Les monarchomaques protestants
En France, les monarchomaques sont d’abord des protestants :
- Le juriste François Hotman publie en 1573 à Genève la Francogallia ;
- Le théologien Théodore de Bèze écrit Du droit des magistrats sur leurs sujets (1574) ;
- L’auteur du Vindiciae contra Tyrannos (1579), vraisemblablement Philippe Duplessis-Mornay.
On compte encore quelques autres ouvrages dont les auteurs sont anonymes, notamment le Réveille-Matin des Français et de leurs voisins, paru en 1574 à Edimbourg (lieu fictif, sans doute Bâle) et les Discours politiques des diverses puissances establies de Dieu au monde (1574).
Caractéristiques et traits communs de ces ouvrages
Ils déclarent la souveraineté du peuple représenté par les États-Généraux. L’assemblée des États choisit les rois et les magistrats, elle peut les déposer s’ils ont démérité ; elle décide de la paix et de la guerre et fait les lois. Cette monarchie contractuelle annonce la future monarchie constitutionnelle.
L’obéissance du peuple est conditionnelle : elle repose sur le respect par le roi de ses promesses. Dans le cas où le souverain est un tyran, la résistance est légitime.
Les monarchomaques catholiques
En 1584, lorsque Henri de Navarre devient héritier du trône, les monarchomaques modèrent quelque peu leurs vues pour ne pas porter ombrage au futur Henri IV.
Leurs arguments sont repris par certains Ligueurs. On peut citer le De justa Henrici tertii abdicatione (1589) du curé Jean Boucher ou le De justa reipublicae in reges impios authoritate (1590) attribué à l’évêque Guillaume Rose.
Ces traités diffèrent de ceux qui ont été écrits par des protestants par le fait que la distinction entre tyrannie religieuse et tyrannie politique tend ici à disparaître, car pour leurs auteurs le spirituel et le temporel sont intimement liés. Le tyrannicide s’en trouve plus largement justifié que dans l’idéologie protestante.