Quatre modèles de réforme
Au XVIe siècle apparaissent quatre modèles de réforme qui, tous, adoptent les principes énoncés par Martin Luther (1483-1546) : Jésus Christ seul, l’Écriture seule, la grâce seule, la foi seule.
On distingue ainsi :
– la Réforme luthérienne, instaurée par Luther,
– la Réforme initiée par Zwingli et Calvin (courant réformé),
– la Réforme radicale, avec les anabaptistes,
– la Réforme anglicane, initiée en Angleterre par Henri VIII.
Ces quatre modèles donnent naissance à des courants divers, présentés sur le schéma de filiation suivant.
Les différents courants du protestantisme
-Les luthériens adoptent le modèle de l’Église organisée par Luther, aussi bien sur la doctrine que sur la liturgie. Depuis le XVIe siècle, ils restent très proches les uns des autres.
-Les réformés, aussi appelés calvinistes, sont issus du courant développé par Ulrich Zwingli (1484-1531) et poursuivi par Jean Calvin (1509-1564).
Dans les pays anglo-saxons, les réformés sont appelés presbytériens.
Les puritains se rattachent au courant calviniste : ainsi désignés par leurs adversaires après 1560, ils souhaitent aller plus loin dans la Réforme de l’Église d’Angleterre, jugeant les mesures prises par la reine Élisabeth Ière trop timides.
-Le mouvement vaudois, créé par Pierre Valdo à la fin du XIIe siècle à Lyon, s’étend dans toute l’Europe au Moyen Âge ; il rejoint le courant réformé en 1532.
-L’Église hussite, née du mouvement de réforme opéré par Jan Hus au XIVe siècle en Bohême et en Moravie, devient progressivement une Église protestante.
-La Réforme radicale se caractérise par la volonté de dépasser les autres Réformes qui, selon elle, ne vont pas assez loin : en particulier, elle refuse le baptême des enfants. Les courants qui en proviennent sont ceux :
- des huttériens, disciples de Jacob Hutter (1500-1536), qui rejettent toute forme de violence ;
- des mennonites, disciples de Menno Simons (1496-1561), qui veulent l’indépendance de l’Église et de l’État, et rejettent de même la violence et la guerre ;
- des unitariens, qui contestent le dogme de la trinité et nient la divinité de Jésus-Christ.
Les amish apparaissent en Alsace à la fin du XVIIe siècle, au sein de la communauté mennonite : leur fondateur, Jacob Amann, réclame une plus grande rigueur dans la discipline.
-Le schisme de l’Église d’Angleterre, qui se sépare de Rome en 1534 sous l’impulsion du roi Henri VIII, ouvre la voie à un rapprochement avec le protestantisme : l’Église anglicane adopte en 1563, sous le règne de la reine Élisabeth Ière, une confession de foi inspirée par la Réforme.
-Les épiscopaliens sont issus des anglicans des États-Unis : après la déclaration d’indépendance de 1776, ils se dégagent de la tutelle du roi d’Angleterre, tout en restant dans la communion anglicane.
-De nombreux courants sont issus de mouvements de Réveil au sein de l’anglicanisme depuis le XVIIe siècle. Comme les courants issus de la réforme radicale, les baptistes, apparus au début du XVIIe siècle aux Pays-Bas, réservent le baptême aux adultes.
-Les quakers se réunissent en « assemblées des amis », sans chant et en silence, chacun étant libre de sa croyance religieuse.
Les méthodistes, inspirés par John Wesley et George Whitefield, donnent une grande importance à la sanctification par les œuvres, témoin concret de l’état de grâce du croyant.
L’Église adventiste est fondée par William Miller (1782-1849) dans l’attente de la fin du monde et l’espérance du retour du Christ ; elle respecte le sabbat et certaines prescriptions alimentaires de l’Ancien Testament.
Les darbystes sont issus de dissidents de l’Église d’Angleterre qui ont refusé l’influence de l’État dans la vie de l’Église. Ils relèvent du piétisme avec une théologie réformée. Ils se réunissent en assemblées de frères sous la direction d’anciens.
Les salutistes appartiennent à l’Armée du Salut, mouvement fondée par William Booth (1829-1912) pour l’évangélisation en milieu populaire et fortement orienté vers la lutte contre la misère.
-Au XXe siècle, deux mouvements majeurs de Réveil apparaissent.
Les pentecôtistes mettent l’accent sur les conséquences miraculeuses de la foi (guérison, parler en langues), par l’œuvre du Saint-Esprit.
Les charismatiques, proches des pentecôtistes, s’en distinguent par des pratiques cultuelles plus diversifiées et une insistance marquée pour l’épanouissement personnel. Transconfessionnel, le courant charismatique se retrouve également un peu à l’intérieur des autres Églises protestantes et même de l’Église catholique.