Soutenez Le Musée ! Faire un don

Les monarchomaques et la contestation du pouvoir absolu

Les théoriciens désignés comme «ceux qui combattent le gouvernement d’un seul» sont partisans d’une monarchie contractuelle. Ils sont aussi appelés monarchomaques.

Les monarchomaques protestants

Théodore de Bèze (1519-1605)
Théodore de Bèze (1519-1605) © S.H.P.F.

En France, les monarchomaques sont d’abord des protestants :

  • Le juriste François Hotman publie en 1573 à Genève la Francogallia ;
  • Le théologien Théodore de Bèze écrit Du droit des magistrats sur leurs sujets (1574) ;
  • L’auteur du Vindiciae contra Tyrannos (1579), vraisemblablement Philippe Duplessis-Mornay.

On compte encore quelques autres ouvrages dont les auteurs sont anonymes, notamment le Réveille-Matin des Français et de leurs voisins, paru en 1574 à Edimbourg (lieu fictif, sans doute Bâle) et les Discours politiques des diverses puissances establies de Dieu au monde (1574).

Caractéristiques et traits communs de ces ouvrages

Ils déclarent la souveraineté du peuple représenté par les États-Généraux. L’assemblée des États choisit les rois et les magistrats, elle peut les déposer s’ils ont démérité ; elle décide de la paix et de la guerre et fait les lois. Cette monarchie contractuelle annonce la future monarchie constitutionnelle.

L’obéissance du peuple est conditionnelle : elle repose sur le respect par le roi de ses promesses. Dans le cas où le souverain est un tyran, la résistance est légitime.

Les monarchomaques catholiques

En 1584, lorsque Henri de Navarre devient héritier du trône, les monarchomaques modèrent quelque peu leurs vues pour ne pas porter ombrage au futur Henri IV.

Leurs arguments sont repris par certains Ligueurs. On peut citer le De justa Henrici tertii abdicatione (1589) du curé Jean Boucher ou le De justa reipublicae in reges impios authoritate (1590) attribué à l’évêque Guillaume Rose.

Ces traités diffèrent de ceux qui ont été écrits par des protestants par le fait que la distinction entre tyrannie religieuse et tyrannie politique tend ici à disparaître, car pour leurs auteurs le spirituel et le temporel sont intimement liés. Le tyrannicide s’en trouve plus largement justifié que dans l’idéologie protestante.

Notices associées

Théodore de Bèze (1519-1605)

Théodore de Bèze est un des personnages les plus importants du courant réformé.  Il soutient Calvin et succède à celui-ci comme modérateur (président) de la Compagnie des pasteurs de Genève....

Henri IV (1553-1610)

Henri de Navarre, devenu roi de France en 1589 sous le nom d’Henri IV, met fin aux guerres de religion et restaure la paix civile et religieuse dans le royaume.

François Hotman (1524-1590)

François Hotman met en cause l’absolutisme royal.

Les Places de sûreté protestantes

Places fortes tenues par un gouverneur de place, les « places de sûreté » attribuées aux Réformés avaient un but à la fois religieux et politique.

Le protestantisme après 1562

Dans la seconde partie du XVIe siècle (1562-1598), en dépit de persécutions et de longues périodes de guerre civile, les Églises réformées s’organisent. Un régime politique inspiré de l’organisation des Églises...

L’essor du protestantisme en France (1520-1562)

Les idées de Luther se répandent en France à partir de 1520. Les autorités font barrage de leur mieux. À partir de 1540, sous l’influence de Jean Calvin, une nouvelle...

Jean Calvin (1509-1564)

Une génération après Luther, le Français Jean Calvin est l’organisateur de la Réforme : organisateur de l’Église, de la doctrine et du rôle de l’Église dans l’État.

L’Union des provinces ou l’État huguenot (1573-1577)

En réaction à la Saint-Barthélemy en 1572, les protestants du sud de la France se rassemblent et fondent en 1573 une communauté administrative qu’ils ont appelée l’Union des provinces dans...