La politique de réintégration de Richelieu de 1630 à 1642
La paix d’Alès (et l’édit de Nîmes) en 1629 avait enlevé aux protestants leurs places de sûreté et mis fin à leur pouvoir politique. Le culte catholique est rétabli dans les villes réformées : Montauban, Nîmes, Castres,… et les protestants doivent subvenir au financement du culte catholique en application de l’édit de Nantes.
Il y a aussi un changement dans les régions protestantes avec l’arrivée de paysans, d’artisans et d’ouvriers catholiques (Montauban, La Rochelle). Suivent les notables catholiques avec leurs domestiques. À partir de 1632, le parlement de Toulouse impose aux villes protestantes, notamment Montauban et Castres, que leur municipalité comprenne un nombre égal de catholiques et de protestants.
Par ailleurs, Richelieu cherche à obtenir la réunion à l’Église catholique des « dissidents hérétiques ». Il considère en effet l’unité religieuse comme le ciment de l’unité politique. Richelieu pense que le différend théologique entre catholiques et protestants peut être aplani en recentrant le catholicisme sur la « vraie religion » élaguée de quelques dogmes secondaires. Ce projet de réunion dans une Église catholique gallicane soulève l’opposition tant des synodes réformés que de Rome.
Des restrictions juridiques
Par ailleurs des restrictions juridiques sont prises par des parlements, souvent influencés par une société religieuse catholique : la Compagnie du Saint-Sacrement. Il s’agit de suppressions de lieux de culte protestant ou de fermetures d’écoles pour infraction à l’édit de Nantes. Une déclaration royale de 1634 interdit aux pasteurs d’exercer en dehors de leur lieu de résidence : ainsi les temples annexes ne peuvent plus être utilisés comme lieux de culte.
À partir de 1635 les assemblées du clergé, qui réunissent tous les cinq ans les évêques et des délégués des chapitres et des abbayes devant le roi, lui présentent des cahiers de doléances comportant des plaintes contre les huguenots de façon à le pousser à une application plus stricte de l’édit.
En 1640, un arrêt du conseil du roi ordonne de saluer les processions du Saint-Sacrement sous peine d’une forte amende.
Cependant la politique étrangère de Richelieu d’opposition aux Habsbourg dans le cadre de la guerre de Trente ans s’appuie sur les princes protestants de l’empire germanique. Richelieu fait alors passer au second plan la « réduction de l’hérésie » en France.
Une accalmie avec Mazarin
En 1643 à la mort de Louis XIII, son fils Louis XIV devient roi. Il a cinq ans : la régence est assurée par Anne d’Autriche, la reine-mère. Le cardinal Mazarin est ministre de Louis XIV de 1644 à 1661.
Mazarin poursuit la politique étrangère de Richelieu contre l’empereur Ferdinand III (jusqu’au traité de Westphalie en 1648) et contre l’Espagne. Il est aux côtés des princes protestants allemands et de l’Angleterre. La raison d’État implique de ne pas mécontenter les alliés : les protestants français ne sont plus inquiétés juridiquement.
Plusieurs arrêts du conseil du roi reviennent même sur les limitations de l’édit de Nantes instituées par des arrêts antérieurs. Cette mansuétude faisait dire que le cardinal n’avait pas grand zèle pour l’Église.
Pourtant l’avancée catholique se poursuit avec la création de diocèses : en 1648 La Rochelle devient le siège d’un évêché.
Pendant la Fronde de 1648 à 1653, les protestants restent fidèles à la couronne. La déclaration royale de 1652, signée par Louis XIV lors de sa majorité, confirme solennellement l’édit de Nantes en louant les réformés « de leur affection et fidélité » pendant les troubles.
Pendant cette période de calme religieux, le protestantisme regagne du terrain : les réformés rebâtissent des temples démolis et même en construisent de nouveaux, mais en 1659 l’académie de Montauban (faculté de théologie réformée) est exilée à Puylaurens, petit village écarté du Tarn, et le collège protestant de Montauban passe entièrement aux mains des jésuites.
La réaction catholique
Devant l’avancée des protestants, l’assemblée du clergé réagit en 1655 avec un cahier de doléances demandant la révocation de la déclaration de 1652 ainsi que la destruction de temples et la limitation de l’accès aux offices.
Mazarin accepte et la déclaration royale de 1656 est plus restrictive que celle de 1652. Cependant un synode national des Églises réformées est encore autorisé à Loudun en 1659 mais ce sera le dernier.
La paix des Pyrénées signée avec l’Espagne en 1659 allait permettre de prendre des mesures beaucoup plus contraignantes contre les réformés. Ce sera l’édit à la rigueur.