Un libéral et un radical
Né à Lemé (Aisne), Colani reçoit une éducation piétiste dans l’union d’une communauté de frères moraves. Il fait ses études de théologie à la Faculté de Strasbourg et devient pasteur de la paroisse Saint-Nicolas ; il occupe la chaire d’éloquence sacrée à la Faculté.
Ses contacts avec Scherer et l’influence de Reuss l’avaient convaincu de la nécessité d’un renouvellement de la pensée théologique francophone permettant de présenter à l’intelligence contemporaine un message chrétien qu’elle pouvait recevoir.
Il fonde en 1850 la Revue de théologie et de philosophie chrétienne ou Revue de Strasbourg qui devient vite le porte-parole du libéralisme radical. Colani reprochait à l’orthodoxie, incarnée pour lui par les hommes du Réveil, « de n’être pas un humanisme, de faire planer Dieu au-dessus du monde, de ne prendre en compte ni l’humanité de Jésus, ni les progrès à l’œuvre dans la société ». Il retranchait d’ailleurs du Nouveau testament tout ce qui pouvait donner à Jésus des qualités qui ne seraient pas de ce monde (son rôle eschatologique) considérant l’affirmation religieuse comme étant sans signification, si le sujet ne vit pas d’elle et pour elle (les protestant, A.Encrevé, 1993, op.cité).
Ces positions ont été à l’origine de violentes polémiques (cf. le temps des divisions). Les évangéliques reprochent à Colani d’édifier sa christologie uniquement sur le terrain de la morale et de la conscience, et « de supprimer le fondement du caractère unique que présente l’interpellation divine adressée à l’homme en Jésus-Christ ». Ils créent, en 1854, leur propre revue, la Revue Chrétienne.
Après 1871, Colani abandonne tout à fait ses fonctions pastorale et professorale ; sous-bibliothécaire à la Sorbonne en 1877, il s’intéresse davantage aux questions littéraires et politiques, et collabore à différents journaux (Le Temps, la République française de Gambetta). Au synode général de l’Église réformée en 1872, ses interventions en faveur de l’héritage spirituel de la Réforme, plus ou moins méconnu selon lui par l’orthodoxie protestante, sont remarquées, de même que son opposition totale à la Déclaration de foi, telle qu’adoptée par le synode.