Willem Visser’t Hooft est né en 1900 à Haarlem (Pays Bas), dans une famille de juristes attachée au protestantisme remonstrant. Cette communauté, à laquelle Rembrandt a appartenu s’est développée surtout aux Pays-Bas après un débat mémorable sur le sens de la prédestination (1610). Elle refuse toute lecture fondamentaliste ou déterministe de la Bible.
Après une scolarité classique, il s’engage dans des études de droit qu’il abandonne au profit de la théologie. Il prend des responsabilités au sein des Unions chrétiennes de jeunes gens (UCJG) et dans la branche étudiante de celle-ci, la Fédération universelle des associations chrétiennes d’étudiants (FUACE). A ce titre, il participe aux rencontres internationales nées des résolutions de la Conférence d’Édimbourg (1910) : en 1921, la Conférence internationale des missions (CIM) ; en 1925, la Conférence de Stockholm pour le Christianisme social ; en 1927, la Conférence de Lausanne, Foi et constitution. Celle-ci traite plus précisément de problèmes théologiques et dogmatiques. Les unes et les autres élaborent les thèmes qui fondent les missions de l’Église dans un monde en changement rapide et, depuis le premier conflit mondial, très instable. Il se trouve souvent en contact avec John Mott, Ruth Rouse, Joseph H. Oldham, William Temple, Pierre Maury, etc… Il découvre les écrits de Karl Barth et leurs exigences théologiques et les fait découvrir à beaucoup d’autres..
En 1924 il est nommé secrétaire général des UCJG et il est consacré pasteur. Cette même année, il épouse Henriette Boddaert (1899-1968). Le couple s’installe à Genève et ne cessera d’y résider par la suite.
Henriette Boddaert et Willem Wisser’t Hooft ont eu trois enfants.
Artisan du Conseil œcuménique provisoire des Églises
En 1932, Willem Visser’t Hooft quitte les responsabilités qu’il exerce au sein des UCJG pour devenir secrétaire général de la FUACE. Il est confronté, comme tous ceux qui sont engagés dans les instances œcuméniques, à un contexte d’action difficile : les conséquences sociales de la crise économique de 1929 se font durement sentir dans le monde du travail ; la montée du nazisme en Allemagne se précise. En 1938, à Utrecht, des protestants ainsi que des membres d’Églises orthodoxes se rassemblent. Les représentants des mouvements Foi et Constitution et Christianisme social élaborent une constitution provisoire du Conseil œcuménique des Églises, l’organisme en formation qui désormais doit les associer dans une structure commune. Willem Visser’t Hooft est désigné pour en être le secrétaire général. Peu après la guerre éclate et l’urgence immédiate est de fournir un accueil et une aide à tous ceux qui doivent fuir l’Allemagne. C’est ce qu’il entreprend avec une équipe d’hommes et de femmes dont beaucoup sont des laïcs. Ensemble, ils apportent aussi, par divers moyens et circuits, un soutien aux forces de résistance qui se développent au sein de l’Église confessante en Allemagne et dans les pays occupés par les nazis : en France, il encourage et participe à la rédaction des Thèses de Pomeyrol. Ils réfléchissent aux missions et aux initiatives que le COE devra prendre en charge après le rétablissement de la paix.
Secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises
Après la guerre, il faut donner au COE les structures durables et efficaces qui permettent de donner vie à une volonté d’association fraternelle entre Églises protestantes et anglicanes ; des structures capables de s’ouvrir à d’autres Églises, en particulier orthodoxes. Willem Visser’t Hooft, avec divers responsables théologiens et laïcs, s’y attache. L’Église catholique romaine refuse, quant à elle, toute association, considérant qu’elle est le seul lieu de l’unité visible.
A l’issue de l’Assemblée constituante qui se tient à Amsterdam en 1948, Willem Visser’t Hooft est élu secrétaire général. S’engagent alors des réflexions et des travaux dans une espérance évangélique partagée, celle de rendre la terre plus habitable (œcuméne ). Les interventions concrètes se portent sur des situations de déséquilibre qui engendrent l’injustice, la violence, le racisme, notamment celles qui sont associées à la décolonisation. Des actions sont engagées dans le domaine de l’éducation.
Pour mettre en œuvre efficacement ces programmes, pour leur trouver des relais utiles, Willem Visser’t Hooft multiplie les rencontres et les actions diplomatiques. Un département des affaires internationales est mis en place. Des relations avec d’autres organismes internationaux, l’ONU en particulier, se développent. Et surtout, en ce temps de guerre froide, Willem Visser’t Hooft maintient des relations avec les Églises de l’Est sur des bases d’écoute réciproque.
Au moment du Concile Vatican II (1961), Willem Visser’t Hooft construit des relations de confiance avec le cardinal Bea (1881-1968) et avec son compatriote, le cardinal Willebrands (1909-2006), tous deux responsables du Secrétariat pour l’Unité des chrétiens que Jean XXIII vient de créer.
Lorsqu’il quitte ses fonctions en 1966, le nombre des Églises membres du COE est passé de 147 à 197. De multiples chantiers ont été ouverts, en particulier celui des relations entre Églises et sociétés qui a donné lieu au rapport éponyme.
Président d’honneur du COE
Willem Visser’t Hooft est élu Président d’honneur du COE en 1966, en reconnaissance de son engagement remarquable dans le mouvement œcuménique. Il reste présent aux travaux et assemblées générales de l’organisation jusqu’à sa mort, en 1985.