Au service de l'Église
Antoine Court de Gébelin est le fils du pasteur Antoine Court (1690-1760). Le nom de Gébelin, qui lui vient de sa grand-mère paternelle, le distingue de son père.
Sa date de naissance suscite une controverse. Certaines sources, se basant sur la correspondance de son père, indiquent qu’il serait né à Nîmes en 1728, mais d’autres mentionnent sa naissance à Genève en février 1724, où il aurait été enregistré par prudence sous le nom de Antoine Corteiz.
Il se destine à la carrière pastorale, entre à l’académie de Lausanne ; il y soutient sa thèse de théologie en 1754 : De prophetiis.
Jusqu’en 1763, il enseigne la philosophie, la morale et la controverse au séminaire de Lausanne que son père a fondé pour la formation des pasteurs français.
Il collabore avec son père au maintien des relations avec les Églises réformées de France, tant en entretenant avec elles une correspondance abondante qu’en se rendant lui-même en France.
Après la mort de son père en 1760, Court de Gébelin se fixe à Paris en 1763 et renonce à la théologie au profit de la littérature. Mais il continue à se mettre au service des Églises qui l’élisent comme député ou « correspondant » des Églises de France auprès des puissances protestantes.
La défense de la cause de trois protestants
Dans son ouvrage Les Toulousaines, paru en 1763, Court de Gébelin intervient dans trois affaires concernant des protestants, toutes jugées à Toulouse :
– en faveur de Jean Calas, exécuté en 1762, accusé d’avoir tué son fils, retrouvé pendu,
– en faveur de Pierre-Paul Sirven, réfugié en Suisse, accusé d’avoir tué sa fille, retrouvée morte au fond d’un puits,
– en mémoire du pasteur François Rochette, l’un de ses anciens élèves à Lausanne, condamné pour hérésie et exécuté à Toulouse en 1762.
Cet ouvrage comprend une enquête sur l’histoire de l’inquisition à Toulouse et revendique la tolérance civile.
Court de Gébelin, homme de lettres et de sciences
Court de Gébelin, installé à Paris, se livre à l’étude de l’histoire des religions et des langues anciennes.
Il fonde une société libre de sciences, lettres et beaux-arts qu’on appelle le Musée de Paris et dont il est nommé président.
Court de Gébelin adhère, peu après 1776, à la franc-maçonnerie : il est membre de la loge des Neuf sœurs.
Son œuvre littéraire est abondante, tout à la fois érudite et engagée.
Citons :
- Les Toulousaines ou lettres historiques et apologétiques en faveur de la religion réformée et de divers protestants condamnés dans ces derniers temps par le parlement de Toulouse, 1763. Il s’agit d’un mémoire sur les affaires Calas et Sirven ;
- Le Monde primitif analysé et comparé avec le monde moderne, 11 volumes, Paris, 1773-1782, qui lui valut d’être nommé par le gouvernement « censeur royal », en dépit de sa religion ;
- Devoirs du prince et du citoyen, publié longtemps après sa mort à Paris, en 1789.
Il meurt à Paris en 1784.