Un haut dignitaire, franc-maçon et mécène
La famille des Jaucourt descend par les femmes de Duplessis-Mornay. Ses membres n’ayant pas tous émigré, ceux qui sont restés se sont convertis au catholicisme, tout en gardant une fidélité intérieure à la Réforme. Le chevalier de Jaucourt (1704-1780), grand-oncle de François, fut avec Diderot le principal rédacteur des derniers volumes de l’Encyclopédie.
François-Arnail, né avant l’édit de tolérance, fut baptisé catholique. À la Révolution il était colonel des dragons de Condé. Député à l’Assemblée (« feuillant »), il fut l’un des défenseurs du roi. Emprisonné après le 10 août 1792, il put s’évader en Suisse grâce aux Staël. Rentré après le 18 brumaire, il devint membre du Tribunat, où il intervint en faveur du Concordat (ayant retrouvé son identité protestante). Sous l’Empire, il est sénateur, puis après avoir accompagné le roi Joseph à Naples, comte. En 1814 il vote la déchéance de Napoléon, et il est nommé membre du gouvernement provisoire. Resté fidèle à Louis XVIII pendant les Cent Jours, il est, sous la Restauration, quelques mois ministre de la Marine, et joue un rôle pacificateur pendant la Terreur Blanche. Sous Charles X, il est l’un des sept protestants Pairs de France.
Bien que peu pratiquant à l’époque, dès 1803, il est membre du Consistoire de Paris. Par la suite il devint le président de la Société biblique protestante de Paris (dès la fondation de celle-ci en 1818) et celui de la Société pour l’encouragement de l’instruction primaire parmi les protestants de France créée en 1829. Il faut noter qu’il était aussi franc maçon, membre du comité directeur du Grand-Orient. « Il avait, écrit Pédézert, toutes les élégances et les souplesses d’un homme d’État, et dut à ses ancêtres de sortir croyant d’un monde incrédule ».