Des études d'ingénieur aux études bibliques
Suzanne de Dietrich est née à Niederbronn (Bas-Rhin) dans une famille d’industriels enracinée dans la tradition de foi du Ban de la Roche, marquée par les pasteurs Frédéric Oberlin et Tommy Fallot.
Elle fait des études d’ingénieur à Lausanne, où elle suit les activités de l’Association Chrétienne d’Étudiants, obtient en 1913 son diplôme d’ingénieur, et participe en février 1914 au congrès de la Fédération française des associations chrétiennes d’étudiants : la Fédé.
À partir de ce moment capital pour elle, et malgré un grave handicap physique, elle s’y engage complétement.
En 1916, elle devient aussi membre des « Volontaires du Christ », mouvement créé par les étudiants principalement en théologie et dont le mot d’ordre est « l’évangélisation du monde par notre génération ».
Elle introduit à la Fédé les études bibliques en commun, ce qui pour l’époque est une pratique jugée révolutionnaire. Sous son impulsion, la Bible, de livre de méditation privée, devient objet de culture biblique, tendant à fortifier la foi, ouverte à tous et à diverses étapes de leur évolution spirituelle.
À ce moment-là, elle participe aussi à la découverte de l’œuvre de Karl Barth (1886-1968), le grand théologien allemand, diffusée en France par le pasteur Pierre Maury (1890-1956) à travers la revue Foi et Vie, très influente dans le milieu des jeunes théologiens.
L'engagement œcuménique et la création de la Cimade
Suzanne de Dietrich est nommée en 1929 vice-présidente de la Fédération Universelle des Étudiants Chrétiens qui est, après la guerre de 1914-1918, le fer de lance du mouvement œcuménique qui commence à s’organiser. Et c’est elle qui est, en 1932, à l’origine de la première réunion de théologiens catholiques, protestants et orthodoxes.
À partir de ce moment-là, elle animera de nombreuses études bibliques inter-confessionnelles en France.
Elle est nommée en 1929, Vice-Présidente de la Fédération Universelle des Étudiants Chrétiens, chargée des questions œcuméniques et liturgiques, charge qu’elle assumera jusqu’en 1946.
En 1937, elle participe à la première conférence mondiale de la jeunesse très centrée sur l’étude biblique.
Elle fait partie du Comité consultatif pour la création d’une « méthode d’études bibliques » qui sera connue sous le nom de Renouveau biblique.
En septembre 1939, elle contribue avec Madeleine Barot (1909-1995) à la création de la CIMADE (Comité inter-mouvements auprès des évacués) rendue nécessaire par les problèmes humains dramatiques liés aux réfugiés et aux évacués.
En 1941, elle fait partie des 16 pasteurs et laïcs -dont 3 femmes- qui rédigent la déclaration dite Thèses de Pomeyrol, soulignant la résistance de l’Église Réformée de France au nazisme.
Restée à Genève pendant la guerre pour soutenir les Associations chrétiennes d’étudiants, elle écrit d’abord l’histoire de ces associations, puis son livre le plus connu : Le dessein de Dieu, véritable itinéraire biblique à l’usage de tous les croyants qui sera très étudié dans les séminaires catholiques. Publié en 1945, ce livre sera traduit en 13 langues.
Dernières activités
En 1946, elle participe à la création du nouvel Institut Œcuménique à Bossey (canton de Vaud, Suisse), sorte de laboratoire où se vit l’œcuménisme. Elle y est responsable de la formation des laïcs au travail œcuménique. Elle y restera 8 ans.
En 1954, elle s’installe à Paris d’où elle voyagera principalement en Amérique du Nord et au Canada. Elle y donne des cours dans les facultés de théologie.
En 1958, elle devient membre du Comité directeur de la Cimade et fait partie des « Équipes de recherche biblique » dès leur création en 1962.
Suzanne de Dietrich a été nommée Docteur Honoris Causa en théologie de plusieurs universités d’Europe et d’Amérique du Nord.