Jubilés discrets pendant et après la guerre de Trente Ans (1618-1648)
Si les États réformés se sont associés, du moins partiellement, au jubilé de 1617, seuls les États luthériens ont poursuivi cette pratique commémorative au cours du XVIIe siècle, en la confessionnalisant strictement.
Du 25 au 27 juin 1630 le centenaire de la Confession d’Augsbourg a été célébré comme « evangelische Jubelfest » (jubilé de l’Église Évangélique, c’est-à-dire de la Confession d’Augsbourg), en Saxe et dans plusieurs autres territoires sur le modèle du jubilé de 1617.
Cependant, les jubilés durant la guerre de Trente Ans ont été très discrets.
Celui de 1667 (150ème anniversaire de 1517), ordonné par le prince électeur de Saxe Johann Georg II, a été plus marquant. Celui-ci a fixé la date du 31 octobre comme jour de fête annuel de la Réformation, sans pour autant la canoniser. Elle devait être couramment déplacée au dimanche d’avant ou d’après.
En 1717, un jubilé plus consensuel avec les réformés
C’est seulement en 1717 que le jubilé de la Réformation a été célébré, sur le modèle de celui de 1617, dans la majorité des territoires luthériens de l’Empire et au Danemark. Cependant, la Saxe n’était plus le moteur du programme, le prince Frédéric-Auguste I s’étant converti au catholicisme en 1697.
On note qu’au jubilé de 1717, les luthériens piétistes voient en Luther l’homme « pieux » dont ils ont le devoir de poursuivre l’œuvre, tandis que les luthériens orthodoxes célèbrent le héros terrassant la superstition médiévale et la papauté ; et que plusieurs universités allemandes mettent en valeur l’ensemble des réformateurs et des « témoins de la vérité », aux côtés de Luther. D’ailleurs, la polémique à l’égard des « calvinistes » commence à s’estomper et laisse entendre un rapprochement luthéro-réformé, contre Rome.