Une famille protestante d'architectes
Fils de l’architecte Jean de Brosse, petit-fils de Jacques I Androuet du Cerceau par sa mère, et par conséquent neveu de Jacques II Androuet du Cerceau, Salomon de Brosse naît à Verneuil-en-Halatte en 1571, dans un milieu huguenot d’architectes. Il est probable qu’il reçoit sa première formation dans son milieu familial propice et prestigieux. Il participe d’ailleurs à l’extrême fin du XVIe siècle à la dernière campagne de travaux du château de Verneuil (détruit), pour lequel travailla son grand-père du Cerceau. Il apparaît sur le chantier du château de Montceaux en 1597, où il travaille avec son oncle Jacques II Androuet du Cerceau. Sa famille s’installe à Paris après l’Édit de Nantes. À sa mort, en décembre 1626, il est enterré au cimetière protestant de Saint-Germain.
Les œuvres connues, tardives et remarquables
Ce n’est qu’à partir des années 1610 que son œuvre nous est vraiment connue. Il est alors très sollicité :
- Architecture civile. À ce moment-là il reçoit plusieurs commandes : en 1612, le château de Blérancourt (Oise) qui sera achevé avant 1619 et dont subsistent les pavillons de l’aile d’entrée ; en 1613, le château de Coulommiers (Seine-et-Marne) pour Catherine de Gonzague, duchesse de Longueville, aujourd’hui détruit ; en 1615, à Paris, le palais du Luxembourg pour Marie de Médicis, qui subsiste, quelque peu modifié, et abrite le Sénat. Son jeu plastique sur les volumes et son goût pour les bossages est bien visible dans les exemples du Luxembourg et de Blérancourt qui dénotent également une bonne connaissance de l’architecture italienne de la Renaissance. Malgré les altérations subies au XVIIIe siècle, la façade du Parlement de Bretagne à Rennes (qui abrite aujourd’hui le palais de Justice) commencé en 1618, révèle les mêmes aspirations. Enfin, Blérancourt, tout particulièrement, ouvre la voie à la conception classique du château que développera François Mansard.
- Architecture religieuse. De la même époque (1616), date la façade de l’église Saint-Gervais (Paris) qui adopte, pour la première fois en France en architecture religieuse, la superposition des ordres d’architecture. Enfin, il convient de mettre à l’actif de l’architecte, l’élévation du temple de Charenton, reconstruit à partir de 1623, à partir de données de Jacques II Androuet du Cerceau, oncle de Salomon de Brosse.