Une figure phare
C’est l’une des grandes figures pastorales réformées de la famille Monod (qui en compte beaucoup).
Né à la fin du Second Empire, il exerce un Ministère pastoral, d’abord à Rouen, puis à Paris (à l’Oratoire) de type revivaliste. Mais il a surtout pris conscience des problèmes sociaux qui sont liés au développement industriel et il a été immédiatement frappé par l’influence du socialisme en milieu ouvrier, influence dont il redoute le caractère irréligieux. Selon sa formule, l’Église tend à prêcher un Messie sans messianisme, tandis que le socialisme prêche un messianisme sans Messie. Son exigence est de trouver cette voie étroite qui ne sépare plus le Messie du Messianisme, c’est-à-dire celle qui permet de renforcer l’action sociale de l’Église, d’en faire sa vocation crédible pour le temps présent. Il s’engage alors dans deux voies complémentaires que sont le mouvement du Christianisme social d’une part, le mouvement œcuménique de rassemblement des Églises d’autre part. Le Christianisme social, doté d’une revue brillante, maintenant remplacée par Autres Temps, vise à proposer un programme social que les Églises protestantes devraient s’efforcer de réaliser.
Pour ce faire, elles doivent au moins paraître agir ensemble dans le monde de plus en plus laïc. La réalisation la plus visible en a été la création de la Fédération Protestante de France en 1905. Mais la Fédération ne regroupe à ses débuts que peu d’Églises. C’est pourquoi Wilfred Monod s’est engagé activement dans le mouvement de rassemblement des Églises protestantes qu’avait créé en 1908 l’évêque Suédois luthérien Nathan Söderblom sous le nom de Christianisme pratique, lequel tentait d’oublier les querelles théologiques pour se concentrer sur la question sociale.
Dans ce contexte, Wilfred Monod s’est aussi efforcé de construire concrètement, localement, le souci œcuménique. C’est la mise en œuvre de la Communauté des Veilleurs en 1923 dont la liturgie a pour fondement les Béatitudes et s’inspire des liturgies de différentes confessions.
Parce qu’il ne faisait pas de la rigueur de la problématique théologique sa préoccupation première, Wilfred fut écarté de la Faculté de Théologie de Paris en 1929, ce qu’il ressentit très douloureusement.