Noyon, haut-lieu de l'histoire de France
Le dernier des Mérovingiens, Chilpéric II, y a été enterré en 721. Charlemagne y a été couronné roi de Neustrie en 768 et Hugues Capet roi de France en 987.
Noyon a été, jusqu’à la Révolution française, un haut-lieu culturel et spirituel, comme en témoigne la superbe bibliothèque capitulaire, datant du XVIe siècle. Mais elle a été aussi un centre de contestations provoquées par les excès du pouvoir clérical exercé par le Chapitre de la cathédrale et de luttes passionnées pour les droits civiques. C’est ainsi qu’elle est devenue une des plus anciennes communes de France, arrachant en 1108 aux autorités ecclésiastiques, sa charte des libertés communales.
Calvin est né à Noyon le 10 juillet 1509. Dès son enfance, il a été profondément marqué par la piété de sa mère et les démêlés de plus en plus rudes de son père Gérard Cauvin, administrateur des biens de l’Église, avec les chanoines et évêques. Il a hérité, de cette double influence maternelle (Jeanne Lefranc meurt alors que Jean n’a pas 10 ans) et paternelle, d’une sensibilité mystique et d’un tempérament frondeur comme d’ailleurs beaucoup de Picards. C’est au cours de ses études à Paris, Orléans et Bourges, qu’il reçoit le choc des idées humanistes et surtout du message de Luther. Devenu « luthérien » au cours de l’hiver 1532-1533, il est contraint à l’exil à l’âge de 25 ans, et passe plus de la moitié de sa vie comme réfugié politique à Genève. Il y meurt le 27 mai 1564 après avoir accompli une œuvre immense dont le rayonnement s’étend au monde entier.
La maison natale (présumée) de Calvin, que l’on connaît par des dessins, des gravures et des photographies prises avant 1918, était devenue une dépendance de l’Hôtel de France construit au XVIIe siècle, sur la place aux Blés, et était séparée de lui par une petite cour. Elle fut épargnée par les guerres de religion et les invasions. En février 1553, Calvin écrit dans une lettre : « La maison de mon père demeure seule debout dans la ville réduite en cendres ».
La maison natale de Calvin détruite en 1914-1918 est reconstruite
Après la prise de Noyon par les Allemands en 1914, une plaque fut apposée, indiquant que la maison est située au lieu historique de la naissance du réformateur. Durant la dernière année de la guerre, elle fut, comme le reste de la ville, complètement détruite. Les hôtels qui la cachaient ne furent jamais reconstruits.
L’amitié œcuménique entre Mgr Lagneau, archiprêtre de la cathédrale et le pasteur Pannier, secrétaire général de la Société de l’histoire du protestantisme français (SHPF), amena cette dernière à racheter les ruines et, grâce à une souscription internationale, à restaurer très fidèlement le bâtiment existant avant 1917 (partie basse de l’ensemble actuel). Afin d’en faire un musée, la partie haute fut ajoutée. L’inauguration eut lieu en 1930. Endommagée par des bombardements en 1944, la maison fut restaurée en 1954 et ses installations modernisées en 1983, date à laquelle le musée Calvin a pris sa physionomie actuelle sous l’impulsion du pasteur Georges Casalis.
Une riche bibliothèque et une importante iconographie rassemblée dans le musée
Outre une importante bibliothèque d’ouvrages originaux (Bibles, Nouveau Testament, Commentaires, etc.), le musée Calvin détient plusieurs portraits peints et scènes de la vie politique et religieuse au XVIe siècle, des portraits gravés de Jean Calvin et quelques autres réformateurs. Des images de Noyon (ville et monuments) évoquent le cadre de sa jeunesse. À côté de documents (tels que les fameux Placards de 1534), de cartes anciennes, de médailles et de sceaux, on trouve des pièces de mobilier ancien (une chaire du Désert, des coffres du XVIe siècle, une copie de la « chaise magistrale » de Calvin).
Propriété de la SHPF, le musée est géré par la ville de Noyon avec le concours de l’Association des Amis du Musée Calvin.
Auteur : Musée Jean Calvin