Jean Gobelin laissera son nom à cette partie du Bourg Saint-Marcel
En 1443 s’installe à Paris, dans le quartier Saint-Marcel, à proximité des eaux de la Bièvre, Jean Gobelin, teinturier en écarlate. Avec leurs voisins, les Canaye, originaires de Milan, également teinturiers, les Gobelin fondent des entreprises très prospères resserrées par des alliances matrimoniales.
Ils possèdent tous les terrains allant de la rue Mouffetard (actuelle avenue des Gobelins) à la Bièvre (actuelle rue Berbier-du-Mets). Leurs activités, d’abord liées à la teinturerie, se diversifient ensuite vers le tissage de draps puis de tapisseries.
Dès 1559, les noms des Gobelin et des Canaye figurent sur les registres du temple de Charenton.
À quel moment les descendants de Jean Gobelin, alliés aux Canaye, rejoignent-ils la religion réformée ? On ne sait exactement.
En 1568, un Canaye, venu acheter des teintures de gaudes et pastels du Lauragais est pendu à Toulouse, un autre est jeté en prison à Paris et meurt en 1572, lors de la Saint-Barthélemy.
Les registres du temple de Charenton font état de baptêmes et d’autres actes concernant aussi bien les Gobelin que les Canaye, qui ont même obtenu la jouissance d’un cimetière protestant au bourg Saint-Médard, rue des Poules, (actuellement rue Laromiguière).
Le 26 septembre 1621, la maison des Gobelin sert de refuge pour les huguenots
Lors des guerres de religion sous Louis XIII, dites guerres de M. de Rohan, le duc de Mayenne, frère du duc de Guise et son successeur à la tête de la Ligue est tué au siège de Montauban. À cette nouvelle, des huguenots revenant du temple de Charenton sont attaqués par des vagabonds. Le lendemain, les mêmes séditieux reviennent à Charenton pour mettre le feu au temple. Une autre émeute éclate au bourg Saint-Marcel. Quatre maisons de la rue des Postes appartenant à des huguenots sont pillées. Il y a des morts de part et d’autre.
Le gouverneur de Paris, le duc de Montbazon, se rend sur place pour calmer les esprits. Il prend des mesures pour protéger la maison des Gobelin en mettant 50 archers de la ville de Paris pour assurer la garde et la sûreté de la dite maison et de ses marchandises. On disait en effet « qu’un grand nombre de ceux de la religion réformée s’était réfugié aux Gobelins ».
En 1601, à la demande d’Henri IV, les ateliers de tapisseries se développent par l’arrivée de deux flamands, François de la Planche et Marc de Comans, amis des Gobelin avec lesquels ils avaient des liens familiaux. Leurs noms figurent sur les registres du temple de Charenton ce qui tend à prouver qu’ils étaient réformés. Ils créent la première manufacture de tapisseries du roi qui sera rachetée par Colbert en 1662 pour devenir la célèbre manufacture royale des meubles de la Couronne, appelée aujourd’hui manufacture des Gobelins.
De la famille Gobelin, on perd la trace. On sait seulement qu’après la Révocation un Gobelin est conduit à la Bastille pour avoir refusé d’abjurer. La manufacture des Gobelin et le quartier maintiennent la mémoire de leurs noms.