Les Cévennes après la Révocation
Confrontés aux dragonnades, les protestants, majoritaires dans les Cévennes, ont abjuré en masse. À la Révocation, les derniers temples sont détruits et les pasteurs quittent la France. Mais la plupart de ceux qu’on appelle « les nouveaux convertis » tentent de limiter la pratique catholique devenue obligatoire.
Commence alors une période de clandestinité. Ceux qui ont pu éviter d’abjurer et les autres se réunissent en secret par petits groupes, dans des lieux isolés pour célébrer le culte interdit. Ces assemblées clandestines sont animées par des « prédicants » qui prêchent et parfois administrent la Cène. Les plus célèbres sont François Vivent et Claude Brousson.
Nicolas Lamoignon de Basville, intendant du roi en Languedoc de 1685 à 1718, fait traquer les assemblées clandestines. Les prédicants sont exécutés, les fidèles emprisonnés ou envoyés aux galères ou parfois massacrés.
Premier projet d'insurrection en Cévennes
Sous l’impulsion de François Vivent, les participants aux assemblées n’hésitent pas à porter des armes pour se défendre si les dragons du roi attaquent. Basville accuse les prédicants d’être rebelles au roi et en conséquence il intensifie la répression.
François Vivent entre en rapport avec les princes protestants en guerre contre Louis XIV dans la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1689-1697) pour rechercher leur appui et obliger Louis XIV à rétablir l’Édit de Nantes.
Il met beaucoup d’espoir en Guillaume d’Orange qui vient d’être reconnu roi d’Angleterre (1688-1689). Plusieurs projets de débarquement en Bas-Languedoc sont élaborés en liaison avec François Vivent, chargé de préparer une insurrection dans les Cévennes.
Mais ces projets n’aboutissent pas et à la paix de Ryswick en 1697 les protestants français sont les grands oubliés des puissances protestantes.
Le prophétisme
Les prédicants sont éliminés les uns après les autres, Vivent en 1692, Claude Brousson en 1698. En 1699, Roman, le dernier prédicant, est capturé mais il parvient à fuir en Suisse. La prédication prend alors une nouvelle forme : l’inspiration prophétique. Le mouvement prophétique, né en Dauphiné et en Vivarais, gagne les Cévennes en 1700.
« Repentez-vous, n’allez plus à la messe, renoncez à l’idolâtrie » tels sont les mots d’ordre de ces prophètes qui annoncent la destruction prochaine de la Bête de l’Apocalypse, c’est-à-dire de l’Église romaine. Mêlée de larmes et tremblements, la parole prophétique est dite par des femmes, des enfants, des petits artisans, des paysans.
Les notables des villes se tiennent à l’écart, méfiants devant cette explosion charismatique anarchique. De même les pasteurs du Refuge, sauf Jurieu.
Basville, lui, continue d’emprisonner.