L'artiste
D’après Félibien, érudit qui fut un ami intime de notre artiste, Louis Du Guernier, né le 14 avril 1614, aurait eu pour grand-père un homme qui « avoit possédé une charge considérable dans le Parlement de Rouen » mais perdu tous ses biens lors des guerres de religion. La mort précoce de son père le contraint à peindre des miniatures, afin de soutenir une nombreuse fratrie dont il est l’aîné et dont plusieurs membres embrasseront la profession d’artiste.
Sa sœur Suzanne épousera le peintre Sébastien Bourdon, ami de Louis, que l’on trouve très présent dans le milieu protestant des artistes et orfèvres. Samuel Bernard qui travaille avec lui, a gravé son portrait.
Il est un des premiers membres de l’Académie à laquelle il adhère le 16 août 1651. À ce titre, il fait partie des Douze Anciens. Le 6 juillet 1655, il est nommé Professeur.
Une personnalité forte, attachante et tolérante
Louis a une personnalité qui plaît à nombre de ses contemporains comme Félibien qui se lie d’une étroite et solide amitié avec lui et déclare ne connaître « personne de son âge qui eust une modération et une sagesse égale à la sienne… Son scavoir & son habilité à bien peindre estoient en luy les qualitez les moins estimables & il avoit une beauté d’ame qui surpassoit de beaucoup tout ce que j’en pourrois dire. Si l’excellence de son travail m’avoit fait rechercher à le connoître, ses bonnes mœurs et son mérite personnel m’engagèrent à l’aimer, et à le voir souvent. Sa conversation estoit douce et agréable, ses divertissemens innocens : tout etoit sérieux en luy ; il n’y avoit rien de chagrin : on respectoit son abord, et on ne l’appréhendoit pas ; il paroissoit extrêmement froid et retiré, mais civil et honneste ; ennemi des vices, sans être ennemi des honnestes divertissemens. Il aimoit la Musique, touchoit fort bien le théorbe, se plaisoit à la lecture des bons livres, en jugeoit fort bien, ne parloit jamais de sa Religion. S’il parloit de la nostre , c’estoit d’une manière sage et honneste ; & dans toutes ses actions on voyait toûjours quelque chose de noble & de genereux. »
Il est parrain d’un enfant d’Henri Testelin, baptisé au temple de Charenton, tandis que sa femme, devenue veuve, est marraine d’un autre enfant du même Testelin.
Il meurt le 16 janvier 1659 à son domicile situé quai de l’Horloge et est enterré le lendemain au cimetière du faubourg Saint-Germain.