Histoire
En 1804, le Concordat napoléonien rétablit l’Église réformée dans ses droits, tout en définissant des règles consistoriales très strictes, impliquant par exemple le regard de l’État sur la nomination des pasteurs. Ce renouveau est riche de projets, mais aussi en débats quant à la définition de l’identité protestante et à ses manifestations les plus significatives dans la Cité. Dans un foisonnement d’initiatives, deux tendances se dessinent plus particulièrement : l’une est libérale, affirmant son ouverture aux retombées sociales positives du progrès scientifique et technique ; l’autre est liée aux mouvements de réveil venus de Suisse et des pays anglo-saxons, très attachés à l’annonce de l’Évangile et à la priorité de l’action missionnaire, mais rétifs à toute séduction du monde qui détournerait de l’essentiel.
Au moment des révolutions libérales de 1848, le débat entre les divers courants protestants se focalise sur les rapports de l’Église protestante à l’État. Plusieurs communautés désirent s’en libérer. Une Assemblée générale du protestantisme est convoquée (1849), au cours de laquelle certaines des Églises se réclamant de la Confession de Foi de La Rochelle choisissent la liberté par rapport à l’État. Avec des Églises (du Réveil) indépendantes et certains postes d’évangélisation, elles se regroupent dans une Union des Églises évangéliques qui se déclare donc libre de tout lien avec l’État. Frédéric Monod et Agénor de Gasparin en dessinent les grandes lignes : fidélité à l’évangile, fidélité à la Réforme, maintien de la « saine doctrine », séparation concrète entre l’Église et le monde.
Les points de doctrine fondamentaux
L’union des Églises évangéliques libres affirme sa fidélité à l’esprit de la Réforme et son refus de toute compromission avec l’État. Elle souhaite se situer dans la suite de l’enseignement de l’Église primitive, tel qu’attesté dans les Conciles de Nicée, de Constantinople, d’Éphèse et de Chalcédoine. Le préambule de sa Confession de Foi affirme le caractère sacré de la Bible : « Dieu, après avoir parlé au Peuple d’Israël par ses prophètes, s’est révélé parfaitement en son fils Jésus-Christ. La Bible est l’expression infaillible de cette révélation ».
Son fondement dogmatique est l’attachement inconditionnel au maintien de la « saine doctrine », soit la doctrine qui se soumet à l’autorité souveraine de l’Écriture sainte. Mais cette soumission s’accompagne de la volonté de distinguer l’essentiel du secondaire. Une devise attribuée à l’un des fondateurs énonce ainsi son identité : « Dans les choses essentielles, fidélité ; dans les choses secondaires, liberté ; en toutes choses charité. »
Ses Églises ne prétendent pas être seules évangéliques, elles désirent l’être aussi. De plus, la foi n’étant pas qu’une doctrine, mais une relation, elles insistent donc sur la dimension personnelle de la foi comme relation avec Dieu par Jésus-Christ.
Les membres de l’UEEL se disent volontiers « libristes », aimant aujourd’hui jouer des deux significations possibles de ce mot : Ils sont libristes, car ils sont fidèles au Livre, consacrant beaucoup de temps à l’étude des textes bibliques et à leur diffusion. (Ils sont d’ailleurs des partenaires actifs de l’Alliance biblique).
Ils sont libristes, car ils sont libres par rapport au monde. S’ils prennent des positions éthiques vis-à-vis de problèmes de société, ils hésitent cependant à se mêler de politique, interdisant l’affiliation à un parti politique à leurs ministres, bien que plusieurs de leurs fondateurs aient pourtant mené une carrière politique en leur temps.
Fonctionnement
Les Églises évangéliques libres de l’UEEL sont des Églises de professants. Ses membres professent la foi (évangélique et réformée) que celles-ci confessent et, pour ce faire, prennent un engagement de conversion personnelle et de fidélité à l’essentiel. Mais les paroisses accueillent aussi des sympathisants et le font très chaleureusement.
Il y a en France, 27 Églises majeures et 23 postes d’évangélisation répartis dans les grandes et moyennes villes du territoire. Ils rassemblent près de 2300 professants et 2000 sympathisants. 44 pasteurs s’en répartissent les charges.
L’organisation de l’UEEL, locale, régionale et semi-synodale, a pour souci de fortifier la communion sur l’essentiel. Mais l’UEEL considère que, pour ce qui est d’ordre secondaire, elle s’enrichit de la diversité des situations et des expériences, qu’elle ne souhaite en aucun cas entraver.
Le Synode se réunit tous les deux ans. Il élit une Commission synodale – composée de 10 membres, dont 5 laïcs et 5 pasteurs – qui porte la responsabilité de la bonne marche de l’UEEL.
Les pasteurs sont en général formés, soit à la Faculté libre de théologie réformée d’Aix en Provence, soit à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux sur Seine. Ils sont recrutés par une Commission des Ministères, nommée par la Commission synodale, et reconnus par le Synode sur proposition de la Commission synodale.
Une formation décentralisée est proposée aux laïcs engagés dans la catéchèse ou dans le diaconat.
L’UEEL attache une grande importance aux activités missionnaires :
- mission intérieure avec l’étude communautaire de la Bible et des formes concrètes d’évangélisation, distribution de Bibles ou de commentaires bibliques ;
- missions lointaines, notamment dans le Pacifique sud et dans la République du Congo (Brazzaville).
L’UEEL a un journal mensuel « Pour la Vérité ».