est créé l’Institut Biblique de Nogent-sur-Marne. Il s’agit là d’une étape importante : C’est la première fois que les églises protestantes évangéliques se dotent d’une structure de formation inter-évangélique durable. De plus, cet institut entretient des liens avec les protestants évangéliques d’autres pays : Suisse, Pays-Bas, Angleterre, États-Unis.
- Une première faculté évangélique est constituée à Aix-en-Provence en 1939.
- En 1965, se crée la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine qui établit des échanges fructueux avec celle d’Aix.
- En 1969, les Églises évangéliques se sont regroupées en une fédération, la Fédération Évangélique de France qui fédère plus de 350 associations et compte 25.000 membres.
- Depuis 2001, le Conseil National des Évangéliques de France (CNEF) regroupe et réconcilie toutes les tendances et sensibilités de ce que l’on a appelé la « nébuleuse évangélique ». C’est une plate-forme de réflexion où se retrouvent les principales dénominations évangéliques.
Développement des Églises évangéliques
A l’heure actuelle, l’essor du protestantisme évangélique est considérable. Il se caractérise par une grande diversité.
On dénombre en France une cinquantaine de dénominations évangéliques et environ 1800 Églises locales dont plus de 300 Églises indépendantes (environ 350.000 membres).
Depuis les années 1970, un phénomène nouveau est apparu, favorisant l’esprit communautaire : le développement d’Églises évangéliques ethniques. Dans les années 1990 on compte déjà environ 300 Églises évangéliques africaines.
Dans le but d’atteindre un maximum de gens, de se faire connaître, de diffuser leur pensée, les évangéliques ont créé un véritable marché littéraire et artistique : diffusion d’ouvrages, de périodiques, d’études bibliques et dans le domaine de la musique, organisation de nombreux concerts.
Les Églises évangéliques ne sont pas unanimes dans l’expression de leur foi. Il faut distinguer notamment les évangéliques dits « classiques » des évangéliques dits « charismatiques ». Elles diffèrent en particulier dans la célébration de leur culte et l’accent mis sur l’Esprit Saint.
Les principales Églises évangéliques en France sont baptistes, méthodistes et darbystes, regroupés selon diverses dénominations dont les plus importantes sont :
- FEEB : Fédération des églises évangéliques baptistes : 128 Églises ;
- CAEF : Communautés et assemblées évangéliques de France : 109 Églises ;
- Darbystes : 105 Églises ;
- CEBI : Communion évangélique de baptistes indépendants : 85 Églises ;
- FEPEF : Fédération des Églises du Plein Évangile de France : 61 Églises ;
- FM : France Mission : 51 Églises ;
- EREI : Églises réformées évangéliques indépendantes : 60 Églises ; devenues en 2003 UNEPREF (Union nationale des Églises protestantes réformées évangéliques de France).
- UEEL : Union des Églises évangéliques libres : 54 Églises ;
- AEEBLF : Association évangélique d’Églises baptistes de langue française : 45 Églises ;
- CEAF : Communauté des Églises d’Expressions Africaines de France : 38 Églises ;
- FEM : Fédération Évangélique Missionnaire : 30 Églises.