La première guerre de Kappel (1529)
C’est la première des guerres de religion en Europe.
En Suisse la Réforme s’implante d’abord dans le canton de Zurich (en 1523), sous l’impulsion d’ Ulrich Zwingli (1484-1531), puis à Berne et à Bâle. La Réforme s’implante aussi à Genève mais Genève est indépendante et ne rejoint la Suisse qu’en 1815.
Au début du XVIe siècle après la Réforme, la souveraineté des cantons en matière religieuse n’est guère contestée mais il existe une source de conflit : le choix de la confession, catholique ou protestante, dans les bailliages communs : ce sont les pays sujets de plusieurs cantons, administrés à tour de rôle par chacun d’eux.
En 1529, à la suite de l’exécution sur le bûcher du pasteur Kaiser à Schwytz, le canton de Zurich déclare la guerre aux cinq cantons catholiques de Lucerne, Uri, Schwytz, Unterwald et Zoug, unis dans l’Alliance chrétienne. Les deux armées se rencontrent à Kappel am Albis, commune du canton de Zurich, près de la frontière avec le canton de Zoug. Une médiation permet d’éviter la bataille.
La première paix de Kappel favorise le côté protestant : elle prévoit que la Réforme peut progresser dans les bailliages communs et que les cantons catholiques renoncent à leur alliance avec Ferdinand 1er de Habsbourg. Mais Zwingli ne parvient pas à imposer que les cantons catholiques autorisent le culte protestant et renoncent à une de leurs sources de revenus : l’envoi de troupes de mercenaires à l’étranger.
La seconde guerre de Kappel (1531)
Après la paix, les Zurichois continuent à craindre une intervention militaire de Ferdinand 1er. Zwingli s’efforce en vain de faire alliance avec les protestants allemands et de faire accepter le culte protestant dans les cantons catholiques. Il tente aussi d’entraîner le canton de Berne dans une guerre contre les cinq cantons catholiques mais il obtient seulement un blocus commun sur les grains.
En octobre 1531, ce sont les cinq cantons qui, souffrant de l’embargo, se lancent dans la guerre.
L’engagement a lieu près de Kappel. Les troupes zurichoises, mal préparées, mal commandées et en infériorité numérique, sont mises en fuite. Au cours de la bataille, Zwingli, qui servait comme aumônier militaire, est tué.
Fin octobre dans un deuxième engagement, à la bataille du Gubel (canton de Zoug), l’armée des protestants, bernois et zurichois, pourtant largement supérieure en nombre, est mise en déroute lors d’une attaque de nuit.
La seconde paix de Kappel met fin à l’expansion de la Réforme en Suisse. Elle favorise les catholiques dans les bailliages communs, mais le statu quo religieux est maintenu dans les cantons.
La première guerre de Villmergen (1656)
Après la seconde paix de Kappel, des tensions politiques sans conflit armé subsistent entre les cantons protestants et catholiques
Pendant la guerre de Trente ans (1618-1648), la Suisse reste neutre.
Mais en 1652, après une dépréciation de la monnaie dans plusieurs cantons, provoquant dans les campagnes une rébellion armée dite guerre des Paysans suisses, un projet de pacte confédéral élaboré à Berne est rejeté par les cinq cantons catholiques de Lucerne, Uri, Schwytz, Unterwald et Zoug.
Fin 1655 des protestants de Arth dans le canton de Schwytz trouvent refuge à Zurich. La tension monte jusqu’à ce que quatre protestants restés à Schwytz soient exécutés.
Les cantons de Zurich et de Berne tentent alors d’imposer par la force le pacte qui remettrait en cause la seconde paix de Kappel.
Au début 1656, la guerre oppose les cantons de Zurich et de Berne aux cinq cantons catholiques. Les troupes catholiques remportent la victoire près de Villmergen (actuel canton d’Argovie) en attaquant par surprise les troupes bernoises qui n’avaient pu faire leur jonction avec les troupes zurichoises.
Les négociations de paix aboutissent à un compromis qui confirme les dispositions de la seconde paix de Kappel, en particulier les compétences des cantons en matière confessionnelle.
La seconde guerre de Villmergen (1712)
La seconde guerre de Villmergen oppose les cantons protestants de Zurich et de Berne et leurs alliés Genève et Neufchâtel aux cantons catholiques de Lucerne, Uri, Schwytz, Unterwald et Zoug, du Valais et à la principauté de Saint-Gall.
Les hostilités ont pour origine d’une part un ancien conflit entre le prince-abbé de Saint-Gall et ses sujets protestants du Toggenbourg, d’autre part la volonté des cantons protestants de mettre fin à la majorité catholique à la Diète fédérale (assemblée des députés des cantons).
Les troupes protestantes remportent une victoire près de Bremgarten (canton d’Argovie). La paix est signée à Aarau (actuel canton d’Argovie). Mais la paix est dénoncée dans les cantons catholiques.
La guerre reprend : les protestants remportent une victoire décisive près de Villmergen et envahissent plusieurs cantons catholiques. Il y a 3 000 morts.
Les négociations de paix reprennent à Aarau. Les catholiques perdent la majorité à la Diète. La liberté de religion est établie dans les bailliages communs. Une commission paritaire est instituée pour arbitrer les querelles confessionnelles.
La guerre du Sonderbund (1847)
La guerre du Sonderbund est une guerre de sécession, d’origine politique à caractère religieux, se distinguant des guerres de religion précédentes principalement engagées par les Zurichois qui visaient à l’extension de la Réforme.
Après la République helvétique, dominée par la France, le Congrès de Vienne proclame en 1815 l’indépendance et la neutralité de la Suisse, tandis que la République de Genève devient un canton suisse.
Mais les divisions religieuses menacent encore l’existence de la Confédération : en 1844 et 1845 des francs-tireurs protestants, s’opposent à l’appel par le canton catholique de Lucerne de jésuites pour l’enseignement supérieur et ils tentent de renverser le gouvernement du canton.
En 1846, face à ces troubles, les cinq cantons catholiques de Lucerne, Uri, Schwytz, Unterwald et Zoug, auxquels s’ajoutent ceux de Fribourg et du Valais, qui voulaient tous préserver leur autonomie cantonale, constituent une ligue séparatiste et défensive : le Sonderbund.
En 1847 la Diète fédérale, réunie à Berne, vote la dissolution du Sonderbund par la force. Le genevois Guillaume-Henri Dufour (1787-1875) est nommé général pour prendre le commandement des troupes fédérales.
Avec une armée de 100 000 hommes, le général Dufour mène une campagne rapide pour éviter l’intervention des puissances étrangères en appui au Sonderbund. Il s’attaque d’abord à Fribourg qui capitule puis à Lucerne qu’il envahit. À son tour le Valais se soumet sans combattre.
Très courte – elle ne dure que vingt-cinq jours – la guerre fait une centaine de morts. La modération et la diplomatie du général Dufour permettent de préserver la cohésion de la Confédération.
À la suite de la guerre du Sonderbund, les jésuites sont interdits en Suisse mais la Constitution fédérale de 1848 est un compromis laissant aux cantons leurs compétences en matière scolaire et ecclésiastique.
D’après le Dictionnaire historique de la Suisse