Missions populaires évangéliques (Mission Mac All)
L’idée de la mission populaire est venue à un pasteur anglais, venu visiter la France au moment de la Commune. Des conversations dans le quartier de Belleville l’avaient alors persuadé de la nécessité d’une évangélisation spécifique en direction de la classe ouvrière. Il quitta donc le Suffolk avec sa proche famille, s’établit à Paris et consacra toute sa fortune à la réalisation de son projet. En 1872 fut ouverte une première salle d’évangélisation (Société fraternelle) à Belleville, d’autres se sont ouvertes peu après à Ménilmontant, dans le Faubourg Saint-Antoine, à Bercy et à Grenelle, puis hors de Paris, à Marseille et à Lyon. Le principe en était un accueil ouvert aux « passants » – en l’occurrence, dans ces quartiers, les ouvriers et aussi leurs familles. Ce pouvait être des réunions au cours desquels l’Évangile était lu et commenté. Mais c’était aussi la possibilité d’une éducation professionnelle, ainsi que l’accès à des soins gratuits. Le public fut nombreux qui venait « voir », à une occasion donnée, par ouï-dire, se renouvelant donc souvent, mais se fidélisant aussi.
Le personnel recruté et payé par la « mission » n’appartenait pas nécessairement aux églises protestantes officiellement reconnues en France. Le pasteur Mac All avait sollicité des financements américains et dès lors accepté des personnels liés aux églises baptistes. Ce fut l’occasion de quelques conflits avec le corps pastoral de Paris, lequel refusa dans un premier temps ce qui devait être pourtant l’un des objectifs de ces salles de réunion, c’est-à-dire que des offices puissent y être célébrés. Des négociations serrées ont permis des compromis, les temples acceptant d’accueillir le public des Sociétés fraternelles proches.
Société protestante du travail
Fondée en 1868, entre autres par E. Laboulaye et par l’économiste Frédéric Passy, la société a pour propos de fournir aux petites entreprises ou aux petits commerces, les comptables, caissiers, gérants, demoiselles ou garçons de magasins dont ils auraient besoin. Cette initiative a été rapidement suivie par plusieurs Chambres syndicales qui ont aussi proposé ce service de placement gratuit.
La Maison hospitalière
Cette œuvre, fondée en 1880, est destinée à accueillir les chômeurs et à essayer de les réinsérer sur le marché du travail.
Association protestante pour l'étude pratique des questions sociales
Créée sous l’impulsion conjointe du pasteur Tommy Fallot et de l’économiste Charles Gide en 1887, l’association s’intéresse aux retombées sociales pratiques de l’industrialisation, telles que thématisées dans une perspective de libéralisme économique. Autrement dit, il y a des contraintes incompressibles de l’industrialisation, lesquelles ont des retombées sociales inévitables qu’il faut alors traiter au cas par cas.
L’association publie la Revue du Christianisme pratique.
Société française pour l'observation du dimanche
Sous le second Empire et au début de la IIIe République, la condition ouvrière restait extrêmement précaire : travail harassant, sans repos hebdomadaire, sans aucune protection sociale, et d’une manière générale tout ce qui a été décrit, entre autres, par Zola dans les Rougon Macquart. C’est à modifier cette condition que s’attache la Société française pour l’observation du Dimanche, fondée en 1875, en liaison avec des associations laïques comme la [glossary_excludeLigue populaire pour le repos du Dimanche. Elle rassemble toutes sortes d’arguments en faveur du repos dominical – meilleure hygiène, vie familiale plus équilibrée, possibilité de renforcer les exigences morales et donc contribution au bien public, etc. L’association s’est battue, entre autres, pour que les magasins restent fermés le dimanche tout en organisant un accueil à l’église des employés libérés de leurs occupations professionnelles ; elle a attiré l’attention des pasteurs sur ce public nouveau, lui recommandant notamment de faire des prédications adaptées à ce qu’il était. Elle a également édité un recueil de cantiques édifiant.
L’économiste libéral Léon Say, Président du Sénat, a été l’un des membres actifs de l’association.
Œuvre en faveur des demoiselles de magasins
Cette œuvre fondée en 1883 par une américaine, Miss Atterbury, porte la marque de l’époque où elle a été conçue (c’est le moment où Zola publie Au bonheur des dames). Elle est assez caractéristique du regard que porte la « haute bourgeoisie protestante » sur les retombées sociales d’un progrès qu’elle contribue largement à mettre en œuvre : il faut à tous les échelons, si modestes, si circonscrits soient-ils, encourager les progrès en maintenant des exigences morales fortes.
En l’occurrence le problème était le suivant : la nouvelle forme de commerce que constituait les grands magasins était un progrès, mais celui-ci avait des revers. Le moindre n’était pas les conditions précaires dans lesquelles se trouvaient les employés – essentiellement les vendeuses. Celles-ci semblaient, aux yeux de la bienfaitrice, tentées d’avoir une double vie : « Les demoiselles si charmantes derrière leur comptoir, le sont moins une fois leur travail terminé » (Dictionnaire des œuvres protestantes). L’œuvre consistait donc à offrir dans l’enceinte du magasin un lieu de réunion où les vendeuses pouvaient se retrouver pendant la pause, recevoir un accueil bienveillant, compléter leur formation (par des lectures choisies ou des cours de solfège et surtout par l’apprentissage de l’anglais, évidemment utile dans cet emploi), trouver un suivi leur permettant à l’occasion d’exercer une profession plus stable et plus « convenable ».